Arts martiaux : les judokas congolais doivent s’adapter aux nouvelles règles de jeu

Mardi 21 Janvier 2014 - 14:45

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

La Fédération internationale de judo (FIJ) adoptait, il y a quelques mois, de nouvelles règles devant régir les combats en compétition. Pour autant, les athlètes congolais qui ne sont souvent pas en compétition, ni en formation ou en stage, risquent d’être hors-jeu

La décision de la FIJ, d’instaurer de nouvelles règles de jeu au judo, répond à la nécessité de rendre ce sport de combat beaucoup plus spectaculaire. Régaler le public sportif par des beaux mouvements de projection ou d’immobilisation. Puisque les combats froids, les batailles de garde épuisantes, la rareté des ippons, les golden scores (prolongation en cas d’égalité) à répétition rendaient les spectacles ennuyeux. Ce fut le cas des Jeux Olympiques de Londres où les combats ont laissé à désirer. Voilà qui a imposé à la FIJ la refonte des règles de jeu sur plusieurs aspects techniques de la discipline.

Ainsi, s’agissant de la garde ou plutôt le kumi-kata, il est interdit aux judokas de faire lâcher le judogi (kimono) à deux mains au risque d’être sanctionnés par un shido. Cette mesure rend la bataille de garde moins épuisante. Les opportunités pour réaliser un beau mouvement, notamment le ippon, sont plus nombreuses. Le spectacle paraît alors attrayant pour le public. Par ailleurs, les compétiteurs ne doivent plus contrer leurs adversaires par les saisies au niveau des jambes, sous peine d’exclusion directe. Pour exemple, aux Mondiaux de Rio, certains athlètes ont été éliminés pour avoir saisi le pantalon adverse alors qu’ils n’avaient pas l’intention d’attaquer. Les saisies qu’on observait avant ne sont plus que les souvenirs du passé. Pour les autres règles, le golden score va désormais durer jusqu’à ce qu’un compétiteur marque un point ou soit pénalisé. Les pénalités ne compteront plus comme score. Seul le hansokumake (pénalité ayant pour conséquence la disqualification) demeure éliminatoire. En tachi-waza (combat debout), toutes les actions de mains ou de bras en-dessous de la ceinture sont interdites, que ce soit en attaque ou en contre.

Le retour du ne-waza

Le ne-waza correspond au combat au sol. Il est constitué des techniques d’immobilisation (osae-waza), des techniques de luxation (kansetsu-waza) et de celles d’étranglement (shime-waza). Le ne-waza est donc le contraire du nage-waza qui est l’ensemble des techniques de projection. Les immobilisations au sol n’avaient plus le vent en poupe dans les compétitions internationales. Alors que lors de la phase expérimentale des nouvelles règles de jeu, 34% des combats gagnés par ippon, aux Mondiaux de Rio, l’ont été remportés au sol.

Les membres de la Commission d’arbitrage de la FIJ ont donc jugé bon de valider le retour du ne-waza sur les tatamis. Une réalité que le public sportif international n’avait plus vue depuis des années. D’ailleurs, certains n’avaient cessé de le réclamer. Ainsi, la possibilité d’immobiliser en dehors de la zone, quand l’action a commencé à l’intérieur, a permis aux spécialistes du ne-waza de s’exprimer pleinement. La liste des nouvelles règles n’est pas exhaustive.

Probables difficultés pour les judokas congolais

Depuis la validation des nouvelles règles de jeu, les judokas congolais n’ont pris part à aucun séminaire, aucun stage, aucune formation pour s’imprégner de cette nouvelle donne. La Fédération congolaise de judo et arts martiaux associés (Fécojuda) n’a pas, à sa disposition, les moyens nécessaires pour y parvenir. Déjà qu’elle s’est battue, à sa manière, pour dépêcher les compétiteurs dans un tournoi international au Bénin. La moisson a été bonne d’autant plus que les athlètes ont rapporté au pays trois médailles dont une en or. Depuis, plus rien.

Pour autant, les formations et stages spécifiques doivent être organisés pour permettre aux judokas congolais de se mettre au diapason de ceux des autres pays. Car, ces derniers seront leurs adversaires dans les compétitions qui pointent à l’horizon. La connaissance des nouvelles règles de jeu épargnera donc les athlètes nationaux des pénalités pouvant leur faire perdre des titres. Alors que le pays en manque énormément. Tout doit être mis à la disposition de la Fécojuda afin de donner aux judokas la possibilité de se mettre à jour. Le travail qui se fait dans les dojos n’est pas suffisant. Si rien n’est fait, le public sportif national criera toujours au complot quand les arbitres sanctionneront les athlètes congolais pour méconnaissance des nouvelles règles de jeu.

 

Rominique Nerplat Makaya

Légendes et crédits photo : 

Photo : un combat de judo crédit Adiac