Croissance européenne et chinoise en panne : les deux secrets de survie de la RDC durant la crise

Mercredi 4 Novembre 2015 - 13:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

En marge de la 10e édition de la Conférence économique africaine (CEA), le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, en compagnie de ses invités de marque, dont le secrétaire général adjoint de l'ONU, Carlos Lopez, et le haut fonctionnaire de la Banque africaine de développement (BAD), M. Steve, a animé une conférence de presse, le 3 novembre,  au Kempiski Fleuve Congo Hôtel. Selon lui, la RDC a mieux résister que la Zambie et l'Angola, deux pays dont les économies reposent sur une seule matière première: le cuivre pour l'un et le pétrole pour l' autre, parce qu'elle a mis en oeuvre des clignotants économiques efficaces et a poursuivi ses réformes.   

Pour la RDC, il s'agit du deuxième choc exogène qui met à dure épreuve l'économie congolaise, après la crise financière et économique. Mais depuis 2009, le pays s'est constitué des marges budgétaires capables de jouer le rôle d'amortisseurs en cas de choc. Au cours des échanges avec la presse locale, le cas du rapport très sombre du Fonds monétaire international sur les perspectives économiques africaines a conduit à une véritable levée de boucliers parmi les orateurs. En effet, ce rapport a fait l'objet d'un recadrage. Pour Carlos Lopez, africaniste convaincu, il s'agit d'une projection concernant l'Afrique subsaharienne. Selon lui, les pays d'Afrique du Nord vont plutôt bien s'en sortir. L'Égypte aura la plus forte croissance de la région grâce à des investissements étrangers provenant essentiellement des pays du Golf. Il y a aussi le cas du Maroc qui mérite une attention particulière pour le développement rapide de l'économie. Certes, un pays pétrolier comme l'Algérie ne peut que subir l'impact négatif de la chute des cours mondiaux du pétrole.

Plus critique, Abdoulaye Mar Dieye du Pnud a relativisé cette projection en reconnaissant, malgré tout, la dépendance de la région aux matières premières mais, a-t-il ajouté, la situation a bien évolué. Selon lui, la croissance africaine est partagée par les matières (1/3), la bonne gouvernance (1/3) et la montée de la classe moyenne (1/3). Et l'Afrique pourra continuer à investir dans ses deux secteurs encore opérationnels. Pour s'en sortir, une augmentation de la pression fiscale africaine, qui reste le plus bas du monde, peut contribuer au maintien d'une croissance robuste. Sur ce point, il faut signaler que la RDC est le pays ayant connu une rapide augmentation de sa pression fiscale (4 à 14%) mais les experts estiment qu'elle restera toujours soutenable même si elle approche les 20 à 24%. Il faut également prospecter des nouveaux moteurs de croissance, notamment l'agriculture, l'élevage, etc. Il s'agit des potentialités dormantes autres que les mines sur lesquelles les pays du continent africain pourraient continuer à tirer le plus large profit. En effet, le pays a l'avantage d'avoir connu une reprise de l'activité économique dans toutes les branches dont les mines, l'agriculture, les transports, etc. Enfin, les autres orateurs ont soulevé avec préoccupation la nécessité de doter la région des statistiques représentant la situation réelle de l'Afrique. 

Matata Ponyo a réaffirmé les priorités de la RDC qui continueront à tourner autour de la préservation de la stabilité macro-économique, des réformes nécessaires pour libérer les forces de production, de l'amélioration du climat des affaires et des défis énergétiques. Cela ne l'a pas empêché de revoir à la baisse les prévisions de croissance de la RDC (8,2% en 2013; 9,5% en 2014 et 8,4% en 2015). Pour l'avenir, la diversification de l'économie restera la solution aux problèmes susceptible de ruiner les efforts de développement économique de la région. L'Afrique se voit davantage comme les prochains lions, guépards ou léopards africains après la montée des tigres asiatiques. Les participants aux travaux de la  dixième édition de la CEA ont insisté sur certains grands défis dont l'industrialisation, la rétention des valeurs, la recherche de la valeur ajoutée et les plans ambitieux de réformes. Clôturant les discussions, Matata Ponyo a évoqué le triplé gagnant, en l'occurence "réduction de la pauvreté, leadership fort et bonne gouvernance", pour résorber durablement le problème de la RDC et de l'Afrique.         

Laurent Essolomwa

Notification: 

Non