Retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le Climat : Didace Pembe dénonce une décision dictée par l’argent

Mardi 6 Juin 2017 - 15:47

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Abordé, le 4 juin 2017, pour réagir sur ce retrait décidé par le président américain Donald Trump, le président de l’Alliance des écologistes congolais, les Verts, pense que cette décision n’est pas réfléchie et ait été prise sur base des intérêts pécuniaires égoïstes, et ne tient pas compte de l’avenir de la planète.

Honorable Didace Pembe Bokiaga, les USA se sont retirés de l’Accord de Paris sur le climat. Il y a eu une levée des boucliers à travers le monde et d’aucuns sont allés même jusqu’à dire que le président Trump a jeté du feu sur la planète. Vous, en tant que le premier des Verts congolais, Comment réagissez-vous face à ce retrait ?

Didace Pembe Bokiaga : J’ai un sentiment de regret, de désolation qu’une aussi haute autorité de la planète puisse prendre une décision qui va à l’encontre des intérêts de la planète où nous vivons tous, exposant ainsi l’humanité à un danger certain. N’oubliez pas que les USA sont le deuxième si pas le premier pollueur dans le monde en ce qui concerne la production du gaz carbonique et de la fumée carbone. Je pensais qu’une décision plus responsable et plus humanitaire allait être prise mais, malheureusement, le président Trump se montre comme un président qui n’agit qu’au gré des intérêts pécuniaires. Donc tout ce qui touche aux intérêts de l’argent, il y va sans tenir compte des conséquences éventuelles que cela pourrait représenter pour le commun de mortels. Je note également que cette décision a été prise d’une manière hâtive car, trois Etats dont la Floride, la Californie et Washington se sont désolidarisés de sa décision. La décision de Trump ne reflète pas le point de vue de tous les Américains. Ce n’est qu’un groupe d’hommes d’affaires qui veulent coûte que coûte agir dans le sens de l’intérêt de l’argent et du bénéfice, en sacrifiant les générations futures.

Et donc, j’invite le président des USA à revenir au bon sentiment car sa décision est, c’est vrai, dictée par les intérêts qu’il se représente mais oublie l’intérêt commun, que nous avons, qui est celui de préserver notre planète. En attendant, je salue le fait que des pays pollueurs, comme l’Inde, aient décidé d’aller même au-delà de Cop21 de Paris en s’engageant à pouvoir muter leurs technologies vers une technologie propre pour que nos arrière-petits enfants puissent trouver une planète habitable. J’aimerai aussi que tous les Américains puissent battre les pavées pour que le président Trump puisse revenir aux bons sentiments.

Pensez-vous qu’avec ce retrait, le consensus mondial est rompu ?

DPB : N’oubliez pas que les USA sont d’abord première puissance mondiale, économique, militaire, etc. Sans eux dans cet accord, ils vont continuer à polluer plus que ceux là qui sont restés et par conséquent, les autres seront contraints de faire le travail à leur place. Je trouve que ce n’est pas bon ni juste. C’est comme si aujourd’hui, nous qui sommes du Bassin du Congo, le deuxième poumon mondial, nous nous décidons à décimer et à couper les arbres, sans nous préoccuper du lendemain, pour la génération de l’oxygène. Ce comportement posera un problème crucial à l’humanité et à la planète tout entière. Voila pourquoi, lorsque les USA se retirent, cela veut dire que les autres vont continuer à fournir des efforts mais, cela serait quelque peu comme s’ils tapaient un coup d’épée dans l’eau. Avec les Etats-Unis, nous irions plus rapidement mais sans eux, nous allons ralentir conséquemment.

Avec ce retrait, que peut-être, selon vous, l’avenir de l’Accord de Paris sur le climat et de la planète ?

DPB : Les autres doivent, j’insiste, doivent s’impliquer pour que cet accord soit respecté sinon, nous allons vers la perdition de cette planète. Je me demande d’ailleurs si le président Trump pouvait arriver au terme de son mandat sans avoir des embûches. Je crains fort qu’il ait un avenir qui ne soit très serein.

Ce retrait pourrait engendrer un découragement des autres signataires des accords de la Cop21 alors que les USA s’étaient déjà engagés à respecter les accords et surtout à les signer. Et, c’est ce que le président Obama avait fait en son temps.

Avez-vous un message particulier à lancer aux Américains, aux autres pays signataires de cet accord et, surtout, au Congo-Brazzaville et à la RDC, qui abritent le deuxième poumon mondial ?

DPB : Aux Américains, je dis de pouvoir ramener le président Trump aux bons sentiments. Aux pays signataires de cet accord de Paris, je leur demande de ne pas se fatiguer. C’est vrai que Donald Trump voudrait un nouvel accord mais, il oublie qu’à Paris, il y a eu unanimité. J’en appelle donc aux experts américains, qui maîtrisent le domaine du réchauffement climatique, et les autres experts mondiaux de trouver les voies et moyens pour limiter les dégâts. Et aussi, ne pas rompre le dialogue avec les USA.

Au Congo-Brazza et au Congo-Kinshasa, je leur demande de ne pas baisser les bras. Jusque là, c’est vrai que ces deux pays contribuent immensément à la régulation, à l’équilibre climatique mais, il n’y a pas de compensation conséquente. J’invite ces deux Etats à avoir une politique plus soudée pour les intérêts du Bassin du Congo et pour les intérêts liés à la compensation du Bassin du Congo, qui contribue à l’équilibre climatique mais, n’est pas payé à juste titre. Ces deux pays sont également invités à marier la cause du Bassin du Congo à celle du Bassin de l’Amazonie ainsi que l’Indonésie, qui est le troisième poumon ou dont les forêts renferment également une biodiversité facilitant la génération de l’oxygène d’une manière conséquente. Ces trois blocs : l’Afrique, avec le Bassin du Congo, l’Amérique, avec le Bassin de l’Amazonie, et l’Asie, avec les forêts de l’Indonésie, puissent mener une politique commune de conservation et de compensation. Parce que les autres sont en avance et reçoivent déjà beaucoup de millions, comme compensation, alors que le Bassin du Congo ne reçoit presque rien. J’en appelle donc à une synergie de ces trois blocs pour que notre cause soit entendue en matière de compensation.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

Photo: Honorable Didade Pembe Bokiaga.

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