Municipalisation accélérée du Niari : la population de Moungoundou-Sud dénonce les chantiers abandonnésVendredi 20 Juin 2014 - 13:11 Ils sont nombreux les « opérateurs économiques » qui se volatilisent dans la nature après avoir encaissé des sommes d’argent du contribuable congolais pour la construction des infrastructures… À travers le pays, on trouve de nombreux chantiers abandonnés. Tel est le cas dans la sous-préfecture de Moungoundou-Sud, dans le département du Niari Ici, plusieurs chantiers amorcés depuis 2006 à la faveur de la municipalisation accélérée restent inachevés malgré les acomptes perçus par les entrepreneurs — parfois des « fils du terroir » — chargés de les réaliser. Ainsi une dizaine de projets, s’ils étaient arrivés à terme, auraient positivement transformé l’image de la sous-préfecture de Moungoundou-Sud, qui manque d’infrastructures de base. Des chantiers abandonnés ou des malfaçons Parmi les ouvrages non achevés ou abandonnés, figure la résidence du sous-préfet, dont les travaux ont été confiés à l’entreprise GECC. Selon les sources locales, le chantier « a été abandonné dès son lancement en 2006, avec un taux de réalisation qui n’atteint que 30 %. L’entrepreneur en charge dudit chantier serait décédé et aurait été remplacé par l’un de ses frères qui aurait pris la clé des champs ». Actuellement, les lieux sont envahis par les herbes : hérissons, rats palmistes, serpents et autres petits animaux de la forêt y ont trouvé refuge. Une situation qui ruine tous les espoirs de ceux qui étaient désignés pour les occuper. Autre lieu, autre chantier abandonné : celui du collège d’enseignement général (CEG) de Moungoundou–Sud dont les travaux concernaient la réhabilitation de l’ancien bâtiment et la construction d’un autre. Le tableau renvoie à celui de la sous-préfecture, outre qu’ici, une partie du mur a été détruit. « Les travaux confiés à la société Dady’s Services ont été réalisés à 45% », précise le secrétaire général de la sous-préfecture, Emmanuel Kélékélé. L’école primaire de la localité n’a pas échappé au phénomène. En effet, l’un de ses deux bâtiments de trois salles de classe, dont les travaux avaient été confiés en 2006 à la société EBACO, est resté sans couverture jusqu’en 2013. L’entrepreneur est parti, narguant les autorités chargées du suivi des travaux. D’où l’intervention du député de cette circonscription électorale, Alphonse Koua, qui a mis la main à la poche pour doter le bâtiment d’une toiture. Le même sort est partagé par l’hôpital de Moungoundou-Sud, dont le chantier est exécuté par la société ACPS à hauteur de 70%. Selon certaines sources, ce chantier est arrêté depuis 2009 faute de financement. À propos des travaux d’adduction d’eau potable, lancés en 2006, leur exécution atteint 90%. Depuis 2009, ils sont restés en l’état sans qu’aucune explication ne soit fournie aux populations même si la rumeur fait écho du manque de générateur. L’Hôtel de police, construit par la société Ekambi Bâtiments, a quant à lui été réceptionné provisoirement. En effet, il ne fait pas l’unanimité au sein du service de contrôle. « Ces travaux n’ont pas été réalisés selon les règles de l’art. En peu de temps, le bâtiment s’est dégradé d’une drôle de façon », constate un habitant. La population réclame que l’impunité cesse Irresponsabilité, immoralité, inconscience, insouciance : ces mots sont des populations qui qualifient ces opérateurs démissionnaires « d’ennemis de la République » et ne comprennent pas qu’« ils continuent de se la couler douce ». Pour les femmes et hommes de Moungoundou-Sud, l’État doit sévir. « Il est inconcevable que ce genre d’actes bénéficie de l’impunité », déplore un habitant, visiblement scandalisé. Le député rassure… En séjour à Moungoundou-Sud, du 13 au 15 juin, Alphonse Koua, député de la circonscription, a pris la mesure de la situation. « J’ai déjà fait état des projets abandonnés lors des questions orales au gouvernement avec débat. Je ne cesserai pas d’en parler tant que ces projets ne sont pas terminés. La population doit être patiente, car ces projets vont se réaliser progressivement dans le cadre de l’exécution du plan national de développement du gouvernement. » Autrement dit, la balle est dans le camp du gouvernement qui doit poursuivre les opérateurs économiques véreux qui circulent librement afin de leur infliger des sanctions qu’ils méritent, quel que soit leur rang social. Jeanice Hortence N’guellet (stagiaire) |