Téléphonie mobile : la RDC entend consolider les groupes et ouvrir le marchéJeudi 23 Juin 2016 - 20:30 Le 22 juin 2016, le groupe Orange conjointement avec sa filiale de Côte d’Ivoire a finalisé l’acquisition de 100 % d’Airtel au Burkina Faso. C’est le deuxième opérateur du pays, avec 4,6 millions de clients. Ce rachat confirme la stratégie offensive du groupe français en Afrique, si l’on ajoute bien entendu les dernières acquisitions comme celle de Tigo RDC en avril dernier. Orange étend désormais son influence sur vingt pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Actuellement, un africain sur dix est déjà client d’Orange. À Kinshasa, le contrôle d’Airtel Burkina par Orange suscite des commentaires. Pour certains analystes, la stratégie de consolidation des groupes risque de mettre à mal les acquis dans le secteur de la téléphonie mobile en Afrique. Si le rachat en 2011 du quatrième opérateur mobile (Congo Chine Télécom) a conduit à l’implantation d’Orange en RDC, c’est le rachat de Tigo (troisième opérateur mobile) cinq ans plus tard qui traduit clairement une volonté de consolider sa position. La RDC représente actuellement le deuxième pays du groupe Orange en termes de clients. Elle est le plus grand marché mobile d'Afrique Centrale et d'Afrique de l'Ouest (après le Nigéria) avec plus de 80 millions d'habitants et un taux de pénétration mobile relativement faible de 50 % dela population, contre 17 % en 2011. Actuellement, Orange développe sa stratégie de consolidation dans les pays à forte croissance de la région. Changer d’approche Une telle démarche comporterait-elle des risques ? Pour le gouvernement, l’autorité de régulation continuera à veiller toujours à une concurrence loyale. Dans le cas de l’acquisition de Tigo par Orange, il y a eu un avis de non objection du gouvernement par rapport à cette transaction. Une preuve que l'exécutif suit l'évolution du secteur. Comme le rappelle Thomas Luhaka, Vice Premier ministre et ministre en charge des Télécoms, l’ouverture du marché vise à réduire la pauvreté et l’ignorance. Grâce à elle, l'on est en mesure d'amener les télécommunications et les NTIC partout dans le pays. « Mais il y a eu un constat. Une trop forte concurrence peut freiner la croissance des NTIC. Ce n’est pas pour rien que des pays comme la France et la Grande-Bretagne n’ont que trois opérateurs de téléphonie ». La RDC semble attachée à une concurrence mieux contrôlée. « Nous voulons encourager la consolidation des opérateurs. L’idéal pour nous serait d’arriver à trois grands groupes ». Avec un nombre aussi faible d’opérateurs, il est plus facile d’encourager leur implantation sur l’étendue du territoire national. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Comme le déplore Thomas Luhaka, le déploiement actuel ne s’effectue que dans les grands centres urbains du pays. Or selon lui, la consolidation des opérateurs à travers la réduction de leur nombre conduit aussi à une réduction des coûts de communication, du fait de la suppression des frais liés à l’interconnexion. Mais cette réflexion est loin de faire l'unanimité. La tendance dans le pays et même en Afrique est à la baisse des coûts de communication, rappelle un expert. C’est l’un des acquis aujourd’hui menacé pour des intérêts égoïstes. « Traditionnellement, le groupe français France télécom (Orange) est réputé pour ses coûts de communication très élevés. Et cela risque davantage de le desservir dans le contexte de la RDC ». Selon lui, aucun élément ne permet à ce stade de prédire qu’Orange, face à moins de concurrents sur le marché de la téléphonie mobile en RDC, va s’adapter réellement au pouvoir d’achat des Congolais. Mais comment créer l’émulation autrement que par la concurrence ? C’est l’angle d’attaque choisi par Target, une agence spécialisée dans les études de marché, dans une étude réalisée sur le marché congolais de la téléphonie mobile. Pour lui, la question du déploiement englobe également la problématique des ressources financières, matérielles et humaines à mobiliser. Pour faire face aux sociétés bien établies comme Airtel ou Vodacom, le nouvel opérateur doit affronter les coûts de déploiement et d’exploitation du reste très élevés à cause, notamment, du délabrement des infrastructures routières et de l’utilisation des générateurs pour alimenter en courant électrique des antennes/pylônes. Malgré tout, Target pense qu’il y a bien de la place pour d’autres opérateurs. Selon lui, le vrai défi n’est pas simplement de gagner des abonnés mais il faut arriver également à améliorer la qualité des services. Seule la société qui n’est pas arrivée à fidéliser ses clients et à créer avec eux des relations émotionnelles peut être inquiète de l’arrivée des nouveaux opérateurs qui recourent à un marketing très agressif. Il leur faudra donc beaucoup d’ingéniosité, d’imagination et d’innovation pour arriver à accrocher la clientèle. En définitive, soutient-il, l’opérateur doit simplement maîtriser le contexte local et adapter son offre pour réussir au Congo. Laurent Essolomwa Notification:Non |