100 jours du gouvernement Tshibala : un bilan globalement négatif !

Jeudi 24 Août 2017 - 17:49

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Mais, dans cette équipe, certains ministres se sont individuellement distingués, jusqu’à donner un peu de contenu à ce gouvernement dont les principaux objectifs étaient l’amélioration du social des Congolais et l’organisation des élections.

les graphiques des 100 jours du gouvernement TshibalaCent jours après l’investiture du gouvernement Tshibala, l’Institut de sondage Les Points a interrogé l’opinion sur le travail abattu par cette équipe. C’est une occasion, a noté ce baromètre, de faire un premier bilan de ce gouvernement dit de large union nationale, issu de l’accord de la Saint-Sylvestre et qui est composé de membres de la majorité présidentielle, de l’opposition dans sa diversité et de la société civile.

Les sondés interrogés par Les Points ont, en effet, reconnu que pendant trois mois, certains de ses 58 vice-Premiers ministres, ministres et vice-ministres ont posé chacun dans son secteur, quelques actes à impact direct ou non sur le vécu quotidien de la population. Mais, a noté l’Institut Les Points, entre promesses tenues et réalisées, errements et de nombreux défis à relever, la population a tranché.

Le baromètre Les Points a reconnu qu’« aussitôt installés dans leurs cabinets, chaque ministre a été encouragé à agir dans le sens des priorités du gouvernement et, depuis lors, des réformes ont été jugées nécessaires pour l’efficacité de l’action gouvernementale ». Comment sont-ils jugés par la population ou mieux lesquelles de leurs actions respectives ont attiré l’attention de la population ? C’était la question principale que l’Institut Les Points a posée à mille habitants de Kinshasa et de principales villes du pays, représentant toutes les couches sociales.

Une image d’opposant écornée

Selon les réponses des sondés, les premiers jours de l’ancien proche du feu opposant historique Étienne Tshisekedi à la tête du gouvernement lui ont coûté cher en termes de popularité, à cause de grandes attentes suscitées par son discours d’investiture et surtout par son discours de présentation du budget de l’exercice 2017. D’une manière générale, l’opinion a reproché à Bruno Tshibala la lenteur avec laquelle il a commencé à prendre contrôle de la gestion de l’État, qui a, en outre, écorné son image d’opposant. À cela s’est ajoutée la dépréciation du franc congolais par rapport au dollar américain qui « laisse l’impression de l’échec de ce gouvernement ». « Il se dégage globalement un sentiment d’insatisfaction à l’égard du gouvernement dont le chef, à l’instar de ses prédécesseurs, n’a pas réussi à améliorer durablement le vécu quotidien de la population qui ne fait que se détériorer de jour en jour », a relevé l’Institut Les Points qui a, par ailleurs, noté que la dépréciation du franc congolais est venu donné un coup fatal à cette équipe, accentuant ainsi ce sentiment d’échec. Selon cette étude, le bilan est très mitigé selon 35% de la population, contre 54 % qui le jugent négatif. Alors que la crise politique qui sévit au pays est considérée, en partie, comme responsable de cet échec par une certaine opinion qui estime que l’attention de certains dirigeants reste focalisée sur leur avenir.

8% pour le Premier ministre

Cette étude a, toutefois, relevé que la série de mesures populaires qui ont réjoui bon nombre de Congolais, à commencer par la poursuite des réformes de l’administration publique, la traque des fraudeurs dans le secteur douanier et récemment la volonté de poursuivre les mandataires publics soupçonnés d’avoir détourné les deniers publics, a fait que la cote du Premier ministre soit de 8%. Quant à ses ministres, seuls 14 ont été choisis comme ayant posé des actes qui méritent d’être salués. « Certains ont été écartés non pas parce qu'il n’ont pas travaillé mais à cause de certaines de leurs actions qui ont jeté de l’opprobre sur l’ensemble du gouvernement », a précisé l’Institut Les Points qui a souligné, entre autres, le cas du ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire, Steve Mbikayi, dont l’image est détériorée par son couac avec le Premier ministre sur la nomination d’un nouveau comité de gestion de l’ISC, annulée quelques jours plus tard. Quelques personnes enquêtées, a souligné l’étude, avancent même que son nom, comme ceux d’autres ministres ont été cités dans de dossiers sales indignes d’un membre du gouvernement d’un État qui se veut souverain et démocratique. Aussi cette étude a-t-elle noté que d’autres ministres n’ont, par contre, rien fait qui mérite d’être signalé au point que certains enquêtés ont éprouvé des difficultés à les identifier.

Quatorze membres sur la soixantaine sortent du lot

les graphiques des 100 jours du gouvernement TshibalaDe tous les ministres, souligne l’étude, seuls quatorze, parmi lesquels une femme, auront séduit la population. « Cela vaut la peine d’être souligné d’autant plus que le cabinet précédent n’a littéralement pas eu de bilan à présenter à la fin de ses 100 jours. Sur une base des 270/100%, les personnes interrogées où presque sont d’avis que la Fonction publique, avec le programme PRRAP, reste le secteur qui a connu le plus d’activités positives », a précisé le baromètre.

Ce qui fait que le ministre d’État Michel Bongongo a été le plus prolifique, avec 72% d’opinions positives. Les sondés ont reconnu le succès de l’opération d’harmonisation et uniformisation du salaire des agents de l’État, d’une part, et du bon démarrage du processus de rajeunissement de l’administration réalisé par le Programme de la  Réforme et du Rajeunissement de l’Administration Publique (PRRAP) avec l’appui de la Banque mondiale (BM), d’autre part. « Depuis son passage au ministère du Budget, ce proche de Léon Kengo poursuit de main de maître le programme de la réforme et du rajeunissement du personnel de l’Administration publique. En sa qualité du gestionnaire des ressources humaines de la Fonction publique, il coordonne, avec l’appui financier de la BM, le processus de mise en retraite honorable de fonctionnaires âgés. Il bénéficie de la confiance totale de cette institution de Bretton Woods mais aussi du chef de l’État à cause de la rigueur et de la transparence qui caractérisent sa gestion, un cas qui constitue un modèle dans un pays où la corruption n’étonne plus », ont reconnu les sondés qui ont noté, par conséquent, que certains ténors du pouvoir, visiblement mécontent de la réussite de l’opération de la mise en retraite de fonctionnaires, lui mettent les bâtons dans les roues.

Le deuxième sur le perron est le vice-Premier ministre chargé des Affaires Étrangères, Léonard She Okitundu, qui séduit 68% de la population par « son offensive diplomatique qui a permis de laver dans bon nombre de chancelleries essentiellement occidentales, l’image de la RDC ». Dans un contexte de crise politique morose qui sévit au pays, ont noté les sondés, il a réussi à freiner l’hémorragie de sanction ciblées et pour soigner celles déjà prononcées, il a invité les leaders africains dans la dance anti impérialisme.

José Makila Sumanda, le Vice-premier ministre chargé des Transports et voies de communication, troisième du tableau, doit sa bonne cote de popularité, 67%, à la poursuite de travaux de réhabilitation et modernisation des aéroports et aérodromes à travers le pays, d’une part, et à son implication pour sauver la société de transport urbain TRANSCO de sa mort programmée, d’autre part. « Ainsi, la quasi-totalité des enquêtés affirment l’avoir vu une fois ou plus en déplacement dans le Congo profond soit pour inspecter un chantier aéroportuaire, soit pour se rendre compte de l’état de lieux des infrastructures ou encore pour remettre des nouveaux engins(véhicules, camions anti incendie ou nouvelles locomotive. A Kinshasa, d’aucuns n’oublient ses visites d’inspection nocturnes dans les installations de TRANSCO qui, bénéficie de toute son attention », a rappelé cette étude.

Le Vice-premier ministre chargé de l’Intérieur et Sécurité Emmanuel Ramazani Shadari, a mis d’accord 64% d’enquêtés sur la volonté et la capacité du gouvernement à sécuriser la population. Ces derniers on t noté que nonobstant la résistance de certaines proches d’insécurité, il est un homme épris de paix et qui a choisi de résoudre pacifiquement des conflits sans recourir à la force, contrairement à certains de ses prédécesseurs.

Papy Niango Iz Mushemvula est cinquième de la liste, avec 59% d’opinions favorables. Les sondés ont reconnu ses efforts visant à convaincre le gouvernement à financer toutes les disciplines sportives ainsi que son implication pour la réhabilitation des infrastructures sportives à travers le pays. « Ainsi, il est aux côtés des sportifs et à leur écoute », ont-ils souligné. Le Ministre des Sports et loisirs, est suivi par       Marie Ange Mushokebwa, avec 60 % d’opinions favorables. De la Ministre des Droits humains, les enquêtés ont retenu ses aller et retours à Genève, où elle a porté la voie de la RDC en ce qui concerne le respect des droits humains. « Qu’une femme ministre sorte du lot en l’espace de 100 jours, c’est un cas rare dans un pays dont les hommes sont majoritaires dans toutes les institutions, d’où la montée en puissance de cette dame dans l’opinion », a souligné l’Institut Les Points.

Lambert Mende, septième avec 53 %, a à son actif notamment sa décision de rouvrir la Radio France Internationale, après neuf mois de fermeture. Les sondés estiment le Ministre de la Communication et médias reste un des membres du gouvernement Tshibala les plus actifs. Vient ensuite Henri Yav Mulang, huitième de la liste, de qui les sondés ont retenu que ses interventions dans les médias sont rares et chères mais que cela ne l’empêchait pas de travailler. Le ministre des Finances bénéficie de 53% d’opinions favorables notamment à cause de la thérapeutique qu’il a proposée à l’instabilité du Franc congolais. Celle-ci porte sur la mise en application des 28 mesures économiques fixées par le gouvernement mais aussi elle porte sur la suppression des taxes illégales, des frais administratifs d’interventions diverses exigés par différents services aux frontières et à l’assainissement des airs de dénouements. Jean-Lucien Bussa neuvième avec 52% d’opinion favorable est choisi grâce à l’interdiction de l’importation des poissons dénommés tilapia pour laquelle les sondés pensent qu’il a évité au pays des maladies qui pouvaient causer des pertes économiques et en vies humaines inestimables.

Modeste Bahati, ministre d’État chargé du Plan et Suivi de la révolution de la modernisation, est couronné de 50% d’opinions favorables. Les sondés lui reconnaissent un travail considérable pour la maitrise du nombre de la population. Il est pris, a noté cette étude, comme un des membres de l’équipe Tshibala les plus sollicités et les plus performants à cause du rôle stratégique de son ministère mais aussi de son poids politique au sein de la majorité.

Lucien Dianzenza

Légendes et crédits photo : 

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