Les Dépêches de Brazzaville : Catherine Garetta, pourquoi l’AFD soutient-elle le forum mondial des femmes francophones ?
Catherine Garetta : L’Agence française de développement (AFD) est un établissement public qui se trouve au cœur du dispositif français de coopération. Cette agence finance le développement des pays du Sud, dont une grande partie est située dans l’espace francophone africain. Ce forum mondial des femmes francophones, événement international qui mobilise de très nombreuses femmes africaines, permet à l’AFD d’une part de valoriser des femmes impliquées dans nos projets, leurs engagements, leurs parcours ainsi que les actions qu’elles mènent en faveur du développement tout en partageant leurs expériences de terrain. Il permet, par ailleurs à l’AFD de prendre part à la dynamique internationale actuelle, dynamique qui s’articule autour des questions de développement et de genre dans l’agenda politique post-2015. C’est enfin l’occasion pour l’AFD de contribuer au renforcement du rôle des femmes dans l’espace francophone et leur mise en réseau. Ces femmes francophones sont des actrices du développement à part entière et des partenaires engagées pour l’agence.
LDB : Comment la question des femmes est-elle prise en compte dans les opérations de l’AFD ? Quels sont vos objectifs ?
L’AFD agit depuis plus de soixante-dix ans pour lutter contre la pauvreté et favoriser le développement dans les pays du Sud. Par le biais de subventions, de prêts, de fonds de garantie ou de contrats de désendettement et de développement, l’agence finance des projets, des programmes et des études ; elle accompagne ses partenaires du Sud dans le renforcement de leurs capacités. Elle intervient prioritairement dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la formation professionnelle, de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, du soutien au développement durable, autant de secteurs qui concernent aussi les femmes. La France a adopté une stratégie transversale genre et développement pour 2013-2017. Cette stratégie a pour ambition de mettre l’égalité femmes-hommes au cœur de la politique française de développement, de façon à ce que les femmes et les hommes puissent bénéficier également des fruits du développement. Cette nouvelle stratégie de la France a conduit l’AFD à élaborer un cadre d’intervention transversal sur le genre, qui entend contribuer à un développement durable, inclusif et équitable entre les hommes et les femmes. Nous voulons favoriser l’égalité des opportunités ainsi qu’une meilleure prise en compte des femmes dans leurs projets.
LDB : L’ONU célèbre en 2014 les agricultures familiales. Comment, dans le domaine du développement rural, l’AFD intègre-t-elle l’approche genre (ou la question des femmes) dans les projets qu’elle finance ?
L’objectif de cette initiative de l’ONU vise à mettre les projecteurs du monde entier sur la contribution significative de l’agriculture familiale à l’éradication de la faim et de la pauvreté. L’agriculture et le développement rural sont des secteurs prioritaires de l’AFD. Nous avons pour finalité d’améliorer durablement la sécurité alimentaire des ménages ruraux et urbains d’Afrique subsaharienne par un soutien aux exploitations agricoles familiales, aux filières et aux politiques agricoles, alimentaires et nutritionnelles, en intégrant les enjeux de développement durable. Notre conviction est que les petites exploitations familiales sont des acteurs majeurs dans ce domaine et que tout l’enjeu est d’accompagner leur développement. Selon la FAO, plus de 1,6 milliard de femmes vivent de l’agriculture et sont à l’origine de la moitié de la nourriture produite dans le monde. Elles représentent 43% de la main-d’œuvre agricole dans les pays en développement. Cependant, leurs revenus sont plus faibles que ceux des hommes, avec des écarts pouvant aller jusqu’à 50%. Mieux prendre en compte l’implication des femmes dans le monde rural et dans les exploitations familiales est donc une préoccupation majeure de nos interventions dans ces pays.