Télécoms : les 4 et 5 G opérationnelles en RDC d’ici deux à trois ansJeudi 28 Septembre 2017 - 16:35 C’est un pari assez fou mais certains opérateurs mobiles jugent le délai raisonnable au regard de la maturité du marché des télécoms. Selon les précisions du ministère des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication (PT-NTIC), le pays réunit actuellement les conditions techniques requises pour le lancement prochain de la 4 G. Désormais, la question n’est plus celle de savoir si le terrain est suffisamment balisé pour l’émergence de cette nouvelle technologie mais l’on s’interroge plutôt sur lequel des quatre opérateurs engagés dans cette course effrénée sera le premier à la lancer sur l'étendue du territoire national. Le ministère des PT-NTIC ne rate plus une occasion pour rassurer les consommateurs sur les efforts en cours pour doter le pays d'un écosystème adapté au lancement de la 4 G. Il a confirmé avoir mis en oeuvre les stratégies pour accélérer le développement du marché des télécommunications en RDC. Preuve d’un réel engouement national, Kinshasa a abrité le 21 septembre dernier tout un atelier sur un thème révélateur des ambitions cachées : « Comment libérer et exploiter pleinement le potentiel de la 4 G en RDC ? ». S’adressant à l’Association mondiale des opérateurs de téléphonie mobile (GSMA) lors de ces travaux, le ministre des PT-NTIC a donné plus de détails sur quelques actions programmées par l’État dans le cadre de la création d'un environnement propice à l’adoption rapide de cette technologie par les quatre opérateurs présents sur le marché congolais des télécoms, en l’occurrence Vodacom, Airtel, Orange et Africell. Depuis un certain temps, a fait remarquer un expert interrogé par la rédaction, plusieurs opérateurs affirment disposer ou être en mesure de lancer la 4 G mais ce n'est pas vérifiable. Exigence technique ou simple effet de mode L’objectif principal du gouvernement central est d’arriver à compter de nouveau sur un secteur qui a contribué fortement par le passé à la croissance économique du pays. Mais qu’en est-il de sa situation actuelle dans l’architecture économique du pays ? Selon les chiffres de la Banque mondiale (BM) concernant la RDC, les télécommunications ont enregistré une croissance de 9,6 % au cours de l'année 2016. Il s’agit concrètement de la troisième forte croissance après le secteur des industries manufacturières (+13,7 %) et celui du commerce de gros et de détail (+ 10,8 %). Ensemble avec les transports, ils ont occupé la quatrième place (17 %) dans le classement des secteurs les plus contributeurs à la croissance. À cause de la chute des cours mondiaux des matières premières, le secteur minier a reculé à la troisième position (18,3 %) laissant le champ libre au commerce de gros et de détail (22 %) et aux industries manufacturières (21,4 %). Cette vigueur des télécoms dans un paysage économique en mutation explique l’intérêt grandissant sur ce secteur dans la planification des stratégies gouvernementales visant à relancer l'économie. En effet, le gouvernement central estime que la 4 G mérite de figurer parmi les piliers qui permettront de soutenir les investissements des opérateurs dans les télécoms et ainsi de répondre à une forte demande. Quant à ces conditions techniques évoquées tout à l'heure, il y a par exemple le basculement vers la télévision numérique terrestre pour libérer les fréquences nécessaires pour le haut débit. Dans le cadre des mesures incitatives, le projet de loi sur les télécommunications en dicussion au Parlement prévoit une durée de 20 ans pour la licence et une option pour le renouvellement après expiration. Cap fixé Les télécoms représentent l’un des principaux canaux d’entrée des investissements directs étrangers dans le pays. Cependant, le secteur doit être débarrassé progressivement des maux qui le rongent dont la fiscalité et parafiscalité trop lourde. Au regard de la faible pénétration de la téléphonie mobile sur l'étendue du territoire national, il y a encore de la place pour d’éventuels nouveaux investisseurs dans le secteur, a poursuivi l'expert. En effet, plusieurs zones rurales ne sont pas couvertes par les réseaux mobiles et même dans le cas d’une couverture, il se pose un problème sur la qualité de la connexion. Face aux partisans d’une concurrence réduite pour avoir des sociétés plus robustes et viables financièrement, cet expert a rétorqué que la concurrence a contraint les opérateurs mobiles à baisser les prix et non l’inverse. Dans son analyse, il préfère se positionner du côté des consommateurs et non des sociétés. 96 % des personnes interrogées ont affirmé utiliser le téléphone portable dans leurs opérations quotidiennes (étude Banque mondiale 2015). Quant aux perspectives d'avenir des télécoms en RDC, nombre d’observateurs de la vie économique sont convaincus que le data va s'imposer dans la stratégie de croissance des opérateurs mobiles. Le cap est désormais fixé vers la 4 G et plus tard la 5 G, après l’acquisition au prix fort de la 3 G par tous les opérateurs mobiles. Pour le cabinet spécialisé Target, les études de marché auprès des abonnés actuels et potentiels sont indispensables pour arriver à accrocher. Le scénario catastrophe pour un opérateur serait de chercher à faire comme les autres ou d’amener des produits et services ayant fonctionné dans d’autres pays, met-il en garde. Comme le soutient Target, il faut d’abord maîtriser le contexte local et ensuite adapter son offre. Terminant avec cette perspective du cabinet Deloitte, les marchés de télécoms de la RDC, du Cameroun, du Burkina Faso, du Mali, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, affirme-t-il, vont afficher les croissances les plus fortes de l’Afrique francophone après 2015. Laurent Essolomwa Notification:Non |