Eaux transfrontalières : la gestion fait défaut en AfriqueVendredi 9 Février 2018 - 18:32 Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE, 2010), le continent compte environ soixante-trois bassins hydrographiques transfrontaliers internationaux qui concernent des États comptant pour 64 % de sa superficie, 77 % de sa population et 93 % de ses ressources en eaux douces de surface.
En droit international, un cours d’eau transfrontalier, c’est-à-dire qui traverse les territoires physiques de plusieurs États, est une ressource « partagée » entre ces derniers. La gestion de cette catégorie de cours d’eau ne s’envisage pas de la même manière que celle d’un cours d’eau ne baignant que le territoire d’un seul État ; méconnaître cela équivaut à entretenir des conflits inter-étatiques dont les dimensions, la portée et les conséquences sont souvent insoupçonnées.
Les disputes entre États du bassin du fleuve Nil autour des droits d’usage des eaux, la controverse autour du barrage de la renaissance éthiopienne érigée sur le Nil, l’assèchement du Lac Tchad et le projet controversé de sa « perfusion » par voie de transfert des eaux de la rivière transfrontalière Oubangui, etc., sont autant d’exemples qui attestent du peu d’intérêt à appliquer la convention des Nations unies sur les eaux douces internationales en Afrique. Dans la poursuite de la paix et de l’intégration régionale du continent, les États africains devraient diligemment corriger cet état de choses, d’autant plus que les prévisions climatiques qui impactent leurs ressources en eau douce ne sont pas très optimistes. Durant la période allant de 2020 à 2050, par exemple, environ deux cent cinquante à six cents millions de personnes vivront sur le continent en état de stress hydrique du fait de l’explosion démographique, de l’expansion économique et des effets néfastes des changements climatiques (PNUE, 2010). Il convient donc, dès à présent, de poser les bases juridiques et institutionnelles nécessaires en vue d’une gestion concertée des ressources hydriques partagées du continent, en mettant en application la Convention des Nations unies relative aux cours d’eau internationaux. Josiane Mambou Loukoula Légendes et crédits photo :Photo 1 et 2: Eaux transfrontalières (DR) Notification:Non |