Dialogue II : le temps joue contre la CéncoLundi 12 Décembre 2016 - 17:13 L'opposition demande, au nom de la décrispation, la libération des prisonniers politiques alors que la majorité fait prévaloir que les poursuites contre des opposants relèvent du droit commun et qu'elles n'ont rien à voir avec la situation politique. Cette différence d’approche autant que d’autres risquent de plomber les nouvelles assises dont l’agenda pourrait être perturbé. Entre-temps, le temps n'attend pas... Suspendus il y a quelques jours, les travaux de la deuxième phase du dialogue entre les signataires et les non-signataires de l’accord politique du 18 octobre initiés sous la facilitation des évêques catholiques redémarrent ce 13 décembre au Centre interdiocésain. À sept jours de la date du 19 décembre coïncidant avec la fin du mandat constitutionnel du chef de l’État, les participants ont intérêt à parer au plus pressé en offrant des alternatives plausibles susceptibles de permettre un passage sans casse de cette échéance tant redoutée par de nombreux compatriotes. Le temps file et, curieusement, on en est encore à des discussions préliminaires qui, d’ores et déjà, donnent la mesure du fossé qui sépare les deux camps en présence, plus que jamais figés dans leurs positions. Soutenant avoir fait énormément des concessions, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement tient à avoir gain de cause dans ses revendications dont celle liée à la libération des prisonniers politiques et au retour de exilés politiques, allusion faite à l’ex-gouverneur Moïse Katumbi. Les délégués de cette plate-forme entendent ainsi peser de tout leur poids dans la commission relative aux « mesures de décrispation politique » alors que leurs interlocuteurs en face (les représentants de la Majorité) font prévaloir que les poursuites contre des opposants relèvent du droit commun et qu'elles n'ont rien à voir avec la situation politique. Autre exigence du Rassemblement qui, déjà, fait débat, c’est celle concernant la retransmission en direct sur la chaîne nationale des présentes négociations directes « pour que l’opinion nationale et internationale soit informée ». Dans une déclaration ayant sanctionné une réunion extraordinaire de la plate-forme tenue ce week-end, le Rassemblement est resté constant dans ses positions, visiblement peu disposé à concéder davantage sur des questions qu’il croit non négociables. C’est notamment le cas du respect de l'alternance démocratique qu’il inscrit parmi les points prioritaires à traiter. Étienne Tshisekedi et ses affidés continuent, en effet, à surfer sur le départ de Joseph Kabila à la fin de son mandat tout en appelant la population « à demeurer mobilisée » et « à rester vigilante » pour l’idéal politique qu’ils défendent, en l’occurrence la défense de la Constitution et des droits de l’Homme, du principe de l’alternance, de la consolidation de l’État de droit et de la démocratie. En acceptant d’aller aux négociations sous l’égide de la Cénco, le Rassemblement qui est resté constant dans ses prises de position vient, selon des indiscrétions, de monter de plus belle les enchères en exigeant cette fois-ci la primature pour conduire la transition. Une revendication qui risque de faire tâche d’huile, d’autant plus que cette plate-forme ne reconnaît pas Samy Badibanga, le Premier ministre nouvellement nommé qui, pourtant, continue de se revendiquer de l’UDPS. En considérant toutes les exigences formulées par le Rassemblement, d’aucuns sont sceptiques quant à une issue favorable de ce dialogue à obtenir d’ici le 19 décembre. Les divergences d’approche notamment sur le principe de la gestion commune de la transition sont telles que beaucoup doutent qu’un compromis politique sera trouvé dans les trois jours qui suivent. Cependant la majorité présidentielle, qui ne jure que par l’accord politique de la Cité de l’UA, est décidée à sauvegarder ce qu’elle pense être déjà un acquis. Le camp présidentiel est visiblement prêt à en découdre avec le Rassemblement sans que le fondement dudit accord ne soit hypothéqué. L’on est donc parti pour des négociations qui risquent de prendre plus de temps que prévu avec, en toile de fond, des contradictions internes entre le Rassemblement et le Front pour le respect de la Constitution autour du quota via leurs partis phares, en l’occurrence l’UDPS et le MLC. Jusqu’à quelques heures de la réouverture des travaux, cette question était encore sur la table de la Cénco qui a tout intérêt à sortir le grand jeu pour éviter que les choses ne s’enveniment. Au-delà de cette question, il y a celle liée à l’identification des délégués dont certains ont vu leur statut d’opposant être récusé par leurs compères. Au regard des enjeux en présence et des positions figées des uns et des autres, le scepticisme reste toujours de mise malgré le petit pas déjà franchi avec la validation des mandats des délégués, l’adoption des six points de divergence entre les deux parties prenantes comme matières retenues à l’ordre du jour et l’élaboration du Code de bonne conduite. Alain Diasso Notification:Non |