La paix par le ballon rond et par la foi

Mercredi 3 Septembre 2014 - 12:04

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Anciennes et actuelles gloires du football mondial ont répondu lundi à l’invitation du pape François à jouer un match des religions pour la paix

Au Congo, on les appellerait « les Ewawa » ou vieilles gloires, ces vedettes passées du football qui, cheveux grisonnants ou bedon naissant parfois ont poussé le ballon lundi soir au stade olympique de football. Les Diego Maradona, Gianluigi Buffon, Andrea Pirlo, David Trézéguet ; l'Ukrainien Andreï Shevchenko, l'Israélien Yossi Benayoun et autres Roberto Baggio ou Sulley Muntari du Ghana ont chaussé leurs crampons pour la bonne cause.

Ils ont répondu nombreux à l’appel du pape catholique à s’unir par le sport pour faire avancer la cause de la paix, quelle que soit la foi de chacun. Ils ont représenté une quinzaine de religions, une pléiade de nations et, au final, un match très serein qui n’a connu ni carton jaune ni, a fortiori, de carton rouge ! Le pape l’a sans doute suivi à la télévision. Première en absolu, la rencontre a été semée de symboles tous aussi forts les uns que les autres.

Ainsi, avant qu’ils gagnent le stade, les participants à cette rencontre avaient été reçus au Vatican par le pape en personne qui a tenu à leur rappeler que ce match entendait exalter « une culture de la rencontre », les « valeurs universelles » qui transcendent religions et différences pour la paix dans le monde. « La religion doit être vecteur de paix, non de haine. Le ballon rond est un exemple de coexistence qui permet d'exclure toute discrimination de race, de langue, de religion », a dit le Souverain pontife.

Grand passionné de football lui-même, le pape a rappelé les vertus d’une compétition sportive saine à ses yeux : « la loyauté, le partage, l'accueil, le dialogue, la confiance en l'autre ». Et un peu plus tard, quand les joueurs sont arrivés au stade, le pape les a de nouveau appelés à jouer en union, Dans un vidéo-message, en effet, le chef de l’Église catholique a rappelé que « jouer en équipe pour une compétition loin d’être une guerre, sert la paix. C’est pourquoi le symbole de ce match est l’olivier ».

Le trophée du match a en effet été un double olivier : en métal argenté pour le pape, puis dans sa forme naturelle, symbole de paix, qui a été planté près du Stade de Rome. Rappelons que cette rencontre a été organisée par l’ancien joueur argentin, qui a terminé sa carrière en Italie, Javier Zanetti. L’idée lui serait venue l’an dernier après un colloque privé avec le pape, son compatriote.

La compétition a eu lieu aussi pour soutenir l’activité de deux associations éducatives : la "Scholas Occurentes" du Vatican, et la "Fondation Pupi", créée par Zanetti et son épouse pour une « nouvelle éthique de la citoyenneté ». Au final, le match s'est soldé par un score de 6 buts à 3. L'équipe de Maradona, Roberto Baggio, Gianluigi Buffon a été battue par celle d'Alessandro Del Piero, David Trézéguet et Javier Zanetti.

Pour Diego Maradona qui a multiplié les déclarations sur son « retour vers la religion », le match a marqué la jonction de deux énergies : « aujourd’hui, deux puissances se sont unies : la main de Dieu et la main du pape », en référence au but qu’il marqua – de la main ! – et qui qualifia l’Argentine au détriment de l’Angleterre à la Coupe du Monde de 1986. « Mais, a-t-il ajouté, (le pape) François est plus grand que moi, et le monde a besoin de lui. Heureusement qu’il n’est pas gardien de but ! ».

L’Argentin, très heureux, a tenu à terminer la rencontre de bout en bout malgré un embonpoint assez handicapant dans les relances. Mais il garde encore les réflexes et les coups de patte qui firent de lui, le « pibe d’oro » (pied d’or). Il a soulevé les vivats du stade olympique chaque fois qu’il a touché le ballon. C’est qu’en Italie, on continue de chérir ce mythique N°10 qui fit les beaux jours de Naples.

Lucien Mpama