Concertations nationales : vers un atterrissage en force

Lundi 30 Septembre 2013 - 18:45

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Au-delà des questions de fond qu’impose la cohésion nationale, un autre enjeu majeur de ce forum national est en train de se dessiner sans trop convaincre : la formation d’un nouveau gouvernement.

Théoriquement et conformément à l’ordonnance présidentielle les convoquant, les concertations nationales sont censées avoir pris fin le 28 septembre. Arrivés à cette échéance, quelques états généraux, parmi les retardataires, peaufinaient encore leurs conclusions à soumettre au présidium. Du coup, un nouveau report s’est imposé de fait, faisant entrer les assises dans l’illégalité lorsqu’on s’en tient aux textes les régissant. Pour les concertateurs qui paraissent faire fi du timing leur imparti, ce qui vaut le plus c’est la qualité du rapport à présenter au présidium plutôt qu’un travail bâclé qui résulterait d’une certaine précipitation. 

 Dans les cinq sites où ont évolué les groupes thématiques, c’est l’ambiance de fin des travaux. Le présidium, à en croire des sources, serait déjà en possession des rapports découlant des différents ateliers puis entérinés au niveau des États généraux. Présentement, il ne resterait plus qu’à harmoniser les différents rapports des états généraux au niveau de la grande plénière au cours de laquelle les participants vont adopter par consensus les conclusions et recommandations qui en découlent. Un exercice laborieux lorsqu’on considère les couacs qui ont émaillé les travaux en ateliers et qui risquent d’influencer la suite. Il s’avère, à ce stade, que certains rapports transmis au présidium n’ont pas requis le quitus nécessaire au niveau de certains groupes thématiques à l’instar de celui chargé du désarmement, démobilisation et réinsertion.

Des remises en cause

Les délégués de l’opposition dans ce groupe thématique dénoncent le fait que la mouture finale devant sanctionner les travaux  soit transmise au présidium à leur insu sans être débattue en plénière conformément au règlement intérieur de ces assises. « Ces conclusions doivent être discutées en plénière avant d’être remises au chef de l’État sous forme d’un rapport général des travaux », arguent les délégués de l’opposition. En foi de quoi, ils rejettent ledit rapport qui paraît être l’apanage des seuls membres de la majorité et alliés. Au groupe thématique « Gouvernance, démocratie et réforme institutionnelle », la même opposition tient à introduire dans le rapport final ses principales revendications concernant notamment la libération conditionnelle des prisonniers politiques et l’ouverture de certains médias de son obédience dont Canal Kin TV.

Dans d’autres groupes thématiques à l’image de celui portant sur l’économie, secteurs productifs et finances publiques, quelques participants déclarent ne pas se reconnaître dans certaines recommandations qui auraient fait l’objet de tripatouillage au niveau de la co-modération et du secrétariat technique. C’est dans cet imbroglio que se négocie l’atterrissage des concertations nationales sur fond d’auto exclusion d’une poignée des délégués de l’opposition, précisément des Forces acquises au changement (FAC) et alliés, qui estiment avoir été floués par Joseph Kabila. Quand bien même le gouvernement a acquiescé à certains préalables de l’opposition, cette dernière a continué à faire une fixation sur l’amnistie et la grâce présidentielle en faveur des prisonniers politiques dont elle voulait absolument voir se concrétiser séance tenante.

Le chien aboie…

Entre-temps, le consensus reste toujours difficile à obtenir quant à la problématique de la mise en place d’un gouvernement d’union nationale atténué sous la formule « Gestion consensuelle de l’État ». Là-dessus, deux tendances s’affrontent. Les tenants de cette démarche estiment que « le consensus entre politiques vaut plus que les textes et les échéances qui en découlent ». Ceux qui en sont opposés tiennent au respect strict de l’échéance de 2016 supposée mettre fin au mandat actuel du président de la République et des députés nationaux élus. Au-delà des questions de fond qu’impose la cohésion nationale, un autre enjeu majeur de ce forum national est en train de se dessiner sans trop convaincre : la formation d’un nouveau gouvernement. Entre-temps, plusieurs voix ne cessent de s’exprimer en dehors du cadre pour déclarer ne pas être concernées par les décisions qui sortiront desdites concertations. Pour l’opposition qui conclu d’ores et déjà à l’échec de ce forum national, « le présidium n’a qu’à actionner l’accompagnement extérieur », afin de recadrer les choses et repartir sur de bases solides selon les termes de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.

Pendant que l’opposition s’agite en multipliant des subterfuges pour bloquer les travaux, les délégués de la majorité, eux, font la sourde oreille et poursuivent leur chemin selon la formule: «  Le chien aboie et la caravane passe ».  

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Députés et sénateurs en séance plénière