Interview. Chantal de Grandpré : « En 2015, cinq ou six chercheurs sont venus consultés le fonds Sony Labou Tansi »

Samedi 6 Août 2016 - 9:35

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Située Place Aimé Césaire, la Bibliothèque francophone multimédia (BFM) de Limoges, sud-ouest de la France, gère les fonds de nombreux auteurs francophones, parmi lesquels le congolais Sony Labou Tansi, l’auteur de La vie et demie, l’Anté-peuple ou l’Etat honteux, entre autres. Chantal de Grandpré est responsable du pôle littéraire francophone de la BFM de Limoges.

Les Dépêches de Brazzaville(LDB) : Comment la Bibliothèque francophone multimédia (BFM) de Limoges s’est procuré l’ensemble de l’œuvre de l’auteur congolais Sony Labou Tansi composée de manuscrits, tapuscrits, correspondances, photographies ?

Chantal de Grandpré (CDG) : La bibliothèque dispose des documents qui viennent de Brazzaville. Certains avaient été rapportés par le chercheur Nicolas Martin-Granel et étaient déposés à l'Institut des textes et des manuscrits modernes (CNRS) à Paris. Les autres documents, restés sur place, ont été apportés par la famille de Sony Labou Tansi, soucieuse de les voir conservés dans de bonnes conditions et mis à la disposition du public.

L.D.B : Comment avez- vous reconstitué cette riche documentation ?

C.D.G. : En plus des documents récupérés auprès de l'ITEM-CNRS et de ceux apportés par la famille, des personnes ayant connu Sony nous ont aussi fait don spontanément des documents dont ils disposaient. Parmi ceux-ci Bernard Banos-Roblès, Bernard Magnier et surtout Monique Blin, qui a œuvré pour que l'ensemble du fonds migre à Limoges et qui fut la première à nous remettre des manuscrits qu'elle possédait, sa correspondance avec Sony et des photos. Monique Blin était directrice du Festival des Francophonies de Limoges lorsqu'elle a été en contact avec Sony dont plusieurs pièces ont été montées dans le cadre de ce festival.

L.D.B. : Quelles sont les œuvres de Sony Labou Tansi les plus sollicitées ?

C.D.G. : Difficile à dire. Le fonds a été catalogué et mis en ligne par les agents du pôle francophone de la bibliothèque très rapidement, dans le courant de l'année qui a suivi son dépôt. Il est certainement consulté en ligne. Une dizaine de chercheurs sont venus consulter le fonds dans son ensemble à la bibliothèque. Nous inaugurons aussi un partenariat avec l'ITEM-CNRS afin que les textes de Sony fassent l'objet d'éditions critiques en ligne. Les chercheurs du CNRS commenceront avec le corpus de poésie.

L.D.B. : Pouvons-nous avoir une estimation du nombre de chercheurs par année travaillant sur Sony qui viennent se ressourcer à la BFM ?

C.D.G. : Au moins cinq ou six en 2015…

L.D.B. : Quelles sont les différentes actions menées ou en cours autour des fonds Sony Labou Tansi pour sa valorisation ?

C.D.G. :Outre la numérisation des documents, leur mise en ligne et bientôt la mise en ligne d'éditions critiques, nous avons organisé à la BFM mais aussi à Brazzaville une exposition, dont le commissaire était Bernard Magnier, sur l'œuvre de Sony. Comme vous le savez aussi peut-être, une rue de Limoges porte le nom de Sony.

L.D.B. : De quelle manière s’organise l’accès à l’œuvre de Sony, en dépôt à la bibliothèque ?

C.D.G. : L'accès se fait via le site de la bibliothèque. L'accès aux manuscrits se fait via les agents du pôle. Afin que les chercheurs puissent bénéficier du bureau qui est alors mis à leur disposition, il est préférable de prendre rendez-vous. Cela dit, quoique la bibliothèque soit fermée le matin, ces chercheurs peuvent être accueillis le matin.

L.D.B. : L’accessibilité aux fonds Sony est conditionnée à l’autorisation des ayant-droits. Qui sont-ils ? Cette démarche n’alourdit-elle pas l’accès au public ?

C.D.G. : Il n'y a pas d'autorisation pour consulter les manuscrits. Il y en a à obtenir pour reproduire et/ou citer des textes inédits. Cette autorisation est automatiquement demandée à Andréa Sony, la fille et l'ayant droit de Sony qui représente l'ensemble de la famille et avec qui nous avons signé la Convention de dépôt. Comme toutes les correspondances, celle de Sony est soumise aux mêmes règles : une autorisation de consultation demandée aux ayants droit et une autre si jamais tout ou une partie devait être reproduit. Nous avons l'habitude puisque nous gérons depuis plusieurs années déjà les correspondances des écrivains Emmanuel Roblès et René Depestre. Il faut en général compter une quinzaine de jours pour obtenir ces autorisations et, à ce jour, nous n'avons essuyé qu'un seul refus.

 

propos recueillis par Roll Mbemba

Légendes et crédits photo : 

Chantal de Grandpré

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