Télécommunications : le syndicats des agents de Congo Telecom boudent la création de la Société du patrimoine nationaleJeudi 4 Décembre 2014 - 15:00 Les travailleurs de l’opérateur historique de télécommunications en République du Congo s’insurgent contre la création de la société du patrimoine nationale (SPN) que le gouvernement voudrait mettre en place pour la gestion de la fibre optique. Ils se sont exprimés le 2 décembre avec en prime une déclaration qui contient leur argumentaire. Pour les agents de Congo Télécom, la création de la SPN est techniquement et économiquement irréalisable. Ils ont prié le ministre des Postes et télécommunications « de retirer sans condition son projet de création d’une société chargée, de gérer la fibre optique, qui d’ailleurs constitue la colonne vertébrale sans laquelle Congo Telecom n’existera plus ». Selon ces syndicalistes, la télécommunication est un tout cohérent de trois composantes : les centraux, la dorsale à fibre optique (transmission) et le réseau d’abonnés. Du point de vue technique, dans leur argumentaire, ils précisent que les mêmes équipements servant à gérer les transmissions sont aussi utilisés pour raccorder les abonnés à travers les centraux téléphoniques. En définitif, les centraux, la transmission et le réseau d’abonnés sont le patrimoine imbriqué dans les infrastructures de Congo Télécom apporté par le projet de couverture nationale. « La fibre optique permet à Congo Télécom d’interconnecter ses sites et les villes du pays et aussi la sortie internationale par Matombi. Comment Congo Télecom fonctionnera t-il si on lui ôtait la fibre optique ? », ajoutent-t-ils. Du point de vue économique, la SPN représenterait un investissement nul pour l’État. Les travailleurs expliquent qu’elle viendrait alourdir un secteur qui fonctionne déjà bien. La SPN est considérée comme une société intermédiaire pour revendre des capacités et de facto, la conséquence immédiate est l’augmentation des coûts de communication. « Pendant que l’État veut retirer à Congo Télécom la fibre optique, il octroie des licences de déploiement de réseau à fibre optique aux opérateurs de téléphonie mobiles et même aux fournisseurs d’accès internet. Qui alors achètera la capacité à la SPN si ce n’est que Congo Télécom ? Alors qu'elle est une entreprise publique, patrimoine de l’État à consolider. En définitive, la SPN et Congo Télécom ne peuvent pas vivre ensemble ou c’est l’une qui disparaît pour laisser la place à l’autre », ont souligné les syndicalistes. Par ailleurs, les travailleurs de Congo Telecom se disent déterminés à défendre leur outil de travail et réfutent toute idée de « saucissonnage » de leur entreprise par la création de la SPN. « Les autres entreprises publiques ont bénéficié de grands projets d’infrastructures, il n y a donc pas de raisons que Congo Télécom ne bénéficie pas des infrastructures du projet de couverture nationale et de la station d’atterrage de la fibre optique internationale WACS », ont-ils expliqué ajoutant que dans d'autres pays, la fibre optique est gérée par les opérateurs historiques. ils ont cité les cas des pays comme la République démocratique du Congo, le Cameroun et le Sénégal. Les travailleurs ont rappelé que la création de la SPN coïncide avec le schéma de la Société congolaise de production d’électricité (SCPE). Celle-ci avait pour mission de gérer toutes les centrales hydroélectriques et thermiques afin de vendre l’électricité à la Société nationale d’électricité. Aujourd’hui la SCPE a été dissoute. Dans nos précédentes parutions, le ministre des Postes et télécommunications qui est intervenu plusieurs fois sur la gestion de la fibre optique avait signifié la nécessité de la confier à des professionnels. Pour lui, le Congo a un problème de gouvernance dans ce domaine. Lors de la présentation des vœux au début de 2014, Thierry Lézin Moungalla avait annoncé que Congo Télécom connaîtrait une réforme juridique de sorte à s’arrimer aux exigences de l'heure avec pour résultat : sa compétitivité sur le marché national. Nancy France Loutoumba |