Dialogue : démarrage sur fond de contestationJeudi 1 Septembre 2016 - 14:41 C’est en principe ce 1er septembre que s’ouvre à Kinshasa le ialogue politique tant attendu. C’est avec optimisme que le facilitateur entrevoit la suite du processus espérant que le dialogue récoltera autant de succès que les travaux du comité préparatoire qui, à ses yeux, aura mobilisé un échantillon représentatif des forces vives du pays. En tout cas, pour Edem Kodjo, le décor est déjà planté pour démarrer effectivement les travaux quand bien même une partie de l’opposition en sera absente. En effet, les dernières tentatives pour ramener le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, la coalition des partis politiques cristallisés autour du tandem Tshisekedi-Katumbi, n’ont hélas pas produit d’effet. Cette plate-forme continue de réclamer le respect de certains préalables avant de participer au dialogue et de récuser le facilitateur tout en réaffirmant l’intangiblilité de la Constitution en ce qui concerne le respect du délai mandat présidentiel. Les autres exigences portent notamment sur la « libération de tous les prisonniers politiques et d’opinion » et la réouverture des médias privés fermés. Ces revendications du Rassemblement, la majorité estime les avoir déjà vidées à travers les mesures de décrispation prises récemment par le pouvoir. L’UDPS, le G7 et autres partis politiques affiliés ont finalement résolus d’évoluer en marge du dialogue et entendent exprimer leur désapprobation via une série d’actions pacifiques de rue. Une stratégie qui, visiblement, ne semble pas émouvoir le facilitateur plus que jamais déterminé à composer avec ceux qui sont disponibles. « Si l’UDPS ne veut absolument rien entendre et que les choses doivent demeurer en l’état, nous irons au dialogue avec les volontaires, avec ceux qui sont là et qui sont de plus en plus nombreux d’ailleurs », a martelé Edem Kodjo. Qu’en est-il de l’inclusivité ? Ce qui tend à remettre en cause la portée même de l’inclusivité du dialogue dès lors qu’une frange importante des forces politiques et sociales du pays ne sera pas représentée à ces assises. Entre-temps, l’on continue à s’interroger sur les critères de sélection des participants à ce forum dont beaucoup y sont à titre individuel, sans mandat de leurs partis politiques et associations respectifs. Autant les regroupements politiques anti-dialogue ont renié leurs membres ayant participé à la réunion préparatoire jusqu’à les radier pour traitrise, autant la société civile, la « vraie », dit ne pas se reconnaître en ses délégués choisis sur des bases subjectives. C’est donc sur fond de ces contestations que s’ouvre ce jeudi le dialogue avec, en arrière-fond, l’inégalité de quota réservé aux composantes. De quoi finalement s’interroger sur la capacité de ces assises à baliser le chemin des élections apaisées, à sceller la cohésion des âmes autour d’un idéal commun et à encourager, dans un élan patriotique collectif, les conditions d’une véritable réconciliation nationale autour des valeurs républicaines. L’autre difficulté est relative au contenu même du dialogue. De quoi va-t-on finalement débattre ? Faudra-t-il discuter de l’alternance politique ou privilégier plutôt l’organisation des élections qui pourrait déboucher sur l’alternance ? Le débat laissé en suspens lors des travaux préparatoires va certainement s’inviter au dialogue proprement dit laissant présager un difficile consensus quant à ce. En tout état de cause, c’est un saut vers l‘inconnu que les deux cents délégués vont faire sans forcément avoir la maîtrise de l’enjeu.
Alain Diasso Notification:Non |