Interview. Serge Mumbu : « 80% des personnes âgées de 12 ans et plus sont abonnées à un opérateur de téléphonie mobile »

Les Dépêches de Brazzaville : À la lumière de cette étude axée sur « les chiffres-clés de la téléphonie mobile », quelle est votre évaluation du niveau de pénétration de la téléphonie mobile à Kinshasa ? 

Serge Mumbu : Le niveau de pénétration de la téléphonie mobile est très élevé à Kinshasa. Notre étude révèle que 80% des personnes âgées de 12 ans et plus sont abonnées à au moins un opérateur de téléphonie mobile. Ce chiffre élevé s’explique par le fait que Kinshasa a toujours été la cible première de tous les nouveaux opérateurs. On préfère toujours commencer par Kinshasa avant de se déployer en provinces. Comme les prix des cartes sim et des téléphones ont sensiblement baissé ces dernières années, de nombreux Kinois se sont abonnés aux réseaux cellulaires.

LDB : Qui peuvent représenter actuellement les cibles potentielles pour les opérateurs de la téléphonie mobile ?

 SM : Actuellement, il y a relativement moins de jeunes de 12-17 ans (56%) ainsi que les élèves/étudiants (71%) qui sont abonnés à un réseau cellulaire. Cette cible peut intéresser un nouvel opérateur mais il faudra s’assurer au préalable de leur capacité à acheter régulièrement des cartes de communication. C’est toujours mieux pour un opérateur de téléphonie mobile de disposer d’une clientèle « active » en termes d’achat de cartes et/ou consommation de crédits de communication. Cette étude révèle notamment que ce sont les personnes actives (86%) et les habitants de Lukunga (88%) qui sont les plus nombreux à souscrire un abonnement télécom chez un opérateur de téléphonie mobile.

LDB : Quels sont les changements notables que révèle l’étude au cours de ces dernières années ?

SM : Il y a d’une part l’augmentation du nombre d’usagers (80% en 2014) mais aussi l’attrait de plus en plus grand des Kinois pour les Smartphones. 25% des abonnés déclarent utiliser actuellement un Smartphone, et ce chiffre est encore plus grand (31%) auprès des jeunes de 18 à 34 ans. Avec le succès des réseaux sociaux et les applications (Facebook, Twitter, Whatsapp, Viber,…), tout le monde veut avoir un téléphone à la mode et plus performant. Il y a enfin une relative baisse du phénomène Multisims. Près des ¾ des abonnés ne disposent que d’une seule SIM, question de se concentrer sur un seul réseau dans un contexte de crise économique.

LDB : Combien d’opérateurs contrôlent-ils actuellement le marché kinois et quels sont les principaux atouts ou raisons de satisfaction qui leur ont permis soit de se maintenir soit de percer ? 

SM : Il y a deux opérateurs (Vodacom et Tigo) qui dominent le marché kinois. Pour le premier, c’est avant tout la bonne qualité et la stabilité du signal, tandis que pour le deuxième, il y a une tarification abordable. Il faut aussi relever que ces deux opérateurs projettent une image jeune, ce qui attire les jeunes kinois qui sont largement majoritaires au sein de la population.

LDB : Quelles sont les plaintes des utilisateurs qui reviennent très souvent ?

SM : Ce sont surtout les perturbations sur le réseau (chez Africell et Tigo), la tarification élevée (chez Vodacom et Airtel) ainsi que l’envoi de nombreux messages aux abonnés (chez Tigo et Airtel).

LDB : Les Kinois expriment-ils ou pas une préférence pour les grandes marques de Smartphones ? 

SM : En matière de Smartphones, les Kinois manifestent une nette préférence pour les grandes marques internationales en général, et pour Samsung en particulier (47% des choix contre 17% respectivement pour Nokia et Blackberry). Nous avons également constaté cette préférence pour les grandes marques internationales dans notre dernière étude sur les jeunes congolais lorsqu’il s’est agi de leur demander quelles sont les marques qu’ils considèrent comme jeunes.