RDC : l’aide américaine subordonnée à la tenue des élections en 2018Samedi 28 Octobre 2017 - 16:36 La condition a été posée par l’ambassadrice américaine aux Nations unies, Nikki Haley, au terme de son séjour à Kinshasa marqué notamment par l’entretien à huis clos avec le président Joseph Kabila, le 27 octobre. Vivement les élections en 2018. Tel est le credo ayant sous-tendu le séjour en RDC de l’ambassadrice américaine aux Nations unies. Elle a vu et palpé du doigt le martyr des femmes violées et des déplacés de Mungote à Kitshanga, en territoire de Masisi (Nord-Kivu) où elle a effectué une visite éclair peu après son arrivée le 26 octobre à Kinshasa. Elle y est rentrée avec la conviction que seule la tenue des élections pourrait aider à panser les plaies des victimes des violences. De retour dans la capitale, Nikki Haley a, dans ses entretiens avec les différentes autorités politico-religieuses rencontrées, mis une emphase particulière sur la nécessité d’organiser les élections dans les meilleurs délais. Sans doute qu’avec le chef de l’État, Joseph Kabila, qui l’avait reçue en audience au Palais de la nation le 27 octobre peu avant son départ, elle a eu à réitérer son vœu de voir les élections être organisées à brève échéance. Rien n’a cependant filtré du tête-à-tête à huis clos de près de deux heures entre les deux personnalités, mais l'on croit savoir que la situation politique, le processus électoral, la situation sécuritaire et le redimensionnement de la Monusco ont été au cœur des discussions. « C’était un moment de convivialité pendant lequel tout a été passé en revue », entend-on dire du côté de la Présidence, sans plus. Un tête-à-tête caractérisé notamment par la fermeté de la diplomate américaine qui aurait, d’après l’agence Reuters, réitéré son souhait de voir les élections se tenir d’ici à 2018.
Alors que la Commission électorale nationale indépendante (Céni) table sur 504 jours supplémentaires pour organiser les élections à dater de la fin des opérations d’enrôlement au Kasaï avec, comme corollaire, le report des élections à 2019, Nikki Haley a opté pour une voie médiane face à l’impossibilité de tenir l’échéance de décembre comme prévu dans l’accord de la Saint-Sylvestre. 2018 paraît donc, à ses yeux, réaliste et elle l’a fait savoir le 27 octobre lors de la séance de travail avec les responsables de la Céni. L’envoyée du président américain aurait préconisé la révision de l’Accord du 31 décembre 2016, à en croire un communiqué de la Céni, appelée à dissocier la présidentielle des scrutins législatifs, provinciaux et autres. Ce qui constitue, d’après elle, un gage certain pour gagner le pari de 2018 concernant la tenue des scrutins. « Les élections doivent être organisées en 2018, sinon la RDC ne doit pas compter sur le soutien des États-Unis et de la communauté internationale », a-t-elle lâché, au sortir d’une séance de travail avec la Céni. Et d’ajouter :« Nous n'allons pas appuyer un calendrier qui ne montre pas clairement que les élections seront tenues en 2018 (…) Cela est possible si toutes les parties s'impliquent ». Vivement le vote des lois essentielles L’émissaire de Donald Trump est revenue sur cette rengaine au cours de l'audience que le président de l'Assemblée nationale, Aubin Minaku, lui a accordée. Devant son interlocuteur, elle a mis un accent appuyé sur l’urgence de voter les lois relatives au processus électoral; lesquelles permettront la tenue rapide des scrutins. « Le Parlement congolais doit faire son devoir, c’est-à-dire voter le plus rapidement possible les lois qui ont trait aux élections pour qu’elles se tiennent dans le plus bref délai », a-t-elle déclaré. Il s’agit, précisément, de la loi électorale, de la loi portant répartition des sièges et de la loi organique sur le Conseil national de suivi de l'accord en cours d’examen au Parlement. « L’appui des États-Unis d’Amérique dépendra des efforts qui seront fournis pour que les lois soient votées le plus rapidement possible et que la tenue des élections soit aussi programmée le plus rapidement », a ajouté Nikki Haley. Face à la délégation de l’opposition composée des leaders du Rassemblement /Limete dont Félix Tshisekedi, Pierre Lumbi, Vital Kamerhe et Eve Bazaïba, l’officielle américaine a réitéré la volonté ferme des États-Unis de voir tout le monde prendre part aux processus en cours pour permettre la tenue effective des élections d'ici à 2018. Une approche que ne partage pas forcément l’opposition qui plaide plutôt pour une transition politique sans le président Kabila au-delà de 2017. C’est à ce niveau que les évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cénco) estiment qu’il y a lieu de lever l’équivoque quant à la participation éventuelle de Joseph Kabila dont le mandat a expiré depuis 2016. Ceci explique la requête des évêques de la Cénco qui, a cours de la rencontre avec Nikki Haley, ont sollicité du gouvernement américain son implication afin d’obtenir de Joseph Kabila son engagement explicite de ne plus se représenter comme candidat aux prochaines élections. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Nikki Haley échangeant avec Joseph Kabila Notification:Non |