Paiements sans cash : les banques face à la pression des télécoms

Mardi 3 Octobre 2017 - 19:26

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Depuis quelques années, les deux acteurs du système financier congolais se livrent une bataille acharnée pour le contrôle du très juteux marché du paiement mobile. En dépit d'une percée des télécoms dans un secteur bien au-delà de leur objet social, les banques multiplient les initiatives pour résister aux opérateurs de téléphonie mobile. Eco Bank, une institution bancaire panafricaine présente dans 36 pays, vient de lancer le service MVisa. Pour rappel, le Groupe Eco Bank Transnational Incorporated (la maison mère) créé en 1988 à Lomé (Togo) dispose d’une filiale en RDC.

Selon les informations en notre possession, Eco Bank a lancé le mécanisme de paiement sans cash en partenariat avec Visa. On présente le nouveau service comme le fruit d’une alliance stratégique qui permet de promouvoir une forme de collaboration opérationnelle transfrontalière. Au-delà, les gains sont énormes. En effet, les clients peuvent recourir à leur téléphone mobile pour accéder directement aux fonds dans leurs comptes bancaires. Ce service est approprié également pour les paiements de type personne à commerçant ou de particulier à particulier.

Pour certains analystes, MVisa est un service qui va permettre d’accélérer le commerce numérique. Par ailleurs, il offre les solutions durables à certains problèmes récurrents dans l’utilisation des terminaux de paiement électronique classiques : coût de l’installation, alimentation électrique et connectivité Internet. Eco bank MVisa Solutions va permettre aux clients de cette banque d’envoyer de l’argent instantanément à tout titulaire d’une carte Visa partout dans le monde. L’impact sera ressenti par les Africains de la diaspora qui effectueront désormais des transferts d’argent rapides et sécurisés à d’autres détenteurs vivant dans leur pays d’origine.

Banques et télécoms entre rivalité et partenariat stratégique 

Une telle initiative a l'avantage d'encourager les africains bancarisés et non bancarisés à accéder aux services financiers. Le rapprochement entre le secteur bancaire et les télécoms est perçu comme un moyen d’accélérer la transformation numérique de la région, grâce aux avantages indiscutables du réseau mobile mondial. Même en RDC, un engouement est perçu pour les services de paiement électronique. Le pays est passé graduellement d’un système financier rudimentaire dominé par les banques à un système plus sophistiqué dominé par les marchés.

Dans cette nouvelle vague, les poids lourds de téléphonie mobile du pays ont développé pour leur compte des services de paiement mobile (mobile money), représentant ainsi des rivales impitoyables pour le secteur bancaire. Ils recrutent les clients potentiels dans leurs plates-formes bien plus fournies que celles des banques. Se basant sur ce principe, Airtel qui fut le pionnier du mobile money en RDC compte actuellement plus de 4 millions d’abonnés et donc plus de 4 millions de clients potentiels. Ce qui revient à dire que les télécoms ont une couverture bien plus large et surtout une capacité d'atteindre plus facilement leurs clients partout sur l'étendue du territoire national.  

Du côté des banques, il faut faire remarquer la percée de l’offre bancaire grâce au mobile banking. Cette alternative appuie les efforts de bancarisation rapide de la population congolaise. La principale cible des banques est les fonctionnaires et agents de l'État. Raw Bank est parmi les banques pionnières à proposer ce type de service aux commerçants dès 2006. Eco Bank fait partie des groupes panafricains ayant intégré le marché bancaire congolais, diversifiant davantage l’offre du système financier. L’avènement du paiement électronique reste ainsi un moment fort dans le développement du système financier, mais il faut relativiser son impact réel sur le secteur. En effet, le pays est encore loin d’avoir atteint une masse critique suffisante, renseignent diverses études. Des efforts doivent se poursuivre pour convaincre la majorité des Congolais encore peu réceptifs sur cette innovation. Rien n’est encore gagné.

Laurent Essolomwa

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