Investissement : la pression politique ne peut empêcher l’afflux d’investisseurs en RDCSamedi 7 Avril 2018 - 18:12 Le cycle électoral tumultueux dans lequel le pays s’est engagé, depuis bientôt deux ans, ne peut constituer une cause « sérieuse » de désinvestissement dans les secteurs porteurs de la vie économique nationale. Un avis qui ne fait pas l’unanimité, même si les partisans d’une position optimiste expliquent que les autorités congolaises ont mis en œuvre une batterie de mesures pour améliorer le climat des affaires et des investissements. Depuis 2009, la RDC est engagée dans un autre processus, moins spectaculaire que son cycle électoral mouvementé mais tout aussi important pour son avenir. Il s’agit de son programme de réformes de l’environnement des affaires et des investissements. Le ministère du Plan évoque certaines réformes phares qui ont hissé le pays, en 2015, dans le top dix des pays les plus réformateurs, cinq années après son intégration dans le Doing business de la Banque mondiale. Et les effets ont commencé à se faire ressentir sur le terrain. Pour la période 2012-2016, l’Agence nationale de promotion des investissements (Anapi) a enregistré plus de cinq cents projets dont les trois quarts ont été réalisés ou sont en cours de réalisation. Malgré tout, le positionnement de la RDC dans ce classement international reste très précaire. Comme le fait remarquer le ministère du Plan, les erreurs à corriger se retrouvent dans plusieurs domaines : l’insécurité juridique et judiciaire, la vétusté de la législation commerciale et économique, le déficit infrastructurel, la fiscalité trop complexe et même la parafiscalité peu incitative. L’on se rappelle que la Fédération des entreprises du Congo a dénombré plus de cinq mille charges pour les entreprises, rien qu’à l’initiative des villes. Par ailleurs, il y a aussi cette grande enquête de l’Anapi sur les barrières à l’investissement des entreprises qui ne peut que confirmer le climat d’incertitude. 41 % des entreprises interrogées présentent le « mauvais environnement politique » comme la première barrière à l’investissement en RDC, loin devant la corruption (22 %), l’insécurité juridique et judiciaire (22 %) ainsi que le système fiscal et douanier (à peine 4 %). Des sacrifices à consentir En dépit d’un cadre plutôt préoccupant confirmé, d’ailleurs, par des études de terrain, des voix s’élèvent pour réaffirmer que la situation évolue lentement mais sûrement. Certes, tous les experts sont d’accord sur un point essentiel : les investissements constituent le moteur par excellence pour la relance de l’économie nationale. Autre point de convergence, les sacrifices futurs seront certainement plus amers pour doter le pays d’une économie attractive et compétitive. Cela permettra de grignoter des places dans le classement général du Doing business. On le sait, la piste du gouvernement central est d’agir simultanément sur les sept indicateurs Doing business : création d’entreprise, permis de construire, raccordement à l’électricité, transfert de propriété, paiement de taxes et impôts, commerce transfrontalier et règlement d’insolvabilité. Il s’agira de poursuivre sans relâche le processus de simplification et de réduction des procédures administratives, d’alléger les coûts des opérations administratives, etc. D’autres experts relativisent le tableau brossé par le secteur privé. Parmi eux, il y a le président de la Commission des jeunes entrepreneurs de la Fédération des entreprises du Congo, Serge Nawej. Réagissant sur le site de l’agence Ecofin, cet homme d’affaires et juriste congolais a commencé par remettre en question tout risque de chaos qui serait provoqué par la crise politique. Dans ce contexte difficile, il y a eu des familles et des opérateurs économiques miniers qui ont investi dans le pays, insiste-t-il. « La question du contexte politique est en somme un faux problème pour moi », selon lui. Cette situation, a-t-il dit, traduit plutôt une incapacité de s’organiser ou de se coaliser au sein de l'espace francophone pour réaliser des investissements de grande envergure en RDC. « La vérité est que nous n’en avons tout simplement pas la capacité et donc préférons blâmer le contexte politique, voire un seul individu », conclut-il. Laurent Essolomwa Notification:Non |