Ville-morte de vendredi 9 mars : les mouvements citoyens bottent en touche !Samedi 10 Mars 2018 - 17:15 La grève générale à l'appel des mouvements citoyens demandant le départ du président Joseph Kabila a été très peu suivi, tant à Kinshasa qu’à l’arrière-pays. Le 9 mars, Kinshasa a connu son rythme de vie normal. L’appel à une journée ville-morte lancé par des mouvements pro-démocratie a accouché d’une souri. En effet, les Kinois, dans leur large majorité, se sont rendus comme d’habitude à leurs lieux de travail quoiqu’aux premières heures, la prudence était encore de mise. Timide au départ, le trafic a pris sa vitesse de croisière dès 9 heures du matin rythmant ainsi la vie dans la ville-capitale. Les activités ont tourné en plein régime comme si de rien n’était. Les écoles ont ouvert quand bien même beaucoup des parents, réticents, ont préféré garder leurs enfants à la maison pour parer à toute éventualité. « Je ne peux pas rester à la maison. Je suis obligé de sortir pour chercher de quoi nourrir ma modeste famille. Dans ce pays, nous vivons au jour le jour. Je suis de cœur avec les organisateurs de cette ville-morte, mais qu’ils me disent comment je vais tenir jusque lundi », confiait un Kinois débrouillard comme en voit un peu partout dans la ville. Ils se font appeler « chailleurs », c’est-à-dire une catégorie d’hommes et de femmes qui vendent tout ce qui leur tombe entre les mains, juste pour le besoin de survie. C’est à peine que de nombreux kinois apprenaient en route la nouvelle de la ville morte. La sensibilisation n’a pas été au rendez-vous. Même constat dans les grandes villes du pays telles que Goma, Kisangani, Bukavu, Mbandaka, Kananga et Lubumbashi où la population a vaqué normalement à ses activités faisant fi de l’appel à la grève générale. Les mouvements citoyens initiateurs de cette action n’avaient pas visiblement pris la mesure de l’évènement en se projetant une image fausse d’eux-mêmes. Sans encrage sociologique ni envergure nationale, ils ont cru que seul un simple appel du reste non appuyé par une forte sensibilisation sur le terrain suffisait pour faire le reste. Là où les partis politiques mettent un à deux mois pour organiser ces genres d’opérations assorties des stratégies de communication bien pensées, les mouvements citoyens n’ont mis que quatre jours avec l’ambition de mettre les Congolais sous leur coupe. Un pari trop risqué pour ces mouvements citoyens dont la majorité des Congolais a du mal à saisir la portée réelle de leur action et surtout de leur combat politique au contenu diversifié. Ce qui fait que, nonobstant l’entrée en scène du Comité laïc de coordination de l’Église catholique de Kinshasa et de quelques partis politiques de même obédience, l’action n’a pas produit des résultats escomptés puisque mal organisée à la base. « Par ce geste, le peuple a choisi une seule voie, celle d’aller vers des élections démocratiques attendues par tous (…) afin de permettre l’éclosion d’une alternance pacifique et durable en République démocratique du Congo », a laissé entendre un acteur politique proche de la majorité. Pour rappel, des mouvements pro-démocratie avaient appelé à la grève générale en mémoire des victimes de la répression de la troisième marche des catholiques du 25 février contre le maintien au pouvoir du président Joseph Kabila. Au total, dix-sept personnes ont été tuées au cours de la répression des trois marches catholiques (31 décembre 2017, 21 janvier et 25 février) interdites par les autorités. Ces mouvements citoyens demandent au président Joseph Kabila de déclarer publiquement qu'il ne se représentera pas à la présidentielle prévue pour le 23 décembre 2018. Ils exigent également le respect de l’accord de la Saint-Sylvestre dont les mesures de décrispation (liberté de manifester, libération des prisonniers politiques...) tardent dans leur application. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Le carrefour de Matonge à Kinshasa Notification:Non |