Retour à l’ordre constitutionnel : Dr Denis Mukwege prône la résistance pacifiqueMercredi 5 Juillet 2017 - 18:52 Le médecin gynécologue Denis Mukwege a exprimé recemment son “inquiétude” face à la multiplication des foyers des tensions et d’insécurité dans plusieurs coins de la République démocratique du Congo. La situation sécuritaire du pays est alarmante. Un peu partout, des foyers de tension se déclarent. Le Dr Denis Mukwege n’entend pas observer la langue de bois face à ce qu’il considère comme une politique de terre brulée qui ne dit pas son nom et dont les desseins cachés seraient aux antipodes des intérêts du peuple congolais. Le constat que ce gynécologue fait de l’état de la nation est simplement chaotique. Depuis son hôpital de Panzi à Bukavu où il s’est exprimé le 4 juillet dans le cadre d’une conférence de presse, le médecin a dit tout haut ce que dans certains milieux on dit, peut-être, à voix basse. Pour lui, la résurgence des conflits armés, des massacres et autres formes de violences déplorées notamment au Kasaï, au Kivu et dans l’ex-Katanga serait entretenue dans le but d’empêcher l’organisation des élections cette année conformément à l’accord de la Saint-Sylvestre. « Les rébellions poussent partout comme des champignons, les portes des prisons sont ouvertes occasionnant des évasions massives pour malheureusement alimenter ces mouvements inciviques. Le minimum serait de savoir qui seraient derrière ces rébellions ? À qui profitent ces crimes ? Nous avons vraiment besoin de comprendre pourquoi ces mouvements armés, quel est l’intérêt et quel est leur objectif ? », s’était-il interrogé. Cette multiplication des foyers de tension l’inquiète. Alors qu’on n’a pas encore fini avec le Kasaï qui reste néanmoins une zone trouble malgré l'accalmie précaire de ces dernières heures, Dr Denis Mukwege ne s’explique pas qu’au même moment l’on annonce l’arrestation d’une dizaine de combattants burundais armés dans les montagnes d’Uvira au Sud-Kivu, précisément dans la localité de Lubarika. « Pourquoi sont-ils dans le plateau ? Que font-ils là ? De qui tiennent-ils leur mandat ? Pourquoi les députés de ce coin ne disent rien ? Pourquoi le gouvernement reste dans un silence qui ne dit pas son nom ? Le HCR en sait-il quelque chose ? », s’est-il interrogé. Il a stigmatisé par ailleurs le silence coupable du gouvernement estimant qu’il en serait pour quelque chose dans la dégradation de la situation sécuritaire notamment à Beni, Uvira, Fizi, Katanga ou au Kasaï. « (…) Vous allez vous rendre compte qu’il y a toujours des personnes influentes du pouvoir ou très proches du pouvoir qui sont originaires de ces endroits. Tous ces massacres sont-ils des rites pour accéder au pouvoir ou des faits de hasard ? », a-t-il commenté. Sans ambages, il a tiré ses conclusions. Le pouvoir ne veut pas des élections et serait en train de chercher des prétextes pour se dédouaner, se convainc-t-il. Et d’asséner : « N’avons-nous pas appris que nous ne pouvons pas aller aux élections dans le contexte des conflits aux Kasaï ou sans les Kasaïens ? Cela semble très juste. Un bel argument d’ailleurs pour reporter les élections indéfiniment. Mais nous avons besoin des élections apaisées. Avons-nous vraiment besoin de cette politique de terre brûlée ? Et si le Kivu s’embrase encore, n’est-ce pas là un autre argument pour renvoyer les élections aux calendes grecques à cause de l’insurrection armée complexe ? ». Pour faire face à la situation, la résistance pacifique serait, d’après lui, la seule alternative plausible pour recouvrer l’indépendance effective. D’où son appel à la population congolaise et particulièrement aux jeunes qu’il invite à résister pacifiquement en adhérant aux activités du collectif des actions de la société civile congolaise. Alain Diasso Légendes et crédits photo :Dr Denis Mukwege Notification:Non |