Environnement : un plaidoyer pour la protection des grands singes et des gorilles de GrauerLundi 4 Avril 2016 - 19:00 L'action s’est fondée sur une étude réalisée par Wildlife Conservation Society (WCS) et Fauna & Flora international (FFI), en collaboration avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), qui a documenté un déclin alarmant de la population d’une sous-espèce de gorilles endémique à l’est de la RDC pendant vingt ans d’instabilité civile dans le pays, causée par une combinaison de facteurs dont la chasse illégale, l’instabilité civile et la perte d’habitat due à l’exploitation minière. Une journée d’information et de sensibilisation sur le statut des gorilles de Grauer et des chimpanzés de l’est de la RDC a été tenue, le 4 avril 2016 à Béatrice Hôtel, à Gombe. Cette activité organisée par le ministère de l’Environnement, Conservation de la nature et Développement durable, en collaboration avec Wildlife Conservation Society (WCS) visait, selon le directeur national de la WCS-RDC, Richard Tshombe Key, à présenter les résultats des inventaires des grands singes et des gorilles de Grauer en particulier, à développer une feuille de route pour assurer la protection des gorilles de Grauer et à mettre en place une unité de suivi des mesures adoptées. Cet atelier a constitué une alerte lancée en direction des différentes parties prenantes en vue de renforcer la protection des gorilles. Il a donc appelé en une synergie d’actions pour atteindre les objectifs visés. C’était une réflexion, comme l’avait souligné le directeur chef de département technique et scientifique au sein de l’ICCN, Jean-Jacques Mapilanga wa Tsaramu, où toutes les parties prenantes étaient appelées à regarder dans le même sens et converger les efforts pour la conservation des ressources naturelles en vue du développement durable tant souhaité par tous. "Cependant, la survie des gorilles de Grauer exige beaucoup plus. Nous avons tous besoin d'agir avec plus de détermination et plus d'innovation pour trouver des solutions qui profitent à la population de l'est de la RDC et conserver la biodiversité du pays", a souligné la représentate de l'ambassade des USA en RDC, Perlita Muiruri. Une diminution de 77 % en 20 ans Selon cette étude présentée, qui appelle à classer le gorille menacé dans la catégorie « En danger critique d’extinction », le nombre de gorilles de Grauer, le plus grand primate au monde, a chuté de 77 % au cours des deux dernières décennies. La population de ces primates, la sous-espèce de gorille la plus grande au monde et pesant jusqu’à 180 kilos, est passée de 17 000 individus en 1995 à seulement 3 800, à ce jour. Ce déclin des gorilles de Grauer, a-t-on souligné, remonte au génocide rwandais de 1994, qui a forcé certains de milliers de réfugiés à fuir en RDC, présence qui a été à la base de la guerre civile congolaise en 1996, qui a continué jusqu’en 2003, avec des conséquences dévastatrices, dont cinq millions de morts. Mais au-delà de la tragédie humaine, est-il admis, la guerre a aussi eu de lourdes conséquences sur les espèces sauvages de la RDC à cause de l’insécurité, de l’augmentation du commerce illégal de viande de brousse et de l’accroissement de la déforestation. Il faut agir maintenant Dans son mot, le ministre chargé de l’Environnement, Robert Bopolo Mbongeza, a, pour sa part, salué l’action des acteurs de la conservation de la nature, qui ne cessent d’attirer l’attention des décideurs politiques sur les risques d’extinction qui pèsent sur certaines espèces phares de la RDC et, partant, sur les écosystèmes qui les abritent. « Durant les dix dernières années, ces menaces et leurs implications pour le bien-être de nos populations se sont davantage précisées appelant de notre part non seulement plus d'attention mais aussi plus d’actions et des actions qui soient capables de contrer les menaces sus-évoquées », a-t-il avoué. Pour freiner ce déclin de la population de ces grands primates et inverser sa courbe, l’ICCN, la WCS, la FFI et d’autres partenaires en appellent à des actions concrètes. Il s’agit notamment de la légalisation des limites de la Réserve naturelle d’Itombwe et celles de la Réserve des gorilles de Punia, la lutte contre l’exploitation minière dans les aires protégées et la recherche d’établissement légal des coopératives d’exploitation minière artisanale dans les zones proches des habitats des gorilles, le désarmement des groupes de milices qui opèrent dans la région. Ils ont également recommandé la pression sur les fabricants de téléphones mobiles et autres pour assurer que les minerais qui viennent de cette région soient achetés dans des sites miniers où il n’y a pas de chasse de viande de brousse et qui sont sans conflit, d’appuyer le personnel des parcs, les éco-gardes et les communautés locales pour qu’ils protègent les gorilles et leur habitat et de trouver des alternatives à l’exploitation minière pour les communautés locales. Après ces travaux, une conférence de presse a été conjointement tenue par le représentant du directeur de l’ICCN, Jean-Jacques Mapilanga wa Tsaramu, le directeur national de la WCS-RDC, Richard Tshombe Key, et Team leader Carpe/Usaid, Alastair McNeilage, qui a permis d’insister sur les actions à mener en vue de bloquer le déclin du nombre de la population de ces grands singes et de changer la courbe. Lucien Dianzenza Légendes et crédits photo :Photo: la tribune, lors du lancement des travaux/photo Adiac. Notification:Non |