Obsèques de Justin-Marie Bomboko samedi 19 avril 2014 à KinshasaSamedi 19 Avril 2014 - 2:10 Le premier ministre des Affaires étrangères de RDC est mort le 10 avril aux Cliniques universitaires de Bruxelles, et l'arrivée du corps de l'illustre disparu le 19 avril lance officiellement le début de l'hommage de la nation à l'un des pères de l'indépendance Entretemps, toutes les dispositions sont prises pour l’accueil de la dépouille mortelle. Une commission constituée, notamment, de quelques poids lourds de la vie politique nationale, dont le sénateur Léon Kengo, mais aussi de sa famille biologique et ethnique est à pied d’œuvre pour la réussite des derniers hommages à cet homme qui a tant donné pour son pays. Bruxelles donne le ton. Le 15 avril, un office religieux organisé à la cathédrale Saint-Michel-et-Gudule de Bruxelles a réuni personnalités, amis et connaissances. Il y a eu les témoignages très poignants de personnes qui l'ont connu ou ont eu l'occasion de travailler avec lui. Le ministre d’État belge, Herman De Croq, dernière personnalité politique belge à l'avoir vu la veille de sa mort, a relaté quelques bons souvenirs de l'homme avec qui il a partagé 58 ans d’amitié. Même dans le monde économique, le patriarche a noué des relations importantes. L'on a compté, par exemple, la présence à la cathédrale du baron Bernard de Gerlache de la chambre de commerce belgo-congolo-luxembourgeoise. Et puis, il y a ce témoignage du professeur émérite de l’Université libre de Bruxelles (ULB), madame Paule Bouvier. Ancienne conseillère du premier ministre Lumumba, elle a mis un accent particulier sur l’esprit de liberté et de paix du patriarche. Bomboko Lokumba est le tout premier Congolais diplômé de sciences politiques à l’ULB. S’il n’y avait pas eu l’indépendance, le jeune diplômé aurait poursuivi sa formation pour aller à Lubumbashi et occuper la fonction de recteur, mais le destin en a décidé autrement. Du côté congolais, il y a eu les interventions, entre autres, de l’ambassadeur de la RDC au Benelux et auprès de l’Union européenne, Henri Mova Sakanyi, et du deuxième vice-président du Sénat, Mario Cardoso. Retour sur un parcours atypique Décédé à 85 ans, Justin-Marie Bomboko a traversé toutes les crises politico-militaires que le pays a connues depuis son accession à la souveraineté internationale en 1960. Il est né en Équateur, à Boleke dans le territoire de Bolomba et le secteur de Lonsagania. Enfant issu d’une famille de chefs, il est précoce. Il a terminé ses études primaires en cinq ans et est allé à l’école normale de Bamania après avoir été remarqué par le père Gustave, l’inspecteur des écoles catholiques. Après avoir refusé une bourse du gouverneur général colonial pour étudier à Lovanium, il a accepté, poussé par les missionnaires, de prendre une bourse pour l’ULB. Au fait, il a brisé tout un mythe, les Congolais jadis forcés aux sciences sociales pouvaient désormais évoluer dans des secteurs proscrits, notamment le droit et les sciences politiques. Par sa formation universitaire, Bomboko était un évolué. D’ailleurs, il a effectué sa première visite en Belgique en tant que notable. À ce titre, il était en contact avec d’autres évolués, dont le futur premier ministre Lumumba. Au moment de la formation du gouvernement, il était le seul Congolais qui avait fait les sciences politiques spécialisées en droit international. Les Anamongo orphelins ? Beaucoup s’interrogent sur ce qui restera des Anamongo après la mort de son guide. Bomboko Lokumba s’est battu pour le rapprochement de ces peuples qui ont un ancêtre commun mais sont éparpillés sur l’étendue du territoire national. En 1960, les Anamongo réunis ont pu remporter des victoires politiques et occuper les postes clés des institutions de la première République, notamment la présidence du Parlement et même la primature. Comme il aimait le dire, il est enfant de l’Équateur mais aussi du Sankuru au Kasaï Occidental et même du Maniéma. Ces liens forts entre les peuples ne disparaîtront certainement jamais, mais les Anamongo pleurent celui qui a incarné ce rapprochement avec un charisme indiscutable. Laurent Essolomwa |