Tony Bolamba : « Le débat de 2016 sera clos par le peuple congolais seul ».Lundi 26 Mai 2014 - 16:00 Ce leader associatif exhorte, par ailleurs, le gouvernement à se préoccuper davantage des problèmes sociaux de base des Congolais qui ne demandent pas mieux que de vivre en toute décence. À la tête du Mouvement pour le Congo (Moco), Tony Bolamba ne rate jamais une seule occasion pour commenter l’actualité politique de son pays et partager ses réflexions avec la communauté. Un exercice routinier qu’il affectionne pour recadrer le débat politique, surtout lorsque celui-ci arpente des sentiers sinueux. Tel est le cas de la récente visite de John Kerry à Kinshasa perçue par une certaine opinion comme une caution à son attachement à la non-révision de la Constitution. Pour certains leaders politiques, en effet, le secrétaire d’État américain a clos le débat de 2016 en plaidant pour le strict respect de la Constitution. Une attitude que Tony Bolamba trouve irresponsable, pas très loin d’un parent qui se réjouirait de voir ses problèmes familiaux être réglés par quelqu’un de l’extérieur. Pour le président du Moco, c’est de bon droit pour ceux qui ont la majorité au Parlement d’amender ou de faire des propositions de loi visant à assurer leur maintien au pouvoir. Il trouve légitime cette démarche d’autant plus qu’elle est garantie par la même Constitution. « C’est à l’opposition de s’organiser pour affûter ses armes afin de faire face aux challengers de la Majorité en perspective des prochains scrutins », fait remarquer Tony Bolamba nullement ému par les propos du diplomate américain. Et d’enfoncer le clou en ces termes : « Le débat de 2016 sera clos par le peuple congolais seul ». Évoquer les problèmes de fond Commentant le dernier voyage du chef de l’État en France, Tony Bolamba l’inscrit notamment dans le cadre de la francophonie qu’il présente comme « un lien fort » existant entre la France et la RDC qu’il fallait « réchauffer ». Tout en mettant une emphase particulière sur le partenariat économique entre les deux pays qu’il faudrait redynamiser, il ne maque pas de marteler sur les facilités à accorder dorénavant aux potentiels investisseurs. « Il faut alléger les taxes. Il faut que certains de nos dirigeants arrêtent de rançonner les investisseurs. Dans les milieux d’affaires, j’ai de nombreux amis étrangers qui me disent que ce qu’on demande en RDC est exorbitant. C’est pour cette raison qu’ils vont ailleurs », dit-il. D’où son credo pour l’installation rapide d’un gouvernement responsable avec des hommes intègres, patriotes, dotés d’un sens aigu de l’État et qui font de leurs fonctions un sacerdoce. Sept mois d’attente pour mettre en place le fameux gouvernement de cohésion nationale, Tony Bolamba le trouve excessif au moment où il y a des priorités et des urgences à faire face. Au-delà, il estime qu’il faudrait observer un temps d’arrêt pour discuter des problèmes de fond, notamment le social des Congolais, la santé, l’eau et l’électricité, l’éducation, les salaires, etc. Bref, il exhorte le gouvernement à se préoccuper davantage des problèmes sociaux de base des Congolais qui ne demandent pas mieux que de vivre en toute décence. Et le président du Moco d’épingler le cas d’une jeune-fille morte récemment sur une simple opération d’appendicite dans une formation médicale de la place. Un cliché symptomatique de la décadence du tissu médical congolais avec, en soubassement, des centres de santé sous-équipés et un personnel moins qualifié. C’est ce genre de débat, pense Tony Bolamba, qui devrait préoccuper la classe dirigeante. Moco en phase d’implantation Au moment où certains leaders politiques se perdent en conjecture sur les scrutins de 2016 jusqu’à en faire une fixation, Tony Bolamba se prépare. La prolongation ou non du mandat de Joseph Kabila paraît être le cadet de ses soucis. Son association qui entend jouer les premiers rôles demain sur l’échiquier national cherche d’ores et déjà à se donner les moyens de son action. Après l’établissement de son siège à Kinshasa, le Moco s’attelle désormais à l’implantation de ses différents bureaux afin de se rapprocher davantage de ses membres. Association libérale et centriste, le Moco n’est affilié à ce jour à aucune plate-forme associative et préfère encore observer avant de se décider. « Nous signerons le moment venu des alliances en perspective des prochaines élections, mais nous n’allons pas nous associer avec n’importe qui. Nous avons nos objectifs tels que la promotion des valeurs républicaines. Pour l’instant, nous restons dans une position neutre et d’observation. Si alliance il y aura, elle se fera pour le bien de la population », précise-t-il. Il insiste cependant sur le respect de l’identité et des principes du Moco par le regroupement associatif éventuel d’où il pourra s’affilier. Cette association de la diaspora qui entend s’affirmer en tant que tel au pays à l’instar des écologistes en France compte postuler à tous les niveaux des scrutins. « Vous serez surpris », déclare d’un ton ferme Tony Bolamba tout confiant du travail qui s’effectue en amont en annonçant qu’avant le 30 juin, le Moco pourra organiser sa toute première manifestation d’envergure à Kinshasa laquelle manifestation donnera le go de ses activités. Parlant de l’imposition du visa entre les deux Congo qui, d’après certains, dissimulerait une crise qui ne dit pas son nom, Tony Bolamba se veut plutôt rassurant. « Dans la vie des humains et des États, des moments de turbulence existent. Cela ne veut nullement dire qu’ils persisteront. J’ai la conviction qu’entre Brazzaville et Kinshasa, les relations vont se stabiliser. Nous sommes un même peuple et nous avons intérêt à vivre en parfaite harmonie plutôt que divisés », dixit le leader du Moco. Sur l’amnistie accordée à quelques compatriotes, il se félicite de ce dernier développement estimant qu’il est de la latitude de ceux qui en ont le pouvoir d’amnistier qui ils veulent. Cependant, il n’est pas prêt à cautionner l’amnistie d’une personnalité aussi controversée comme Roger Lumbala. Son flirt avec le M23 dont les compatriotes de l’Est ne sont pas prêts à oublier le cauchemar vécu sous son autorité devrait, pense-t-il, dissuader les autorités congolaises à lui refuser l’amnistie. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Tony Bolamba |