Bassin du Congo : quel est l'impact social de la certification forestière ?Jeudi 20 Novembre 2014 - 16:45 Le Bassin du Congo compte environ 5,3 millions d’hectares de concessions forestières certifiées dont environ 2,5 millions d'hectares pour le Congo. Les organismes internationaux spécialisés dans le domaine des forêts pensent qu’il est temps d’évaluer les impacts sociaux dans les Unités forestières d’aménagement (UFA) certifiées et non certifiées. Motif : les surfaces certifiées sont appelées à augmenter. Face à cet enjeu, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a financé une étude en collaboration avec le Centre de recherche forestière international (CIFOR) et le CGIAR Research Program on Forests, Trees and Agroforestery (FTA). Ce travail s’inscrit dans le cadre du projet Impacts sociaux de la certification du FSC dans le bassin du Congo. L’étude a été présentée le 20 novembre au cours d’un atelier organisé à cet effet. Elle s’articule autour de l’efficacité des accords négociés et des plates-formes de dialogue entre les sociétés d’exploitation forestière et la population locale. Ce document occasionnel évalue l'impact de la mise en œuvre de la certification FSC dans les UFA des trois pays du Bassin du Congo. L'étude se situe à trois niveaux : les conditions de travail et de vie des salariés des entreprises forestières et de leurs familles ; l’efficacité et la légitimité des institutions mises en place pour réguler les relations entre les sociétés forestières et les communautés riveraines ; les droits des populations locales et leurs usages coutumiers des forêts. La récolte des données s’est déroulée dans dix-huit UFA. La première moitié concerne celles qui sont certifiées et la seconde moitié, celles qui ne le sont pas au Cameroun, au Gabon et au Congo, à raison de trois pour chaque pays. « En comparant les entreprises certifiées ou pas, nous avons pu couvrir l’essentiel des concessions certifiées. Nous avons couvert un grand espace et nous avons eu une approche objective pour les comparer. Cela n’avait jamais été fait auparavant de manière aussi large, objective et détaillée », a souligné Guillaume Lescuyer, chercheur CIRAD-CIFOR. Une certification entraînant un progrès social Les résultats présentés indiquent que la certification dans le Bassin du Congo a permis de pousser les entreprises vers un progrès social significatif. Une fois que les entreprises ont décidé d’obtenir la certification, des améliorations ont été notées sur le plan social. Par exemple, dans les UFA certifiées, l’étude relève de meilleures conditions de travail et de vie pour les ouvriers et leurs familles ; des institutions inclusives et mieux gouvernées pour les négociations entre la population locale et les entreprises forestières ; des mécanismes de partage des bénéfices mieux gérés et plus efficaces et des façons innovantes d’aborder les problèmes relatifs aux pratiques coutumières. Les promoteurs de l’étude considèrent que les résultats sociaux positifs se matérialisent davantage dans les UFA certifiées que dans celles qui ne le sont pas. Une remarque soutenue par le fait que la certification impose aux entreprises d’élaborer et de respecter un calendrier de mise en œuvre de plusieurs critères, vérifiables durant les évaluations annuelles. L’étude a aussi épinglé la suspension d’un certificat FSC en République du Congo. Un sujet pour lequel les opinions sont partagées. Le document a cité cet exemple pour illustrer que le FSC peut émettre des sanctions et les faire respecter. Par contre les UFA non certifiées sont limitées exclusivement par la loi. Il est noté un agenda de mise en œuvre plus flexible et aussi aucune vérification des normes sociales et davantage de conflits avec les populations locales. Ce tableau est une contribution aux discussions actuelles sur les impacts de la certification des forêt au niveau de la planète et des personnes qui y vivent. Toutefois, l’étude réfute la complaisance entre le FSC et les sociétés certifiées, car toute la logique de la certification FSC est d’évaluer les gestionnaires forestiers. « Les résultats de cette étude devraient constituer un atout pour impulser la certification forestière dans la sous-région. De même, en cas d’impacts non significatifs, une révision de la norme FSC pourrait être envisagée », a déclaré le directeur de cabinet du ministre de l’Économie forestière et du développement durable, Michel Elenga, en ouvrant les travaux de l’atelier, en présence du coordonnateur régional du programme forêt au WWF, Daniel Tiveau. Rappelons qu'à travers la certification FSC, une société forestière apporte des preuves sur la bonne gestion de sa concession. Cette gestion doit être responsable et s'appuyer sur de bonnes pratiques : respect des dispositions légales et bien-être des populations locales.
Nancy France Loutoumba Légendes et crédits photo :Photo 1 : Des fontaines publiques à Pokola expriment la politique sociale de la CIB ;
Photo 2 : Ufa de Loundoungou : sensibilisation des populations autochtones à la gestion forestière |