Interview Martin Kayembe : « La formation est aussi valable pour les grandes entreprises »

Jeudi 23 Juillet 2015 - 13:30

Abonnez-vous

  • Augmenter
  • Normal

Current Size: 100%

Version imprimableEnvoyer par courriel

Formateur chevronné œuvrant au sein de Crownlink Worldwide RDC, offre ses services à plusieurs entreprises, y compris les PME, comme souligné dans la première partie de l’interview accordée aux Dépêches de Brazzaville. Son expertise a fait ses preuves, par son entremise la société susmentionnée fournit de la consultance en management de façon très professionnelle et différents services afférents. Il livre ici un aperçu sommaire du travail qu’il abat.

 

Martin KayembeLes Dépêches de Brazzaville : Il nous revient que vous avez une autre expertise que la formation à faire valoir. Qu’en est-il de manière succincte  ?

Martin Kayembe : Je suis aussi souvent emmené à implanter des entreprises en RDC, mettre en place une société, une structure. J’ai été appelé à organiser le recrutement, trouver l’emplacement, démarrer le business afin de permettre ensuite à l’entreprise de se mettre en route, au responsable de prendre les rênes sans difficulté. Dans d’autres cas, j’interviens pour réorganiser des départements dans une entreprise, souvent le département commercial.

LDB : De quelle manière faites-vous profiter votre expertise à votre clientèle  ?

MK : Actuellement, je travaille plus avec les banques. Ma formation est plus centrée dans le domaine du management et du leadership, ce sont principalement les grandes entreprises et les banques qui s’y intéressent, mais c’est aussi valable pour les PME. Beaucoup de cadres ont besoin d’affirmer leur leadership et leur qualité de coaching, d’où je fais également du coaching en entreprise. Le reste, à savoir tout ce qui est attitude le service à la clientèle, service après-vente et fidélisation du client, est également important. J’aime bien cet aspect-là qui a trait au service clientèle, il est bon d’apprendre à ses collaborateurs à mieux servir les clients. Fidéliser les clients est important à mes yeux.

LDB : Plusieurs entreprises disent faire face à une carence de main-d’œuvre qualifiée à plusieurs niveaux. Quel est votre avis à ce sujet ?

MK : Lorsqu’on ne fait pas un job description bien approfondi sur ce que l’on veut vraiment et quel candidat on veut, il n’est pas facile de trouver le bon. Et, ici chez nous, la tendance est de faire confiance aux gens que l’on connaît sans spécialement faire cas de leur compétence, l’on se fie au facteur confiance. C’est un problème relativement fréquent. L’on est plus porté à prendre son cousin que l’on croit à même de rendre service en toute confiance plutôt qu’un inconnu. Ce n’est pas dit qu’il a les compétences du poste. C’est encore plus flagrant dans les PME qui, souvent, sont dirigées par des gens qui se sont battus tout seul, n’ont pas spécialement une grande formation. Ils estiment qu’ils travailleront mieux avec des gens qu’ils savent maîtriser, éventuellement qu’ils connaissent. D’où la tendance à engager des proches même s’ils n’ont pas toujours la compétence requise. Ici, nous n’avons pas la culture de formation, mais les sociétés qui ont compris cet aspect des choses investissent dans les formations. C’est pour cela que je me suis plus ou moins dirigé vers ce secteur-là parce que je pense pouvoir donner quelque chose à nos compatriotes du fait de mon expérience et de mes compétences.

LDB : Un exemple où le facteur confiance prime sur la compétence  ?

MK : Dans les PME c’est plus flagrant parce que là, le responsable peut se dire je n’ai pas besoin d’un comptable, il se limite juste à enregistrer les chiffres dans les livres. Pourtant, un comptable peut être un élément majeur dans une petite PME, par exemple. Mais au lieu d’engager un manager confirmé qui peut lui développer son business, le patron qui n’a jamais dirigé rien du tout se dit : « Puisqu’il s’y connaît, il va me voler ». C’est le mot-clé en fait, la confiance c’est au niveau du détournement. Et du coup, il veut tout faire, mais il n’est pas Dieu le père, il n’est pas formé à tout faire. Chacun a sa spécialité. Un bon manager, non seulement il est généraliste, mais il doit être en mesure de coacher les gens, les diriger et avoir un leadership positif.

LDB : La formation s’impose-t-elle comme une nécessité rien que pour les PME ?

MK : La formation est aussi valable pour les grandes entreprises dans la mesure où le client reste le même pour les deux. Par ailleurs, certaines d’entre elles ont quand même investi dans la formation du service à la clientèle. C’est le cas de certaines banques. J’y ai donné des formations dans ce domaine bien précis et le changement s’observe bien. Les jeunes qui sortent de nos écoles aujourd’hui ont un problème de compétence, je crois qu’il est temps que nos entreprises commencent à penser à mettre le client en avant. Les PME par contre, n’aiment pas trop investir dans les formations alors que c’est la clé de la réussite. Vous allez boire un verre quelque part, vous mettez trois heures avant que l’on vous serve. Vous entrez dans un magasin, personne ne vous dit bonjour, c’est d’ailleurs vous qui devez aborder le vendeur. Les choses doivent changer parce que le client est devenu de plus en plus connaisseur, est de plus en plus informé avec Internet et l’ouverture au monde. Le client sait qu’il y a des endroits où il est traité comme il se doit, il est roi. C’est un aspect qu’il faut emmener à changer petit à petit dans la mentalité ici chez nous.

LDB : Généralement combien de temps faut-il pour qu’une formation donne des résultats ?

MK : Les résultats sont immédiats parce que les formations sont pratiques. Il arrive des fois où l’on fait des formations sur mesure. Après étude du besoin de l’entreprise, on détecte les lacunes et on calibre une formation pour elle spécifiquement. Les résultats sont alors immédiats, il n’y a pas photo. En général, une semaine, deux semaines plus tard l’on revient pour voir comment cela a évolué et l’entreprise peut nous appeler à tout moment dans le cadre de notre formation pour aider à améliorer les choses. Mais en général, c’est immédiat. C’est des formations très pratiques et pragmatiques.

 

Nioni Masela

Légendes et crédits photo : 

Photo : Martin Kayembe

Notification: 

Non