Football et recherche : Abasiko scrute la politique de recrutement des joueurs étrangers en RDCMercredi 2 Novembre 2016 - 18:45 Le football a dépassé le stade d’un phénomène pour devenir aujourd’hui un fait social intégral. Et le ballon rond a, par ailleurs, permis des mouvements des joueurs à travers le monde. Un footballeur peut exercer son métier partout dans le monde du moment que le langage du football est identique partout, les lois du football étant les mêmes sur n’importe quelle aire de jeu. Aussi sont-ils apparus depuis plusieurs années bien d’autres phénomènes liés à ce sport de masse, le cas de la question aussi bien sportive que structurelle relative au statut d’un footballeur étranger dans un pays donné.
En RDC, l’on observe une montée importante de la présence des footballeurs étrangers (d’autres pays africains), recrutés dans certains clubs, ainsi que des entraîneurs étrangers. Cette présence de plus en plus importante des footballeurs et entraîneurs expatriés n’a-t-elle pas d’incidences sur les athlètes et techniciens locaux ? Journaliste sportif à la Radiotélévision nationale congolaise (RTNC), Jean-Jacques Abasiko Akengelaka s’est penché sur cette question dans son mémoire de licence défendu très récemment à la faculté des sciences sociales, politiques et administratives de l’Université pédagogique nationale (UPN) à Kinshasa, sous la direction du Pr Émile Bongeli, avec l'aide du Pr Célestin Kadima Kamunukamba qui a donné une touche particulière à ce travail de recherche. « Politique de recrutement des joueurs et entraîneurs expatriés dans les clubs de football de la RDC et son impact sur les joueurs et entraîneurs nationaux de 2009 à 2015 », c’est le thème de cette étude singulière et inédite menée par Jean-Jacques Abasiko. Dans le premier paragraphe de la problématique de l’étude, l’auteur fixe les esprits : « Dans le monde, le recrutement des joueurs expatriés au sein des clubs des différentes fédérations ne tient pas compte notamment de la nationalité des joueurs, de la race, car la discrimination raciale est interdite par le règlement de la Fifa. Les recrutements se font en fonction de talents des joueurs, des performances suivant les postes, les prix de transferts ne sont pas uniformes dans le monde. Ils sont fonctions de la renommée des joueurs à cause de leurs talents et des techniques de jeu ». Après avoir fait le survol des lois, règlements et aspects de recrutements en Europe (Arrêts Bosman et Malaja), en Amérique Latine, Jean-Jacques note qu’en Afrique, en 2009, les recrutements étaient libéralisés et les clubs de football pouvaient recruter un grand nombre des joueurs expatriés suivant les possibilités financières. Mais depuis 2013, poursuit-il, « les équipes se conforment aux statuts des fédérations qui limitaient les recrutements des joueurs évoluant au pays et qui pouvaient être sélectionnés dans les équipes nationales ». Les restrictions existent toutefois pour protéger en quelque sorte les talents locaux, aussi bien au Maghreb (Algérie, Tunisie, Maroc) que dans d’autres pays comme le Cameroun, le Gabon, l’Angola. La situation en RDC est telle que de 2009 à 2015, « les clubs de football étaient autorisés de recruter un grand nombre des joueurs suivant leur possibilité financière ». Actuellement, la note circulaire du 17 novembre 2015 du ministre des Sports, se basant sur la loi sportive promulguée le 24 décembre 2011, a limité le nombre des joueurs expatriés pour la compétition nationale à trois. « Soucieux de garantir l’éclosion et la promotion des talents des athlètes congolais, il est impérieux pour les fédérations sportives nationales, les groupements sportifs particuliers et le comité para-olympique d’insérer dans les règlements généraux sportifs ainsi que dans les règlements de leurs compétitions sportives et championnats respectifs dans 45 jours, les dispositions relatives à la réduction à trois le nombre d’athlètes de nationalité étrangère devant prendre part à une rencontre officielle. Cette instruction doit être de stricte application », souligne en substance ce document ministériel. Mais la conclusion générale de l’étude indique que « la mesure du ministère souffre encore d’application… ». Et l’auteur fait remarquer que la hausse du niveau technique et la renommée des clubs employant les joueurs et entraîneurs expatriés, la création de la concurrence, la sollicitation des sponsors par les équipes pour accroître les chiffres d’affaires afin d’être en mesure de rémunérer les joueurs et entraîneurs expatriés sont les impacts positifs du recrutement des expatriés. Par contre, ce recrutement des joueurs et techniciens étrangers est budgétivore et démotive les joueurs et entraîneurs nationaux, étouffant leur progression. Cette étude menée pour la première fois a, de ce fait, le mérite de fournir des informations importantes sur la situation des joueurs étrangers (extracommunautaires dans l’espace de l’Union européenne), en Amérique latine et particulièrement en RDC. Elle livre aussi un éclairage sur l’implication de l’État à travers le ministère des Sports dans cette nouvelle donne dans l’univers du football. Martin Enyimo Légendes et crédits photo :Jean-Jacques Abasiko, journaliste à la Rtnc et auteur de l'étude Notification:Non |