Est de la RDC : des tonnes de produits agricoles pourrissent en forêt

Jeudi 14 Décembre 2017 - 19:47

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Avec l’état de dégradation avancée des routes de desserte agricole, les petits producteurs utilisent le bon vieux tracteur pour évacuer plus de deux tonnes par jour, une performance inédite pour la province du Maniema présentée comme le grenier du pays.

 

Le tracteur agricole va résoudre un problème qui se pose dans la province du Maniema. Depuis un certain temps, les petits agriculteurs peinent à évacuer leurs productions vers le principal marché de consommation, faute de routes de desserte agricole en bon état. Par conséquent, Kindu, sa capitale, a enregistré sa plus forte augmentation des prix en un trimestre. En effet, une denrée alimentaire aussi stratégique que le riz a triplé au cours des trois derniers mois, au grand dam des consommateurs désespérés. Pourtant, cette province est réputée par son vaste réseau fonctionnel jusqu’à une certaine époque. Mais faute d’entretien et avec les dégâts causés par les précipitations dans une région du reste très accidentée, la plupart des routes de desserte agricole sont impraticables. Le drame est que des tonnes de produits champêtres finissent par pourrir en forêt. À défaut d’une solution durable, les petits agriculteurs optent pour le seul engin capable d’affronter les pistes les plus défoncées : le tracteur. Il est révolu le temps où il fallait transporter les produits vivriers en taxis motos à des prix faramineux. Bien entendu, cet ancien moyen de transport, très inadapté, impactait sur le prix final du marché. Toutefois, il ne s'agit pas, certes, d’un début de mécanisation même si le gouvernement central a bien remis des tracteurs agricoles qui ont été finalement détournés de leur utilisation. Cette question revient souvent dans les discussions entre experts en quête de solutions durables pour revitaliser la production agricole et réaliser le rêve d’autosuffisance alimentaire à l’échelle du pays.

Pour l’heure, les petits agriculteurs préfèrent se cotiser pour acheter le carburant au seul tracteur disponible. Celui-ci appartient à un agriculteur et multiplicateur de semences. L’avantage est déjà dans la capacité d’évacuation de l’engin par rapport à un taxi moto. Il y a aussi une réduction notable des frais de transport et une meilleure sécurité des produits évacués. Le tracteur est un don du gouvernement central pour l’aider à cultiver un espace plus large. L’on s'imagine, d’ailleurs, les retombées possibles d’une généralisation de l’usage des tracteurs agricoles tant dans la distribution que la production. Avec un seul tracteur, il a été possible de transporter plus de deux tonnes jusqu’à Kindu, le principal centre de consommation. Le débat se pose avec acuité d’autant plus que ce tracteur est le seul rescapé dans une province qui a reçu plusieurs de ces engins dans le cadre de la politique gouvernementale de mécanisation de l’agriculture. Des dénonciations ont fait état d’un détournement honteux de l’utilisation de la plupart d’entre eux par des particuliers. Plusieurs tracteurs, au départ coonsacrés à l'agriculture, sont aperçus en train de transporter des briques cuites, des eaux de ménage et d’autres produits non agricoles. Voilà des situations qui appellent à des mesures plus contraignantes pour empêcher que des aventuriers aient accès à des équipements qui boosteront la capacité de production agricole d’une province qui dispose de réelles potentialités dans ce secteur.

Laurent Essolomwa

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