Emploi : des experts mettent en garde contre des chiffres sans un diagnostic rigoureux

Au cours du premier trimestre de l'année en cours, les chiffres officiels ont indiqué la création de 21 876 emplois sur toute l'étendue du territoire national. Dans son rapport sur l'exercice 2014, la Fédération des entreprises du Congo (FEC) a révélé que le secteur de l'emploi a profité de la reprise de l'activité économique. Au niveau sectoriel, il a été observé une augmentation de l'emploi notamment dans les secteurs du commerce et de l'industrie du ciment. En revanche, la tendance était à la baisse dans les mines, le principal secteur pourvoyeur de l'emploi avec 2,1% des travailleurs en RDC. Durant la même période, il faut signaler le recul de l'emploi dans l'industrie. Le gouvernement a fait état d'une amélioration du niveau de l'emploi salarié dans le secteur non agricole, passant de 36% en 2005 à 43% en 2012. Des emplois ont été ainsi créés dans plusieurs secteurs dont les télécoms, les banques et institutions de microfinance, les mines et les bureaux des organisations internationales.

Circonspection

L'analyse conjoncturelle sur la base des renseignements de première main recueillis auprès du gouvernement et de la FEC pousse à des interrogations légitimes. En effet, les partenaires ont déploré les graves disfonctionnements du marché de l'emploi en RDC. Pour eux, il est indispensable de faire évoluer les choses en tenant compte de l'évolution générale du secteur et du marché de l'emploi. Selon un partenaire interrogé par la rédaction, il est impérieux de préserver un certain dynamisme du marché de l'emploi grâce notamment à une adaptation plus efficace de l'arsenal juridique visiblement dépassé. Par ailleurs, l'autre défi tient plus de la nécessité d'identifier le réel besoin des entreprises. À en croire les acteurs du secteur, les secteurs pourvoyeurs d'emploi sont principalement la construction, les mines, les industries, les télécoms et les institutions financières. L'on enregistre les plus fortes demandes dans ces secteurs. En ce qui concerne les industries, certains secteurs ont réussi à mieux se démarquer, notamment le pétrole, la brasserie et le tabac. Malgré un discours politique favorable à son développement, le secteur agricole intervient encore dans une moindre mesure.  

En définitive, le problème de l'emploi en RDC reste très complexe. Les chiffres de l'emploi visiblement encourageants sont loin de démontrer l'ampleur de la catastrophe. Faut-il rappeller que le pays compte un nombre important de candidats diplômés en quête d'emploi. Mais, d'une part, la destructuration du système éducatif fait que ceux-ci font état des compétences qui ne reflètent pas le niveau d'étude revendiqué. Et, d'autre part, il y a un besoin de plus en plus prononcé de personnel répondant à des profils techniques introuvables sur le marché local de l'emploi. Par conséquent, cette situation tend à plonger le pays dans une carrence de main d'oeuvre dans les secteurs essentiels à son développement. Voilà autant de matières qui justifierait, selon les analystes, le dialogue entre le gouvernement et les partenaires afin de dégager des pistes durables de solution aux problèmes de l'emploi en RDC.