Zone Franc : les 15 pays membres sont-ils prêts à abandonner le franc CFA ?Samedi 9 Avril 2016 - 14:16 Le sujet relatif à l’avenir de la monnaie a été au cœur des discussions à l’issue d’une réunion ministérielle des 14 Etats africains utilisant le franc CFA et la France, qui s’est tenue le samedi 9 avril à Yaoundé. Même si les décideurs africains réunis à Yaoundé ont inscrit à l’ordre du jour de la rencontre « l'impact de la chute du cours des matières premières sur les pays de la zone et l’intégration commerciale », ils ne peuvent s’en passer de l’avenir du franc CFA. L’abandon du franc CFA est à nouveau sur toutes les lèvres depuis l’an dernier, lorsque le président tchadien Idriss Déby a appelé les pays de la zone franc à se doter de leur propre monnaie. « Les partisans (de la monnaie) disaient que le franc CFA pourrait favoriser le développement et l'intégration de nos pays. Or rien de tel ne s'est produit depuis 50 ans », estime le directeur du Forum africain des alternatives, Demba Moussa Dembélé. Comme de nombreux économistes africains, ce dernier appelle de ses vœux la création, à l'horizon 2020, d'une monnaie unique pour remplacer le « CFA », avec la fin de la parité fixe avec l'euro. En effet, les quatre monnaies émises aujourd’hui au sein de cette zone, seul l’euro a un cours dans l’ensemble des sous -zones. Le franc CFA émis par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest («XOF»), le franc CFA émis par la Banque des États de l’Afrique centrale (« XAF ») et le franc comorien émis par la Banque centrale des Comores (« KMF ») doivent être compensées en euro au-delà de leurs zones respectives. Les mécanismes de coopération monétaire qui s’effectuaient sur la base d’une rétention de 100% du produit des exportations africaines dans les livres de la Banque de France, avant de passer à 65 puis 55% sont dénoncés par de nombreux économistes. Un expert africain a retenu, à ce sujet, quatre importantes préoccupations : 1- La garantie de convertibilité illimitée du Trésor français est-elle encore nécessaire ? 2- les réserves accumulées par les banques centrales africaines ne peuvent-elles pas satisfaire à cette convertibilité ? 3-Le couple stable Franc-CFA euro ne cache-t-il pas un surcoût au vu des fluctuations entre le Franc CFA et le dollar, monnaie de facturation des exportations de matières premières et du pétrole? 4-Quel est le coût de la dépréciation du FCFA par rapport au dollar dans les exportations de la Zone CFA? Construite sur les liens historiques entre la France et ses ex-colonies, la coopération monétaire de la zone franc est régie par quatre principes fondamentaux : la garantie de convertibilité illimitée apportée par le Trésor français, la fixité des parités, la libre transférabilité et la centralisation des réserves de change. En contrepartie de la garantie du Trésor français, les trois banques centrales sont tenues de déposer une partie de leurs réserves de change sur un compte dit « d'opérations », ouvert dans les livres du Trésor français. Pourtant, ce lien fort avec le franc français puis avec l'euro est considéré par certains dirigeants africains comme un gage de stabilité. « Le franc CFA est une monnaie d'intégration, ce qui est très important pour développer des grands marchés intérieurs », avait estimé en décembre dernier l’ex-Premier ministre béninois, Lionel Zinsou. Un avis très vite écarté par le Doyen honoraire de la Faculté des sciences économiques de l’Université Marien-Ngouabi, Noël Magloire Ndoba, quand il évoque la « guerre des monnaies ». « Aujourd'hui, le yuan chinois se répand. Cela modifie la donne », a dit l’économiste congolais. A l’issue de la dernière rencontre tenue l’an passé à Paris, la France montrée ouverte à toutes les discussions sur l’avenir du franc CFA. « Tous les pays membres de cette zone monétaire sont libres et indépendants », avait déclaré le ministre français des Finances, Michel Sapin. Fiacre Kombo Notification:Non |