Parution : «Plaidoyer pour la vie», le nouveau livre de Denis Mukwege

Lundi 31 Octobre 2016 - 15:48

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Le gynécologue congolais Denis Mukwege vient de publier son Plaidoyer pour la vie aux éditions de l'Archipel. Un ouvrage écrit pour « dire ce (qu'il) pense » et raconter ce pays où « personne ne se souciait des femmes ».

Le célèbre chirurgien, fondateur de l’hôpital de Panzi à Bukavu, a signé un livre en faveur des femmes congolaises, dénonçant l’indifférence de la société. Un condensé de ses souvenirs, les plus joyeux comme les plus durs, souvent marqués par les conflits armés qui ont rythmé son quotidien.

Dans un entretien accordé à l’AFP, l’infatigable porte-parole des victimes de violences sexuelles, surnommé « l’homme qui répare les femmes », « dans les zones de conflit, les batailles se passent sur les corps des femmes », poursuit cet homme à la voix douce et la carrure imposante. « Lorsque la guerre se déclenche, il n'y a pas de loi, il n'y a pas de foi. Ceux qui souffrent sont les enfants et les femmes. » Puis de plaider : « Nous avons pu tracer la ligne rouge contre l'arme chimique, l'arme biologique, l'arme nucléaire. Aujourd'hui, nous devons aussi mettre une ligne rouge contre le viol comme arme de guerre »

Agé de 61 ans, ce médecin-pasteur qui ne dort « pas beaucoup » a compilé ses souvenirs, les plus joyeux comme les plus durs, souvent marqués par les conflits armés qui ont rythmé son quotidien. Fils d'un pasteur pentecôtiste, Denis Mukwege trouve sa vocation à huit ans alors qu'il accompagne son père au chevet d'un petit garçon mourant. « Je serai un muganga », le nom donné aux « blouses blanches », décrète-t-il. « Aujourd'hui, dit-il, je soigne les victimes de violences sexuelles, cette idée ne m'était jamais venue à l'esprit avant que je traite le premier cas », poursuit cet homme marié, père de cinq enfants, qui a opéré des milliers de femmes. 

Panzi, l’hôpital de la deuxième chance

À ses débuts, l'hôpital accueillait dix femmes par jour mais avec « la diminution des zones de conflit, cela baisse. Cette année on est entre six et sept », précise-t-il. Pas de quoi crier victoire. Ce qui l'inquiète désormais c'est le nombre croissant de fillettes de moins de cinq ans prises en charge. « Les victimes ne viennent plus forcément des zones de conflit, aussi de lieux considérés comme plus paisibles », ajoute-t-il, assurant que le viol « a métastasé » la société comme un cancer. «C'est la conséquence de l'indifférence générale. Si on met nos forces en commun, une ligne rouge conduira à la prévention », plaide-t-il, évoquant la situation des femmes syriennes « violées dans les prisons » ou des « yézidies vendues comme des petits pains » sur internet. 

Ces dernières années, Denis Mukwege a multiplié les discours devant les instances internationales et a reçu de nombreux prix, dont le Sakharov en 2014. Il a été cité pour le Nobel de la paix. Classé parmi les personnalités les plus influentes en 2016 par le magazine Time, le Dr Mukwege exclut toute entrée en politique. « Ce n'est pas un combat pour la conquête du pouvoir. C'est un combat pour la conquête de la liberté, de la justice », déclare-t-il.

 

Dona Elikia

Légendes et crédits photo : 

Denis Mukwege publie "Plaidoyer pour la vie, l'autobiographie de l'homme qui répare les femmes"

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