Secteur public : le portefeuille de l'État très maladeMardi 1 Novembre 2016 - 14:21 La situation générale des entreprises publiques reste extrêmement préoccupante. Comme l’a fait remarquer l’ancien Vice-premier ministre et ministre du Budget, Daniel Mukoko Samba, en marge d’un forum sur les ressources humaines le week-end dernier à Béatrice Hôtel, il n’y a pas d’avenir pour le portefeuille de l’État tant que les politiciens sans expérience managériale continueront à gérer ce patrimoine. Mais en dépit d'un malaise généralisé, il y a aussi des bonnes nouvelles, notamment le dénouement en cours de la crise à l'Office congolais de contrôle (OCC). Dès ce 1er novembre, une trêve va entrer en vigueur après la signature d'un accord entre la direction générale et le Syndicat des travailleurs de cet établissement public. Depuis le 24 octobre, l’œil de la RDC en matière de contrôle de la qualité des produits importés ou fabriqués localement, en l’occurrence l’OCC, a connu une grève. Les travailleurs ont réclamé des arriérés de salaires, variant de quatre mois pour Kinshasa et six mois pour l’intérieur du pays. Comme pour les autres entreprises de l’État, l’OCC compte un nombre important de travailleurs, à peu près 6 000 agents répartis sur l’étendue du territoire national, selon une source indépendante. Au-delà des arriérés, le syndicat des travailleurs de l’OCC a fait état également d'un gonflement exagéré des effectifs malgré la difficulté de trésorerie de l’établissement public. Le lundi dernier, l’accord négocié entre la direction générale et la principale force syndicale de l'OCC, sous la tutelle du ministère du Commerce, a ouvert la voie au paiement d’ici le 15 novembre prochain de deux mois de salaires à Kinshasa et de cinq mois de salaires dans les provinces. Déjà deux mois de salaires seront payés aux travailleurs sur toute l’étendue du territoire national au cours des prochains jours. Tout en confirmant la poursuite des discussions pour la mise en oeuvre d'autres engagements, le secrétariat général du syndicat des travailleurs de l’OCC a annoncé une trêve en vigueur dès le 1er novembre. Si rien n’est fait par rapport aux engagements pris dans le cadre de l’accord, le mouvement reprendra automatiquement, a-t-il mis en garde. Élargir la réflexion au portefeuille de l’État Bien des évènements viennent rappeler la vulnérabilité de l'ensemble du portefeuille de l’État constitué de 20 sociétés commerciales, de 21 établissements publics et quelques services publics. Parmi les objectifs de la réforme de 2008, il y a les efforts à accomplir dans l’assainissement du secteur public, l’amélioration du potentiel de production et de rentabilité ainsi que l’impact sur l’économie nationale, l’organisation et la gouvernance, la qualité des biens et services rendus et enfin le renforcement de la compétitivité. 8 ans après, les résultats se font toujours attendre. Certes, il faut inscrire la réforme dans un processus long mais certaines contraintes continuent à la bloquer. En bonne place, il y a l’implication mitigée des managers et même des syndicats des travailleurs, le manque de financement des investissements et des fonds de roulement, l’insuffisance des moyens pour financer la réforme, le niveau d’endettement excessif des entreprises et l’absence d’une culture des résultats des managers. Le professeur d’économie et ministre honoraire Mukoko Samba s’est offusqué, pour sa part, du temps fou pris pour démarrer effectivement le processus de désengagement de l’État. Huit ans après l’entrée en vigueur de la loi, l’État reste à ce jour l’unique propriétaire de toutes les entreprises. Pour l'expert, les politiciens sont toujours à la manœuvre. L'ancien patron du budget fustige le rôle néfaste des politiciens qui ont trouvé un moyen d’intégrer le portefeuille de l’État dans le partage des responsabilités. À défaut d’un poste au sein du gouvernement, l’on se contente volontiers de la direction d’une entreprise publique. Et à ses yeux, la politisation des entreprises est la pire des erreurs pour le pays. Laurent Essolomwa Notification:Non |