Fao-Congo : « L’objectif est de mobiliser 15 millions de dollars entre 2013-2016 », déclare Dieudonné Koguiyagda

Lundi 16 Mars 2015 - 12:45

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Le 8e représentant de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en République du Congo est arrivé en fin de mandat. Après six ans passés au sein de cette représentation du système des Nations unies au Congo, ce haut fonctionnaire international de 62 ans estime avoir apporté sa pierre à l’édifice et contribuer au développement de la République du Congo. Dieudonné Koguiyagda s’exprime dans cette interview exclusive avec Les Dépêches de Brazzaville.

Les Dépêches de Brazzaville : Vous êtes en fin de mandat. Quels ont été vos objectifs de départ ?

Dieudonné Koguiyagda : Le rôle d’un représentant de la FAO dans un pays membre est de faire en sorte qu’un pays bénéficie au maximum de tous les avantages et de toute l’assistance que l’organisation se doit de donner à ce pays membre. Mon rôle a été de travailler en symbiose avec tous les ministères, les partenaires nationaux de manière générale mais également en synergie avec les partenaires au développement pour qu’ensemble nous puissions accompagner les efforts du gouvernement. Travailler sur la base des priorités qui sont définies par le gouvernement dans le cadre d’une synergie mais surtout sur la base d’une stratégie claire. Nous nous sommes évertués à développer le programme de terrain, répondre aux besoins exprimés par les différentes institutions nationales à travers des requêtes officielles mais également en mettant l’assistance technique de la FAO à la disposition du gouvernement que ce soit dans le domaine de l’agriculture, de la pêche, des forêts, de la promotion de la femme, du commerce, des Petites et moyennes entreprises.

LDB : Pourquoi autant de ministères impliqués ?

DK : Je cite plusieurs ministères parce que nous abordons un domaine qui concerne plusieurs départements à la fois car nous mettons l’accent sur la nécessité de travailler en synergie et de manière complémentaire. Nous avons tendance à parler de l’agriculture, mais l’agriculture induit la sécurité alimentaire et nutritionnelle impliquant plusieurs départements ministériels pour sa mise en œuvre.

LDB : Vos objectifs ont-ils été atteints ?

DK : Quand je regarde six ans en arrière, étant arrivé en 2009, nous avons fait des efforts. Mais dans le monde du développement, nous avons besoin de continuer à faire des efforts puisque cela demande du temps. Il y aura bien sûr des obstacles mais notre rôle est celui de les lever en apportant les compétences nécessaires car nous avons l’avantage d’apporter l’expérience acquise par ailleurs puisqu’elle est avérée.

LDB : Quel est le portefeuille alloué à la FAO ?

DK : Pour ce qui est de notre volume de programme de terrain, nous l’avons bougé de 2 millions 400 mille à près de 13 millions de dollars pour trois domaines prioritaires identifiés dans le cadre de programmation pays. Et ce n’est pas encore fini car l’objectif est de mobiliser 15 millions de dollars entre 2013 et 2016. Cependant ce n’est pas le volume qui importe mais l’impact sur le terrain qui est le plus important. Quel que soit le partenaire, que l’on ait à cœur de voir si nos actions ont un impact sur les bénéficiaires. Pour mieux le savoir, c’est au bénéficiaire de s’exprimer.

LDB : Parlant d’impact, que peut-on retenir de cette coopération Congo-FAO, concrètement ?

DG : L’action la plus récente, nous sommes en train de réaliser le recensement général de l’agriculture. Le dernier date de 1985. Nous ne pouvons plus continuer à raisonner en termes de planification, de définition des objectifs sans savoir sur quelle base nous planifions. Pendant plus de trois décennies, nous avons continué à utiliser des données extrapolées qui ne correspondent plus à la réalité. Je vous prends un exemple où il est indiqué que le Congo compte 300 mille actifs agricoles, sur quelle base cela est dit ? Avec le recensement général de l’agriculture, nous aurons au bout du compte des données à jour, parce qu’il couvre l’ensemble du territoire. Le plus important c’est la mise en place d’une base de données que l’on peut mettre à jour à tout moment. Nous avons aussi assisté plusieurs institutions dans la planification et la programmation pour l’élaboration des stratégies de développement et des plans d’action, des outils permettant à mieux affronter les partenaires au développement. Nous l’avons fait dans le domaine de l’élevage, la pêche et l’aquaculture, la filière manioc et nous avons d’autres domaines sur lesquels nous sommes tenus de continuer cette approche.

LDB : Quels enseignements tirez-vous de cette coopération, Congo-FAO ?

DK : J’ai tiré beaucoup de leçons. L’apprentissage, c’est la connaissance des hommes, du milieu, de l’environnement, de la manière dont on travaille. Des approches sur lesquelles on devrait mettre l’accent : renforcer la coordination des actions des partenaires, développer et renforcer la participation des organisations de la société civile, et de celles des producteurs et continuer à renforcer les capacités des cadres des institutions en matière de planification et de mise en œuvre des programmes de terrain. Et surtout gardons constamment à l’esprit la nécessité de faire le suivi évaluation.

LDB : Expliquez-vous.

DK : Il faut renforcer les ressources humaines au niveau de tous les départements. Je crois que c’est la plus grande richesse. Quel que soit ce que l’on planifie tant qu’on n’a pas les ressources humaines aguerries qui les mettent en œuvre, nous n’irons pas loin. J’insiste sur la nécessité de renforcer les capacités à travers des formations. Le deuxième aspect est le renforcement de la coordination de la part des partenaires au développement et que cela se fasse sous la tutelle des partenaires nationaux de l’ensemble des institutions. Souvent, on oublie les organisations de la société civile alors qu’il est important de les considérer en acteurs de développement. Et aussi il est souhaitable de mieux organiser les bénéficiaires, de ne pas travailler de manière isolée mais les encourager, les renforcer, les former et les emmener à agir en se prenant en charge. Il faut veiller à ce que la méthodologie soit la même pour tous les groupements.

LDB : Le Congo est le dernier pays dans votre carrière de fonctionnaire international. Quelle expérience avez-vous tirée ?

DK : Cela a été pour moi une école. J’ai beaucoup appris. J’ai eu une expérience enrichie pas seulement professionnelle mais aussi de la société. Pour avoir fait plusieurs pays, j’étais confronté à plusieurs types de sociétés et c’est cela mon école. J’en sors ravi et je remercie Dieu de m’avoir permis de réaliser 34 ans de carrière aux Nations unies, car cela m’a permis de prendre du recul. Aujourd’hui j’ai une autre vision du monde qui nous entoure et les solutions à nos problèmes de développement, je les appréhende beaucoup plus facilement.

Qui est Dieudonné Koguiyagda ?

C'est un Sahélien venu vivre dans une zone forestière. Il est né au Burkina Faso en 1953. Il jouit d’une bonne formation universitaire en science économiques et gestion financière. Toute sa carrière professionnelle s'est déroulée au sein du système des Nations unies dans l’élaboration des programmes, la mise en œuvre ainsi que la gestion financière.

Il a débuté en tant que chargé de programme national dans son pays d’origine au sein du programme des Nations unies pour le développement pour terminer représentant de la FAO au Congo depuis novembre 2008. Il a servi principalement en Afrique, dans les pays tels la Mauritanie, le Tchad et le Ghana. Ce fonctionnaire international prend sa retraite après avoir fait bénéficier de son savoir et de sa compétence à quelques pays.

Nancy France Loutoumba

Légendes et crédits photo : 

photo: Dieudonné Koguiyagda