Retombées de la marche du 21 janvier : climat de peur dans les paroisses catholiques

Mardi 6 Février 2018 - 16:30

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Par ces temps qui courent, les prêtres catholiques ne se hasardent plus à  s’afficher comme tel ou à faire prévaloir leur statut religieux.

 

http://fr.africatime.com/sites/default/files/styles/large/public/photo-articles/2018/f%C3%A9v/000_vn14o_0.jpg?itok=ODBz2OhtPrêtres et religieux disent vivre dans un climat de peur depuis les premières marches soutenues par l'Eglise catholique, le 31 décembre, sur fond de bras de fer avec les autorités. Le contexte social  délétère dans lequel ploie désormais le pays ne leur permet plus de prendre une telle liberté au risque de subir des représailles. Dans le milieu ecclésiastique, en effet, un sentiment d’insécurité s’y est installé.

A Kinshasa, les paroisses sont presque désertées par des curés, craignant pour leur vie, au grand dam des fidèles plutôt résignés. Depuis la fameuse marche réprimée du 21 janvier, prêtres et autres responsables religieux affirment vivre dans une profonde psychose sur fond d’un bras de fer entre l'Eglise et les autorités. Devenus la cible des forces de sécurité, la plupart des prêtres catholiques se sont imposés des restrictions pour ne pas s’exposer à la furie des hommes en uniforme décidés d’en découdre avec eux. Plusieurs ne passent plus la nuit dans leurs paroisses respectives, craignant des visites impromptues des hommes armés.  

Le fait qu’un prêtre a été appréhendé, le 3 février, à la fin de la messe dans une paroisse située à la périphérie kinoise par des hommes armés non autrement identifiés avant d’être libérés quelques heures plus tard par les renseignements généraux, n’a fait qu’accroître le sentiment d’insécurité au sein du milieux des  prélats. Ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer, tant leur inquiétude est immense. « Je me sens en insécurité avec des visites de personnes non identifiées, qui me cherchent. Parfois, elles se trompent d'adresse. Le 29 janvier, c'était la cérémonie de purification de l'église-paroisse Saint-Kisito. A la fin, je ne voulais pas sortir, et tout le monde l'a bien vu, parce qu’à l'extérieur, des gens suspects me cherchaient. Je ne connais pas leur but, mais je pense que c'est de m'avoir physiquement, et tout le monde est en alerte dans cette affaire », a témoigné sur une chaîne périphérique, un curé de Kinshasa.

Des prêtres menacés au téléphone

Ils sont nombreux à vivre cette situation d’insécurité qui accroît chaque jour un climat de peur permanent. Difficile dans ces conditions d’exercer son sacerdoce. Certains prêtres affirment être constamment menacés au téléphone par des inconnus qui leur promettent le pire. « Personnellement, je suis menacé. Je reçois des appels, des menaces. Par exemple, dimanche dernier, juste après la messe, deux mamans ont surpris un monsieur qui était en train de dire, menaçant : "ce prêtre-là, je vais le faire disparaître dans deux jours », raconte L'abbé Placide Okalema.

Nonobstant toutes ces menaces, la détermination des responsables religieux d’en finir une fois pour toute avec le pouvoir en place ne faiblit pas. Bien au contraire, la tendance est à la consolidation des énergies, de sorte que, dans une synergie de lutte commune, la cause religieuse prenne le dessus sur des considérations d’ordre politicien. Plus que jamais, les prêtres catholiques sont convaincus de la justesse de leur combat, et n’entendent pas baisser les bras. « On voudrait que les gens soient silencieux. Et nous, parce que nous parlons, nous devenons l'objet d'insécurité. Mais, malgré toutes ces menaces, nous n'avons pas peur », lâchent-ils à qui veulent les entendre.

C’est sur ces entrefaites qu’une nouvelle messe sera dite - à l’initiative du Comité laïc de coordination - le 9 février, à la cathédrale Notre- Dame-du-Congo, en mémoire des victimes de la marche pacifique du 21 janvier. Et tout naturellement, prêtres et curés seront de la partie pour marquer leur engagement à accompagner les laïcs catholiques dans le processus de libération du peuple congolais dont l’application intégrale de l’accord du 31 décembre 2016 constitue une première étape.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Des prêtres officiant une messe dans une paroisse à Kinshasa

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