PPRD : Katumbi se détourne de Kabila

Mercredi 30 Septembre 2015 - 17:45

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L’ex-gouverneur de l’ex-province du Katanga, Moise Katumbi Chapwe, a officiellement démissionné le 29 septembre à partir de Lubumbashi du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement (PPRD), formation politique du président Joseph Kabila. Il a, à la même occasion, rendu son tablier de gouverneur de province.

Le président du célèbre club de football Tout-Puissant Mazembe assumait les fonctions du président interfédéral du parti présidentiel dans l’ex-province du Katanga aujourd’hui découpé en quatre provinces. C’est par un tweet que l’opinion nationale a pris connaissance du départ tonitruant de Katumbi du PPRD. « Aujourd’hui, j’ai informé le secrétaire général du PPRD de ma démission du Parti du peuple pour la reconstruction et le développement. Au moment où, nous peuple congolais, entrons dans la dernière ligne droite du dernier mandat constitutionnel du président de la République, les faits indiquent que depuis maintenant un an, tout est mis en œuvre pour ne pas respecter la Constitution en entretenant retard, flou et illisibilité du cycle électoral et en élaborant une stratégie de glissement des dates des scrutins. Après la tentative de changer l’article 220 pourtant verrouillé de notre Constitution, après l’échec des Concertations nationales, à l’ordre du jour figure maintenant un projet de loi portant sur les modalités d’organisation des référendums qui renforce encore la confusion. Est-il opportun d’avoir une telle loi aujourd’hui ?», souligne la déclaration politique du désormais ex-président interfédéral du PPRD Katanga.

Moise Katumbi a, par ailleurs, stigmatisé le manque de moyens financiers évoqué par le gouvernement pour ne pas organiser l’élection des gouverneurs des nouvelles provinces, tout en optant pour la nomination des commissaires spéciaux. « Cela énerve la Constitution ! », clame-t-il. Dans une interview par liaison téléphonique accordée à France 24 dans la même soirée du mardi, il indique : « J’ai démissionné pour me ranger aux côtés des démocrates et lutter pour renforcer notre jeune démocratie dans notre pays… Si j’avais trempé dans le parti, c’était pour sauvegarder la démocratie dans notre pays ». Si Moise Katumbi n’a pas encore avoué son ambition de briguer la magistrature suprême, il a toutefois lancé son appel à tous en ces termes : « J’ai fait appel à tout le monde, parce que c’est une jeune démocratie et on n’a pas droit à l’erreur, sinon le pays va sombrer, c’est important pour moi, l’opposition, la majorité présidentielle, toutes les forces vives, même la société civile. Ça fait dix ans seulement, notre démocratie est encore jeune, nous devons lutter pour elle, nous devons reconstruire notre pays ».

Divorce prévisible…

Le divorce est donc consommé entre Moise Katumbi et le parti présidentiel. Pour d’aucuns, cette séparation était prévisible. L’on a encore frais en mémoire sa déclaration faite à Lubumbashi avec la symbolique de trois penalties, lors de son retour après quelques semaines passés en Europe pour des soins médicaux. Cet évènement avait attisé une forte tension au sein de la majorité présidentielle et suscité moult réactions. Mais ensuite il y a eu apaisement de manière mitigée. Et Moise Katumbi a maintenu sa position sur le respect constitutionnel par tous sans exclusion, acceptant sur la base de la loi fondamentale le découpage de la province du Katanga.

Pour une certaine opinion, son départ du PPRD fragiliserait encore plus le camp présidentiel, après les démissions en cascade enregistrées au sein des institutions nationales des membres du Groupe de sept partis politiques (G7) de la majorité présidentiel (parmi lesquels l’Unafec de Gabriel Kyungu wa Kumwanza) qui a adressé une lettre ouverte au président Kabila lui demandant de respecter la Constitution. « Deux leaders populaires du Katanga, Katumbi et Kyungu, se sont séparés de la majorité présidentielle. Cela va certainement avoir des conséquences. Et l’on pourrait préfigurer que l’électorat du Katanga acquis à ces leaders pourrait échapper à la majorité présidentielle», a tenté de faire remarquer un analyste politique. L’on attend voir l’évolution de cette situation dans le camp du pouvoir en place, alors que certains mouvements politiques réitèrent leur fidélité indéfectible au chef de l’État, Joseph Kabila,  ainsi que l’avenir politique de Moise Katumbi, pressenti candidat président de la République.

Martin Enyimo

Légendes et crédits photo : 

Moise Katumbi se départit du PPRD

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