L’exposition universelle de Milan ferme ses portes samediMardi 27 Octobre 2015 - 17:15 Plus de vingt millions de personnes ont franchi les portes de l’Expo-2015 pendant les six mois où elle est restée ouverte : un record ! Même les sceptiques et les opposants politiques du Premier ministre Matteo Renzi sont bien obligés d’en convenir : l’Exposition universelle ouverte le 1er mai dernier sur la plaine de Rho, à Milan, a été un succès. Malgré les désordres de départ, les grèves et les scandales de corruption, elle a été un triomphe. À quelques heures de sa clôture, la manifestation a brassé des centaines de milliers de visiteurs, alors que des exposants venus des quatre coins de la planète ont illustré à leur façon le thème général retenu : Nourrir la planète, énergie pour la vie. Des Kazakhs au Biélorusses, des Zimbabwéens aux Congolais des deux rives ; des Camerounais, Ivoiriens et Burkinabè sont venus à l’exposition dire et montrer comment ils luttaient contre la faim et nourrissaient leurs peuples. De la culture du riz sans eau, aux mille façons de transformer l’igname ; de la consommation de la viande de crocodile ou de zèbre à celle des criquets : tout à Milan a été présenté, expliqué, commenté, consommé. Une autre manière de souligner la diversité humaine, et surtout le ridicule qu’il y a à qualifier de dégoûtant ce que mangent les autres. Le Congolais de Brazzaville qualifiera de dégoutante la consommation d’escargots, et sera interloqué d’entendre des commentaires peu ragoutants sur ses chenilles et son ngoki. C’est d’ailleurs aussi la preuve par mille que la nourriture, la manière de s’alimenter, relèvent aussi fortement de la culture d’un peuple. Pourquoi manger des cancrelats ferait-il vomir un Congolais mais pas un Japonais ou un Philippin ? Pourquoi tel Français raffolerait-il de fromage baveux et puant mais rechignerait à goûter au mbwata, plat de choix dans la Vallée du Niari et à base de manioc ? À vrai dire, il n’y a pas eu confrontation à l’Expo mais présentation. Avec des fortunes diverses. La manifestation aura été une découverte du monde dans les déclinaisons de son alimentation et un formidable carrefour d’affaires aussi. Des contrats ont été signés ; les aliments dits exotiques y ont gagné en visibilité et sont entrés dans le business normal. Le Mozambique exportera désormais des œufs de crocodile, le Zimbabwe de la chair de zèbre, son fameux zebraburger ayant fait fureur sur la plaine du Rho. Un jeune chercheur du Congo-Brazzaville, César Nkounkou, est venu y présenter une sorte de yaourt de manioc qui, une fois cuit à l’eau chaude, devient un manioc complet, l’odeur incommodante et le gluten en moins… L’Expo aura été tout cela : six mois de découvertes sans fin, avec des stands à succès comme ceux du Japon, de l’Italie ou du Kazakhstan. Avec aussi des sommités mondiales venues parfois de très loin : le Russe Vladimir Poutine, la première Dame américaine Michelle Obama, le secrétaire général de l’ONU Ban ki-Moon. Sans parler des nombreux chefs d’Etat africains qui y ont défilé : M. Alassane Ouattara de Côte d’Ivoire ; M. Ali Bongo Ondimba du Gabon… alors que la manifestation s’était ouverte le 1er mai avec un hôte de marque : le président Denis Sassou N'Guesso, invité officiel du Premier ministre italien Matteo Renzi. « La fermeture est confirmée pour le 31 octobre, à contrecœur », a dit le commissaire général de l’Exposition, Giuseppe Sala. Mais quel bilan concret ? Les voyants sont presque partout au vert. Milan a vu le nombre de ses touristes bondir de 35%, et l’Italie table sur un gain de plus de 0,1 point de PIB pour l'année 2015, avec des recettes touristiques de quelque 6 milliards d'euros grâce à l’Expo. Mais l’Expo, c’est un message universel aussi grâce à la Charte de Milan sur le droit à l’alimentation. Lucien Mpama Notification:Non |