Exposition universelle de Milan : une vitrine aussi pour le Congo

Mardi 2 Juin 2015 - 14:45

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Réalités, opportunités et atouts du Congo ont été exposés samedi à la National Day de Milan par le gouvernement venu en force à l’Expo-2015. Éclairage.

Au bout de seulement un mois, l’Exposition de Milan est déjà un succès. Hommes d’affaires, inventeurs et surtout visiteurs de tous horizons se pressent par centaines de milliers sur cette plaine de Rho où est établie l’Expo-2015. Chaque semaine une « National Day » est organisée. Samedi 30 mai, c’était la journée du Congo comme mardi 2 juin a été celle de l’Italie. Montrer, démontrer, étaler le savoir et le savoir-faire en matière de lutte mondiale contre la faim.

Venu en force pour sa « National Day », le Congo a mis en branle ses autorités les plus compétentes dans la cohérence du thème choisi : « Nourrir la planète, énergie pour la vie ». Conduite par le ministre d’État du Développement industriel et de la Promotion du secteur privé, Isidore Mvouba, sa délégation comprenait les ministres Rigobert Maboundou (Agriculture et élevage), Adelaïde Mougany (PME et Artisanat), Bruno Jean Richard Itoua (Recherche scientifique et Innovation technologique), Claudine Munari (Commerce et Artisanat), Josué Rodrigue Ngouonimba (Tourisme et environnement) et Raphaël Mokoko (Délégué au Plan). Elle était renforcée par des conseillers et experts de premier plan alors que l’ambassadeur du Congo en Italie, Mamadou Dékamo Kamara, était aux côtés des hôtes italiens pour faire, en quelque sorte, les honneurs de la maison.

10 millions de terres disponibles dont seulement 2% sont mises en valeur

La journée du Congo a surtout connu, l’après-midi, un forum de présentation des potentialités économiques du pays. Le plan de développement impulsé par le président Denis Sassou N'Guesso et mis en partition par le gouvernement entend aplanir les écueils sur la voie du partenariat et instaurer un climat des affaires propice au développement. Car le Congo aujourd’hui est « un pays apaisé », qui dispose de 10 millions de terres disponibles dont seulement 2% sont mises en valeur.

« La volonté du Congo en venant à l’Expo, c’est de faire que les deux moitiés de la planète aient chacun un peu des deux réalités qui s’opposent mais doivent se compléter » : à savoir l’abondance d’un côté, la faim et l’appétit de l’autre, a dit le ministre d’État Isidore Mvouba, reprenant à sa façon une dérision du comique français Coluche (dont il a par ailleurs rappelé, le lieu s’y prêtait, qu’il était d’origine italienne). Italiens et Congolais de la diaspora sont venus écouter ce que le Congo avait à offrir, les chances d’y mener des affaires et de conclure des partenariats moins exposés aux aléas et à la bureaucratie.

Au centre des débats...

Le ministre d’État a indiqué que les investisseurs commençaient à arriver en masse au pays, menant leurs activités dans un contexte optimal et sécurisé. Le forum s’est prolongé par des colloques en tête, des B to B, entre ceux qui avaient des propositions et les différents secteurs ministériels interpellés. Très souvent cités, le BTP et l’élevage, le tourisme, le commerce et le climat des affaires d’une manière générale ont occupé les ministres une bonne partie de l’après-midi.

Un entrepreneur congolais s’est plaint de la bureaucratie, un étudiant de ce que le pays mettait en place pour l’accueil des étudiants ayant terminé leurs études et voulant rentrer. Aux uns et aux autres, il a été répondu, y compris en intégrant (comme l’a fait l’ambassadeur Dékamo) la proposition italienne d’aider désormais les étudiants finissants à pourvoir repartir monter un projet viable chez eux.

Voici donc un mois très exactement que L’Expo a ouvert ses portes à la périphérie de la capitale économique italienne, chef-lieu de la très industrieuse Lombardie. Aujourd’hui, selon les chiffres diffusés par les organisateurs, le cap des 2,7 millions de visiteurs a été franchi (1 million pour la seule zone thématique, « cluster », du café !). Dès les premiers jours, le Congo, installé au cluster tubercules et céréales, a tenu à y prendre une place de choix. Il a été parmi les tout-premiers États africains à nommer son directeur – sa directrice - de stand. Et, à l’ouverture officielle de la manifestation le 1er mai dernier, le premier ministre italien Matteo Renzi a voulu associer le chef de l’État Denis Sassou N'Guesso, un des rares dirigeants du continent présents à l’inauguration.

Zao : l’artiste aussi peut nourrir le monde

À Milan, le Congo cherche à montrer les aspects multiformes de sa dynamique vie de tous les jours. C’est pourquoi la présence de quelques-uns de ses artistes ne pouvait pas dépareiller. Un groupe folklorique téké a eu littéralement la palme de la séduction, sans ses pagnes en raphia, chapeaux à plume et t-shirts rouges. Il a agrémenté l’ouverture de la journée samedi au Stand central de l’Expo.

À côté d’eux, il y a eu aussi Zao l’artiste bien connu, aux facéties interpellantes sur scènes et dans ses chansons. Ses succès, qui ont fait le tour du monde, ont fait bouger l’espace culturel avant le forum. Italiens (ou Européens d’une manière générale) et Congolais (ou Africains de la diaspora) se sont jetés en piste aux sons de « Ancien combattant » ou « Saoulard ». Entre deux sollicitations de selfies, Zao a répondu à la presse : « Les artistes aussi peuvent nourrir le monde. Les préoccupations du monde sont les nôtres. Au fond, nous sommes des remueurs d’idées », a-t-il dit.

Mais à Milan, Zao a surtout fait remuer les hanches. Ses tubes ont été applaudis et réclamés. À un moment du spectacle, la ministre Claudine Munari s’est même mise debout et a exécuté un pas de danse des plus réussis. Succès à tout rompre à l’applaudimètre !

 

Le stand du Congo

Le stand du Congo à l’Exposition universelle de Milan est inséré dans l’exposition thématique, « cluster », des tubercules et céréales. Il voisine ceux du Mozambique et du Zimbabwe, non loin de celui du Burundi… fermé, sans doute pour les raisons qu’on voit aux actualités. Le Congo agricole est venu avec une modestie qui souligne toutefois la potentialité de ce qui est, mais aussi la volonté de ce qui devrait être. Des ananas sont exposés, des échantillons de tissus en raphia, un peu de café, mais surtout toutes les ressources que l’on peut tirer du manioc dont il est producteur à autosuffisance, et des différents types de tubercules : ignames et patates douces.

Le stand propose différentes déclinaisons du foufou et de produits dérivés, sans gluten (y compris une version plus rassurante de ses boissons alcoolisées locales). Sa farine de patate et de plantain a été une grande curiosité pour de nombreux Italiens, qui ont découvert que celle-ci peut être une très valide substitution à la farine de blé dont le Congo n’est pas producteur.

Dans un angle de stand tapissé d’un vert-paspalum soyeux, un jeune inventeur venu du Canada vante les mérites de ce qu’il appelle « Kwanga Excellence ». César Nkounkou présente en sachet un produit qui pourrait ressembler à du yaourt, mais qui est du manioc. Une fois plongé dans l’eau chaude, il prend la forme du manioc classique. Avec l’avantage sans les inconvénients : pas d’odeur agressive, élasticité et surtout conservation pendant plus de six mois au frigo, sans altération ni conservateur. Ceux qui ont goûté ce produit, y compris sous l’œil sévère de l’auteur de ces lignes, confirment : « Manioc.zéro », comme l’appelle aussi son inventeur est une promesse de gourmet. Alors, Marché de Mikalou ou de Total, faites place !

 

 

Lucien Mpama, envoyé spécial à Milan

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