Sanctions occidentales : Kinshasa fait appel à la solidarité africaine

Lundi 3 Juillet 2017 - 18:11

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Outre la paix et la sécurité, les participants au 29e sommet de l’Union africaine, ouvert le 3 juillet à Addis-Abeba, auront également à débattre des sujets ayant trait aux conflits en Afrique, mais aussi à discuter sur la redynamisation de l’organisation panafricaine à la lumière de la tension, déjà perceptible, entre la RDC et ses partenaires occidentaux.  

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 Pendant deux jours, les projecteurs de l'actualité sont tournés vers la capitale éthiopienne prise d’assaut par des chefs d’Etat et de gouvernement des pays membres de l’Union africaine. Ces assises sont d’une grande importance au regard des matières à débattre qui, dans une large mesure, s’inscrivent dans la logique de redéfinition des rapports entre l’Afrique et ses partenaires occidentaux. Le continent noir en quête d’une autonomie financière entend ainsi s’affranchir d’une tutelle occidentale devenue ennuyeuse et asphyxiante en vue de son émancipation. Placées sur le thème de l’investissement dans la jeunesse, ces assises restent toutefois ouvertes à d’autres sujets d’actualité ayant trait aux conflits en Afrique, notamment en Libye, en Somalie et ailleurs avec, en toile de fond, la réforme de l'organisation panafricaine en vue de sa redynamisation.  

La RDC représentée au plus haut niveau avec la présence remarquée du président de la République, Joseph Kabila Kabange, entend aussi jouer sa partition sur le point lié à l’interventionnisme occidental sur le continent, ou mieux sur l’immixtion occidentale dans la crise congolaise. Là-dessus, la RDC dont les relations sont déjà très tendues avec les Occidentaux espère obtenir le soutien d’autres Etats africains contre les sanctions de l’Union européenne et des États-Unis infligées à plusieurs de ses officiels, accusés d’abus sur les droits de l’Homme et d’entrave au processus démocratique.  

C’est donc à un forcing que se livre la diplomatie congolaise qui fait désormais de l’Afrique une de ses nouvelles priorités en cliquant sur le clavier de la solidarité africaine afin d’obtenir gain de cause dans la crise qui s’est installée entre le pays et ses principaux soutiens occidentaux. Sur ce front, la RDC, qui avait déjà expérimenté la force de l’entente parfaite au cours de la 35e session des droits de l’Homme à Genève ayant vu les délégués africains peser sur la décision de la Commission des droits de l’Homme de l’ONU de ne pas initier une enquête internationale sur les violences au Kasaï, entend maintenir la flamme de l‘unité africaine à Addis-Abeba.

Les Etats amis vont sans aucun doute faire front et se liguer contre les sanctions américaines et européennes pour lesquelles l’Afrique cherche à adopter une position allant dans le sens de soutenir la RDC face à l’ingérence occidentale. Le Rwanda, la République du Congo, l’Angola, le Tchad, le Gabon, l’Ouganda, la Guinée Equatoriale et d’autres Etats africains s’inscrivent, d’ores et déjà, dans la logique d’un soutien tous azimuts à la RDC, quand bien même certains îlots démocratiques à l'instar du Cap Vert ou de l’ile Maurice, peuvent toujours prendre le contre-pied de l’aspiration générale. 

En parlant d’une et une seule voix sur le dossier des sanctions américaines et européennes à l’encontre des officiels congolais, il va sans dire que l’Afrique donnera là un signal fort quant à son désir d’affranchissement réel vis-à-vis de l’ingérence occidentale dans les affaires relevant de la souveraineté de ses Etats. Depuis juin 2016, dix-sept personnalités au pouvoir ont été progressivement inscrites sur la liste des sanctions individuelles (gel d’avoirs et interdiction de visa) édictées par l’Union européenne et les États-Unis. Celles-ci se sont d’abord focalisées sur les principaux dignitaires de l’appareil sécuritaire jusqu’à inclure par la suite plusieurs responsables politiques.         

 

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Joseph Kabila et ses homologues africains à l'ouverture du sommet

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