Emploi : maîtriser la réforme, un grand défi pour le gouvernement

Samedi 2 Mai 2015 - 11:30

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La vice-primature en charge de l’Emploi, du travail et de la prévoyance sociale est l’un des portefeuilles les plus complexes du gouvernement. En effet, la plus grande réforme à réaliser sera d’arriver à maîtriser des chiffres pour planifier des politiques nationales d'emploi.

Quand les autorités congolaises disent, par exemple, qu’il y a des millions de chômeurs, l’on est incapable de leur donner un profil exact. L’autre grande réforme devra concerner nécessairement la modernisation des textes législatifs. Par le passé, les animateurs du ministère de l'ETPS ont cherché à maîtriser les rouages du fonctionnement, avec ses différentes ramifications constituées d'organismes créés par le Code du travail de 2002. Tantôt les politiques s’étaient concentrées sur les moyens de stopper l’hémorragie en s’attaquant aux problèmes liés aux finances pour arriver à faire fonctionner la machine. Pour faire plus de recettes, il y a eu, par exemple, une meilleure mobilisation des cotisations sociales et, bien entendu, la remise au travail des inspecteurs du travail. L’on évoquait même une possibilité d’appliquer un barème spécial différent pour les jeunes inspecteurs universitaires recrutés. Bien d'autres chantiers ont été ouverts, notamment la rentabilité du parc immobilier, la régularisation des rémunérations et la paie des arriérés et retraites. Les efforts ont abouti au déblocage d’importants investissements pour la construction des nouveaux logements sociaux sur l’étendue du territoire national.

Moderniser les textes

Un autre défi s’est imposé : le toilettage des textes législatifs qui régentent le monde du travail. Il faut arriver à doter le pays d’un arsenal juridique moderne. Aussi, tout le sens de la démarche est-il de cesser de naviguer sans repères pour mieux planifier les politiques en matière d’emploi. Certains textes sont carrément dépassés, et ne se prêtent plus à l’environnement actuel. La réussite de cette étape dépendra de l’adhésion massive des agents et fonctionnaires de l’État. Mais l’on enregistre encore de nombreux points de désaccords entre l’État et les syndicats. Par exemple, la RDC devrait se doter d’une assurance chômage pour accorder un revenu de remplacement à certaines catégories de demandeurs d’emploi. La combinaison d’un bon système de sécurité sociale, d’une bonne mutuelle de santé et d’une période de chômage garantie pourrait contribuer à ouvrir les horizons du travailleur. Et à terme, l'on espère susciter un meilleur accès du travailleur aux prêts bancaires.

Comme autres contraintes, il y a le manque d’actualisation de la liste des maladies professionnelles, la sous-déclaration des entreprises, particulièrement celles opérant à Kinshasa. L’actuel ministre en a parlé longuement lors des préparatifs de la commémoration de la Journée internationale du travail. C’est la conséquence d’une insuffisance criante de données statistiques sur les risques professionnels, notamment ceux liés aux accidents et maladies. L’on constate essentiellement ce déficit de données dans des secteurs potentiellement dangereux. Le cas de l’utilisation des produits chimiques. À cet effet, il est impérieux de continuer la prévention contre les risques professionnels.

Après douze ans d’utilisation, la révision du Code de travail demeure également un autre grand événement pour le secteur. Il s’agit d’un processus auquel le ministère de l’ETPS accorde un grand intérêt, après avoir déposé en avril 2014 au Parlement son Projet de loi. Les discussions en plénière ont permis de revisiter certains articles. Quant aux innovations, il faut citer, notamment, l’interdiction de licencier un employé pour cause de statut sérologique. Il y a également la durée quotidienne de travail revue à la baisse de 9 à 8 heures, la possibilité pour la femme d’effectuer un travail de nuit, la possibilité pour la femme enceinte de suspendre son contrat de travail sans que l’acte soit considéré comme une cause de résiliation de contrat et la possibilité pour un étranger d’être désigné à la direction d’un syndicat.

Réduire le chômage

Les défis des prochaines années tourneront autour de la réduction progressive du chômage par la création d’emplois décents dans l’économie formelle. Il serait intéresant de faciliter la transition de l’économie informelle à l’économie formelle. À cet effet, l’exécutif national pourrait tirer le plus large profit des nouvelles opportunités offertes aux investisseurs avec la création du Guichet unique de création d’entreprise et l’adhésion à l’Ohada. Il faut arriver à promouvoir l’entrepreneuriat des jeunes, à assurer un meilleur contrôle des services privés de placement et à renforcer le rôle des inspecteurs et contrôleurs de travail.

 

Laurent Essolomwa