Les Dépêches de Brazzaville : Vous venez de signer un accord de coopération avec la télévision nationale congolaise pour le lancement dans dix-huit mois à Brazzaville d’une télévision panafricaine d’information continue intitulée Africanews. Quels sont les critères de recrutement des journalistes ?
Michael Peters : Nous allons lancer le recrutement dans les mois prochains, en commençant par le choix du directeur des rédactions d’Africanews. S’ensuivra l’ensemble de l’équipe qui sera composée d’une quarantaine de personnes, dont une vingtaine de journalistes anglophones et francophones. Le recrutement se fera à partir d'annonces qui seront publiées sur des supports de presse dans tous les pays d’Afrique afin de représenter l’ensemble des cultures et des critères Africains. Nous aurons besoin de journalistes ayant des connaissances et des compétences en audiovisuel et une connaissance acérée en politique, en affaires internationales d’une manière générale, et en journalisme international. Africanews reportera l’actualité panafricaine mais également du monde. C’est un média qui parlera du monde dans une perspective panafricaine. Ce sont là les critères qui seront retenus au-delà du fait que nous aurons aussi des critères qui sont le fait de bien écrire, de faire un commentaire clair, de ne pas avoir d'accent trop marqué par rapport à la langue du pays, et d’avoir un esprit de synthèse et un regard objectif, car Euronews ne fait pas du journalisme d’investigation, d’opposition ou progouvernemental, mais plutôt du journalisme factuel.
Les ressources humaines en termes journalistiques seront-elles prises en compte ?
Oui ! L’intégralité des recrutements sera prise en charge par la société Africanews que nous allons créer. Elle sera une société de droit congolais qui prendra en charge les frais de lancement.
Votre installation en Afrique pourra-t-elle créer une sorte de concurrence avec Afrique 24 qui s’est déjà imposée dans ce continent ?
Le terme Africanews n’a pas été choisi en fonction de la réalité d’Africa 24. Ce terme a tout simplement été choisi en fonction de l’arrêté d’Euronews. Comme nous avons Euronews, il semble important pour nous d’écrire de la même manière notre marque en Afrique appelée Africanews. C’est un rappel d’Euronews qui ne prend pas en compte la concurrence du marché. Nous sommes bien conscients de l’existence d’autres chaînes d’information que nous sommes tenus de respecter. Nous continuerons sur le même modèle qu’Euronews qui, aujourd’hui, a treize éditions linguistiques. Le format d’Africanews ressemblera au format d’Euronews. J’espère qu’Africanews aura sa place sur le marché des chaînes d’information, et que beaucoup d’autres chaînes panafricaines verront le jour suite à la trace d’Euronews car ce marché est en pleine explosion. Euronews n’a pas la prétention de prendre la place d’une chaîne quelconque.
Avez-vous déjà trouvé un siège ?
Nous sommes en réflexion, car le choix du site constitue l’un des éléments fondateurs. Dans la coopération que nous avons établie avec la Télévision congolaise, chacun peut apporter une solution. Notre partenaire congolais nous aidera à trouver un siège. Dans les prochains jours, nous aurons des discussions avec des partenaires congolais à l’issue desquelles nous prendrons cette première décision. Nous voulons faire de Brazzaville la capitale du journalisme africain. Pour cela, il nous faut un bâtiment placé au cœur de la ville.
Avez-vous déjà une idée de l’audiovisuel congolais ?
J’en ai parlé avec le directeur général de Télé Congo, j’ai déjà eu des premières analyses de la part de mes amis installés ici, qui m’ont renseigné sur le paysage médiatique congolais. Je rappelle qu'Africanews n’est pas un média congolais mais plutôt un média panafricain international qui a pour siège Brazzaville, de la même manière qu’Euronews a son siège à Lyon en France, que la connaissance par Euronews du paysage médiatique lyonnais n’est pas un élément déterminant dans la réussite du projet Euronews partout en Europe.
En dehors de Brazzaville, envisagez-vous de vous installer dans un autre pays africain ?
Bien sûr. Brazzaville sera le siège mondial d’Africanews. Il est prévu d’établir un réseau de pigistes, de correspondants permanents, ou de bureaux régionaux. Dans le budget, il est prévu de développer un tel réseau. Il y’aura des bureaux, des correspondants qui seront tous affiliés au siège de Brazzaville. Nous pensons au Portugal, à l’Angola, au Sénégal, au Ghana, à l’Afrique du Sud, etc. Maintenant que le contrat est signé, nous avons un an et demi pour examiner tous ces aspects.
Avez-vous un message à l’endroit des autorités et de la population congolaise ?
Je remercie les Congolais de m’avoir accueilli d’une manière fantastique. C’est mon deuxième voyage au Congo, et il m’a suffi de deux visites pour obtenir la conviction de nos partenaires. Malgré tout ce qu’on peut dire de l’Afrique, je dis avec humilité qu’une chose pareille serait totalement impossible en Europe. Toutes les personnes que j’ai rencontrées sont d’un enthousiasme exceptionnel.