Elections de décembre : le vote des Congolais de l’étranger fait jaser

Lundi 7 Mai 2018 - 17:38

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Certains membres de l’opposition et d’autres activistes de la société civile craignent de voir l’enrôlement de la diaspora congolaise constituer un alibi pour ne pas organiser les scrutins à la fin de l'année.

La problématique du vote des Congolais de l'étranger continue à se poser avec acuité alors que le calendrier électoral est en train d’être exécuté avec bonheur, nonobstant quelques retards du reste justifiés. En principe, c'est au plus tard le 8 mai que le fichier électoral en passe d’être audité devra être promulgué par le président de la République. Un fichier qui ne prend pas en compte les Congolais de la diaspora. Il s’agit là d’un hiatus que la Centrale électorale est appelée à corriger pour gagner le pari de l'inclusivité, gage de la fiabilité des scrutins. Toutefois, si la volonté d’inclure la diaspora congolaise dans le processus de vote est là, il s’avère que dans la pratique, les choses ne sont pas aussi simples qu’on le pense.

Le vote de la diaspora, un impératif

La Commission électorale nationale indépendante (Céni) qui tient à respecter l’échéance du 23 décembre pour la tenue des élections est obligée de procéder à l'enrôlement des Congolais de l’étranger, question de se conformer aux exigences constitutionnelles qui font du vote de la diaspora un impératif. Il serait donc malaisé d’exclure ces Congolais qui ont aussi le droit de réaliser leur droit civique. « En conséquence, nous nous préparons pour le faire. Nous avons préparé les kits d’enrôlement pour nous déployer », a assuré le président de la Céni, Corneille Naanga, à la suite d’un entretien avec le speaker de la chambre basse, Aubin Minaku. A l’en croire, son institution s’était déjà engagée dans le processus d’enrôlement de ces Congolais vivant à l'étranger  avec deux cent vingt kits électoraux déjà apprêtés. En outre, les sites sur lesquels les opérations étaient censées se dérouler étaient déjà identifiées. Il ne restait plus qu’à donner le top d’une opération qui, somme toute, était encore techniquement possible.  

Mais, comme l’a fait remarquer Corneille Naanga, il y a des contraintes liées à cette activité qui n’ont pas encore été résolues. Planifiée du 1er juillet au 28 septembre 2018 selon le calendrier électoral, à trois mois de la première séquence électorale, l’enrôlement des Congolais de l‘étranger peine à démarrer. Et pour cause ? A la Céni, on évoque, entre autres, la complexité de l’opération qui requiert du temps et une bonne planification pour garantir sa réussite. Il est mis en relief la difficulté de n’enrôler que les Congolais ne possédant qu’une seule nationalité, comme l’exige la loi, alors qu’il est de notoriété publique que la plupart d'entre eux détiennent des nationalités concurrentes à la nationalité congolaise. Outre les contraintes financières et logistiques, la sécurité des agents électoraux et des sites demeure un grand défi lorsqu’on connaît l’aversion que nourrissent de nombreux Congolais de la diaspora vis-à-vis du régime de Kinshasa. Un incident est vite arrivé.   

Une proposition qui ne convainc pas l'opposition

Face à toutes ces difficultés tendant à hypothéquer le vote des Congolais de la diaspora, la Céni pense qu’il faille lever une option pour annuler cette opération à la fois complexe et laborieuse. La balle est donc lancée du côté des députés et sénateurs, appelés à lever ensemble une option républicaine sur cette question, c’est-à-dire supprimer carrément l’enrôlement des Congolais de la diaspora, afin de permettre au processus électoral d’avancer.

Cette prise de position a, comme il fallait s’y attendre, fait jaser dans l’opposition et dans la société civile. De part et d’autres, l’on craint justement que l’enrôlement des Congolais vivant à l’étranger ne constitue un alibi pour ne pas organiser la présidentielle en décembre 2018. « Les exigences légales, la nature psychologique sensible et la complexité technico-opérationnelle exposent le respect de l’échéance du 23 décembre 2018 à un risque évident. Celui-ci pourrait constituer un autre déclencheur de la future crise politico-électorale », note, pour sa part, la plate-forme Agir pour les élections transparentes et apaisées, dans un récent communiqué. Dossier à suivre.  

Alain Diasso

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