Situation des droits de l’Homme au Kasaï : le dernier rapport de l'ONU enfonce Kinshasa

Dimanche 6 Août 2017 - 16:51

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Rejetant les conclusions du dernier rapport du haut commissaire des droits de l'Homme des Nations unies sur la situation au Kasaï, le gouvernement stigmatise cette démarche qui, selon lui, tend à renforcer les suspicions quant à la neutralité de cet organe onusien et la volonté de certaines puissances étrangères hostiles à vouloir l’instrumentaliser pour déstabiliser les institutions congolaises.

Le torchon brûle à nouveau entre le gouvernement congolais et le Haut-commissariat des droits de l'Homme de l'ONU. À la base, un rapport de cette instance onusienne publiée le 4 août et qui charge l’exécutif national de cautionner les violences dans la région du Kasaï perpétrées par des agents de l'État, des milices ou des rebelles. Le communiqué publié à cet effet fait état de quelque 251 personnes dont soixante-deux enfants, tous victimes d'exécutions sauvages entre mars et juin, sans oublier les charniers (près de quatre-vingt) recensés dans cette région trouble de la RDC. L’ONU a, dans ce rapport, stigmatisé la dimension tribalo-ethnique qui entoure ces exécutions sauvages en indiquant que les populations sont souvent ciblées en raison de leur appartenance ethnique. 

Notons au passage que ce rapport s’est fondé essentiellement sur des entretiens menés par les enquêteurs auprès de quatre-vingt seize personnes ayant fui vers l'Angola voisin pour échapper aux violences au Kasaï. Et devant cette situation,  le haut commissaire Zeid Ra'ad al Hussein a adressé un avertissement très sérieux au gouvernement de la RDC, "afin d'agir sans délai pour empêcher que cette violence ne bascule dans un processus de purification ethnique à plus grande échelle". Ce rapport onusien, qui ternit davantage l’image de la RDC sur le plan du respect des droits de l’Homme, a été très mal digéré dans les milieux officiels congolais où l’on s’interroge sur son opportunité à un moment où des investigations sont en cours pour tenter d’établir les responsabilités dans ce feuilleton macabre.

Pour le gouvernement qui a vite réagi via un contre-communiqué, il est prématuré voire inopportun « de publier à ce stade un quelconque rapport sur des témoignages peu crédibles, non vérifiés et recueillis unilatéralement par le Haut commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies auprès des réfugiés ayant fui la crise dans le Kasaï ». Et d’ajouter que pareille démarche tend « à renforcer les suspicions quant à la neutralité du haut commissaire des Nations unies aux droits de l’Homme et la volonté de certaines puissances étrangères hostiles à vouloir instrumentaliser ce dernier pour déstabiliser les institutions congolaises ».

 La RDC déclare s’en tenir aux dispositions pertinentes de la résolution 35-33 du Conseil des droits de l’Homme de l'ONU. Cette résolution prise dans la foulée de la 35e session du Conseil des droits de l'Homme de l’ONU à Genève prescrit au haut commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme dépêcher sur place au Kasaï une équipe d’experts internationaux. Celle-ci est censée travailler en synergie avec l’équipe des experts internationaux et de l’UA dans la compilation de faits et des circonstances afin de les communiquer aux autorités judiciaires de la RDC dans le but de voir les auteurs de ces crimes déférés devant les juridictions compétentes congolaises. La dynamique ayant déjà été enclenchée en exécution de la résolution 35-33, le dernier rapport du haut commissaire Zeid Ra'ad al Hussein apparaît, du point de vue gouvernemental, comme une provocation de plus !             

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

le haut commissaire Zeid Ra'ad al Hussein

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