Brutalité sur les membres du Rassop : l’UDPS accuse, la police dément

Samedi 2 Décembre 2017 - 15:45

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Des élus et responsables de l'opposition ont été interpellés pendant plusieurs heures à Kinshasa, le 30 novembre, lors de la marche initiée par l'opposition radicale contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila.  

La marche du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, initiée pour exiger le départ de Joseph Kabila, a, comme il fallait s’y attendre, laissé des traces. Après évaluation, il ressort que plusieurs membres de ce regroupement politique avaient été interpellés par la police et d’autres maintenus pendant de longues heures en garde à vue. Si, de manière générale, les choses s’étaient passées plutôt bien à Kinshasa sans incident majeur, certains coins de la ville en constituent des exceptions, notamment à Limete où se situe le quartier général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti phare du Rassemblement.

La police, qui s’est déployée dans les périmètres de la permanence du parti ainsi que le long du boulevard conduisant vers l’échangeur de Limete d’où devait partir la marche, a eu maille à partir avec des manifestants hystériques et fougueux. Tirs de somation et gaz lacrymogènes étaient au rendez-vous pour dissuader les jeunes militants dont plusieurs parmi les plus téméraires ont été arrêtés. Au nombre de ceux-ci, quelques cadres du Rassemblement qui étaient censés donner le go de la marche. Le secrétaire général de l'UDPS, Jean-Marc Kabund, ainsi que les députés Martin Fayulu et Jean-Bertrand Ewanga n’ont pas eu le temps de s’exécuter, tenus à l'œil par la police.

Les trois cadres du Rassop/Limete auraient été happés au lieu de ralliement par les forces de l’ordre et, avec eux, plusieurs militants mobilisés au quartier général de l’UDPS pour battre le pavé. Conduits sans « ménagement » au poste de police de l’échangeur de Limete, ils passeront plusieurs heures avant d’être relâchés. Selon Martin Fayulu qui s’exprimait peu après sa libération, ces moments passés en garde à vue se sont avérés un calvaire au regard des tortures que lui et ses collègues ont eu à subir de la part des agents de la police. Le député affirme avoir été « tabassé » comme un vulgaire malfrat. Dans le lot, il y avait également Augustin Kibassa Maliba, le président de l'UDPS/Kibassa, le député Olivier Endundo et tant d’autres du Rassemblement. Tous ont passé, d’après leurs propres témoignages, un très mauvais moment. 

Cependant, le sort du secrétaire général de l’UDPS qui s’est curieusement retrouvé, selon ses proches au camp Kokolo, paraît préoccupant car l’intéressé a fini par être admis, vingt-quatre heures après sa libération, dans une formation hospitalière de la place. « Déjà quand il était revenu hier, il se plaignait d’avoir mal partout (…) », a confié son jeune frère David Kabund. Information corroborée par la hiérarchie du parti qui, sans piper mot sur la nature exacte de la violence subie par la victime qu’elle impute du reste à la police, s’est juste limitée à condamner le « comportement barbare et indigne qui ternit l’image de la République ». Du côté de la police, on rejette ces allégations tout en confirmant qu’aucun sévisse ni traitement dégradant n'a été infligé à Kabund.

Selon le porte-parole de la police nationale congolaise, le colonel Pierrot Mwanamputu, le malheur du secrétaire général de l’UDPS, c’est de s’être retrouvé au mauvais moment et au mauvais endroit, précisément à la station Total que des jeunes délinquants tentaient d’incendier volontairement. Arrêtés par la police, les manifestants,  lui y compris, ont été relâchés quarante-cinq minutes plus tard, escortés par la police qui les a déposés chacun à son domicile.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Jean Marc Kabund

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