Processus électoral : les machines à voter font toujours douter

Mercredi 4 Avril 2018 - 19:30

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En dépit des critiques, le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) défend mordicus le recours aux outils qu'il a fait venir en surfant notamment sur la réduction du temps de vote et du coût global des élections.  

On n’est pas encore sorti de l'auberge concernant la controverse suscitée autour du recours par la Céni à la machine à voter. Des voix ne cessent de s’élever tant dans l'opinion que dans la classe politique, du moins parmi les opposants, pour remettre en  cause la fiabilité de ces machines. La dernière mise en garde du gouvernement de la Corée du Sud où sont fabriqués ces outils est venue quelque peu recadrer un débat passionné où les uns et les autres sont restés cabrés sur leurs positions. En fait, Séoul a dûment expliqué au fabricant - l'entreprise Miru Systems -  les risques potentiels en cas d’exportation de ces machines. Exporter ces machines au Congo pourrait, de l'avis des autorités sud-coréennes, « donner au gouvernement congolais un prétexte pour [obtenir] des résultats indésirables liés aux élections, notamment [un] retard additionnel [à leur] tenue ».

Cette mise en garde est dorénavant perçue comme une façon pour le gouvernement sud-coréen de chercher, d’ores et déjà, à se dédouaner en cas de pépins éventuels  liés à l’utilisation de ces machines qui, selon lui, n’offrent pas suffisamment de garanties en matière de fiabilité et d’efficacité. Comme si cela ne suffisait pas, l'ambassade de Corée du Sud s’est fait fort de se désolidariser du fabricant tout en prévenant sur les risques éventuels de « retard additionnel » à la tenue des élections. Tout ceci se situe dans une dynamique oppositionnelle enclenchée depuis décembre 2017 par l’Association mondiale des organes de gestion des élections (A-WEB), une organisation sud-coréenne qui fournissait un soutien technique à la Céni. Cette structure avait décidé de rompre ses liens avec le Congo suivant la position du gouvernement coréen.

En somme, l'on est dans une posture de négation de la Corée du Sud face à l’utilisation par la Céni des machines à voter dont les premières sont arrivées en janvier en République démocratique du Congo. D’autres commandes vont suivre. Il en faudra au total 105 000 machines pour 90 000 bureaux et 46 millions de votants, dont certains n’ont jamais vu un ordinateur de leur vie.

À la Céni, on se veut serein et imperturbable face à ce qui est considéré là-bas comme une attaque planifiée. Faisant fi des chants de sirène, Corneille Naanga et ses hommes s’apprêtent, d’ailleurs, à lancer sous peu la campagne de sensibilisation sur le territoire national destinée à expliquer au commun des Congolais le fonctionnement de ces outils. C’est dire qu’à la Céni, l’obstination à recourir à la machine à voter n’a jamais faibli. Bien au contraire, les responsables de cette institution d’appui à la démocratie sont plus que convaincus que ces « machines à voter » vont permettre de réduire le temps de vote et la période d'attente de l'annonce des résultats, la fraude électorale sinon sa suppression, ainsi que le coût global des élections. « La Céni est en affaire avec une firme coréenne, pas le gouvernement coréen. Je sais qu'il y aura d'autres attaques de ce genre, mais cela ne nous ébranlera pas dans notre détermination à tenir des élections telles que voulues par le peuple congolais et non en suivant le diktat des étrangers », a déclaré Corneille Naanga, cité par l’AFP.

En tout état de cause, d’aucuns dans l’opposition considèrent ces machines à voter comme une astuce visant à tripatouiller les résultats. Bien plus, ils avancent également l’opacité ayant entouré le contrat conclu de gré à gré, sans appel d’offres entre la Céni et la firme Miru Systems. Dossier à suivre.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Corneille Naanga expliquant le fonctionnement de la machine à voter

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