Retombées d’un arrêté ministériel : surchauffe sur le marché du ciment gris

Mercredi 20 Juillet 2016 - 18:30

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La décision du ministre de l’Économie de suspendre l’importation du ciment gris pour trois mois dans la partie ouest du pays est à la base de la spéculation entretenue actuellement sur le prix de ce produit notamment à Kinshasa.    

Depuis la signature, le 19 juillet, de l’arrêté du ministre de l’Économie interdisant pendant trois mois toute importation du ciment gris, des barres de fer et du sucre dans la partie ouest du pays (Kinshasa, Kongo central et l’ex-Bandundu), la spéculation sur les prix de ces produits a repris son cours au grand dam des consommateurs. Bien que Modeste Bahati ait justifié sa décision par la nécessité de lutter contre la fraude qui, selon lui, constitue une menace sérieuse sur l’industrie nationale, les conséquences sur le plan social sont énormes. Plusieurs chantiers notamment dans la ville de Kinshasa ont dû fermer faute d’approvisionnement en ciment dont le prix a, depuis lors, connu une hausse de 5%, voire de 10% à certains endroits.

Le sac de 50 kg se vend désormais à Kinshasa à 15.000 FC soit 15, 69 dollars contre 10.000 FC équivalant à 10,46 dollars auparavant. Cette fluctuation a déstabilisé de nombreux foyers et, surtout, les gagne-petit qui espéraient profiter de la baisse du prix du ciment gris pour construire. Avec ce renchérissement presqu’inattendu, la désillusion est totale d’autant plus qu’il faudra revoir le budget pour être en phase avec la nouvelle donne imposée par l’arrêté du ministre. C’est dire que pendant trois mois durant, le ciment en provenance d’Angola dont raffolaient les Kinois en raison de sa qualité n’aura plus accès dans la capitale.

Ayant sans doute mesuré le danger que renferme cette mesure jugée inadéquate et improductive par les membres du patronat congolais, le gouverneur du Kongo central a finalement autorisé l’entrée dans sa province des camions-remorques chargés des sacs de ciment gris en provenance de Luanda via le poste de Lufu. Une mesure salutaire qui a permis non seulement de décongestionner les postes frontaliers, notamment celui de Lufu, où étaient bloqués lesdits camions mais aussi de rétablir la paix sociale mise à mal par la décision du ministre. Seules les importations en cours bénéficiaires d’une dérogation et en règle avec le fisc ont été autorisées d’accès au Kongo central, a-t-on appris. « Les autres importateurs doivent remplir les formalités conformément aux textes légaux, en payant aussi la taxe de la DGDA pour le compte de la province », a déclaré le gouverneur Jacques Mbadu.

Une bien maigre consolation qui ne résout pas la problématique que pose la forte spéculation entretenue actuellement sur le prix du sac de ciment sur fond d’une demande sans cesse croissante difficile à résorber à cause de la faible production locale. Dans les milieux concernés, une demande expresse est faite au ministre Modeste Bahati pour qu’il annule simplement son arrêté qui ne cadre pas avec la réalité du terrain.

Alain Diasso

 

Alain Diasso

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