Primature : le directeur de cabinet claque la porte !

Samedi 10 Mars 2018 - 16:45

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Michel Nsomue a présenté jeudi dernier sa démission après une vive altercation dans ses bureaux entre le gendre du Premier ministre et sa garde, mais surtout après avoir réalisé l’effet dévastateur de ses propres  déclarations faites en l'absence du chef du gouvernement sur le dysfonctionnement de son cabinet.

Michel Nsomue ne fait plus partie du bureau du Premier ministre Bruno Tshibala dont il a été, jusqu’il y a peu, directeur de cabinet. Prenant son courage à deux mains et devançant un scenario de défenestration qui allait lui être préjudiciable, il a préféré prendre les devants. Il valait mieux, dans les conditions d’altération de ses relations avec son chef, rendre le tablier. Ne dit-on pas qu’il faut savoir quitter les choses avant qu’elles ne vous quittent ! Dans le cas d’espèce, Michel Nsomue avait vu juste. Après la violente altercation dans les couloirs de la primature entre le conseiller technique chargé notamment des petites et moyennes entreprises, Harmed Kili Baka (ci-devant gendre du Premier ministre), et une de ses filles, Michel Nsomue se savait déjà dans des sales draps. L’affaire a fait grand bruit et indigné plus d’un d’autant plus qu’elle souillait le prestige d’un cadre aussi symbolique et chargé d’histoire que la primature.

La vidéo-scandale qui a fait le tour des réseaux sociaux montrant un homme violenté par la garde du directeur de cabinet ne plaidait pas en faveur de ce dernier. L’affaire a pris une autre tournure lorsque les services de sécurité s’en sont mêlés jusqu’à placer en détention pour quelques bonnes heures, les personnes impliquées. Vrai ou faux que Michel Nsomue se trouvait aussi parmi ces détenus de circonstance ? On n’en sait rien. L’intéressé lui-même a démenti la rumeur qui faisait état de son arrestation. Sa situation s’est corsée davantage lorsqu’il s’est permis de vendre la mèche en évoquant le dysfonctionnement qui a cours au cabinet du Premier ministre, question de se dédouaner des critiques acerbes relatives à l’impaiement des conseillers et chargés d’affaires lui imputé. Quarante huit heures après l’incident ci-haut décrit, Michel Nsomue révéla à la presse que son chef aurait nommé à son insu près de huit cents conseillers alors que le budget ne permet pas de les rémunérer tous. 

Un véritable coup de massue asséné à son patron qui, depuis Londres où il séjournait, a vite fait de recadrer son directeur en indiquant, dans une interview à jeune Afrique, que son cabinet comptait plutôt trois cents membres dont quatre-vingts conseillers. Et que parmi ces derniers, « l’on trouve des personnes à qui nous faisons appel de manière ponctuelle, pour exécuter certaines tâches spécifiques. Ils ne sont donc pas des conseillers à proprement parler ». Plus qu’une simple réponse, il s’agissait là d’un désaveu public de Bruno Tshibala à son directeur de cabinet avec lequel il n’émettait plus sur la même longueur d’onde. Et d’ajouter sur une pointe de colère : « Mon directeur de cabinet a craqué. Partout dans le monde, lorsqu’un grave manquement est commis, il altère les rapports et invite à prendre des décisions qui s’imposent ». Et avant le retour au pays du Premier ministre, le terrain était quasi déblayé avec la démission précipitée du directeur incriminé suivie jeudi soir par la remise et reprise avec son adjoint chargé des finances et administration, Jean Félix Kamanda à qui il a remis les dossiers et les clés du bureau. Ainsi se termine donc ce que d’aucuns ont qualifié de « primaturegate ».

En poste depuis un an, Bruno Thsibala est issu de l'opposition à Joseph Kabila en vertu de l'accord politique majorité-opposition du 31 décembre 2016 conclu pour enrayer la crise politique liée au maintien au pouvoir du chef de l'État au-delà de la fin de son deuxième et dernier mandat le 20 décembre 2016. Cette nomination a, cependant, été contestée par sa famille politique d'origine avec laquelle il n’est plus en odeur de sainteté. 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Michel Nsomue

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