Retard dans l'inhumation d’Étienne Tshisekedi : le gouvernement et la famille se rejettent la responsabilité

Dimanche 6 Août 2017 - 17:15

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Tout aujourd’hui semble se cristalliser autour de l’existence d’un prétendu communiqué conjoint que les parties prenantes à ces discussions étaient convenus de signer pour fixer la date du rapatriement et du lieu d’exposition de la dépouille. Fictif d'après le gouvernement et réel selon l'UDPS.   

Des jours et des mois continuent à s’égrener sans qu’une solution définitive ne soit trouvée quant au rapatriement à Kinshasa de la dépouille d’Étienne Tshisekedi en vue de son inhumation. Plus de six mois après le décès du « lider maximo » à Bruxelles, la situation n’a pas beaucoup évolué. Tous les espoirs suscités par les dernières tractations ayant mis autour d’une table les délégués du gouvernement d’un côté et de l'autre, les représentants de la famille biologique du disparu et du parti (UDPS), se diluent désormais dans les méandres des incertitudes. Tous ceux qui avaient salué le rapatriement imminent du corps de « Ya Tshitshi » à la lumière des conclusions ayant sanctionné cette fameuse Tripartite devront dorénavant déchanter. Le compromis trouvé notamment autour du lieu de sépulcre, précisément dans une concession familiale à Nsele, s’est finalement limité à un simple effet d’annonce sans aucune concrétisation. Qu’est-ce qui bloque finalement ? pourrait-on s’interroger lorsqu’on sait que les deux camps (gouvernement et UDPS) sont parvenus à évacuer leurs contradictions pour faciliter le rapatriement sans casse de la dépouille d’Étienne Tshisekedi.

Tout aujourd’hui semble se cristalliser autour d’un communiqué conjoint que les parties prenantes à ces discussions étaient convenus de signer pour fixer la date du rapatriement et du lieu d’exposition de la dépouille. Pour l’UDPS et la famille, c’est le gouvernement qui bloque le processus du rapatriement du corps d’Étienne Tshisekedi. Mgr Gerard Mulumba, représentant de la famille, évoque le refus de l’autorité politique à signer le document devant sanctionner les discussions déjà entamées. Il en fait porter le chapeau au ministre de l‘Intérieur, Ramazani Shadari, qui, d’après lui, ne ferait montre d’aucun empressement pour conclure ce dossier. « Le ministre Shadary nous a fait attendre lors de son déplacement à l’intérieur du pays pour des raisons d’État mais, après, il est revenu et, jusqu’aujourd’hui, il n’a plus appelé (…). C’est eux qui sont responsables de cette situation. Je ne sais pas pourquoi ils font ça, ils nous ont roulés », a-t-il expliqué. 

Dans les milieux de l'UDPS, on stigmatise la mauvaise foi du gouvernement qui redouterait l'affluence humaine que pourrait drainer le cortège funèbre d’Étienne Tshisekedi dans les rues de Kinshasa avec le risque de déraper vers une insurrection. Et avec le contexte politique délétère actuel caractérisé notamment par l’activisme outré des mouvements citoyens dans la capitale, autant dire que le rapatriement de la dépouille du « vieux lion » n’est pas pour demain. Le gouvernement a certes de bonnes raisons de craindre un éventuel débordement qui mettrait en difficulté les forces de sécurité. mais ici il y a lieu d’indiquer que la volonté politique n’y est presque pas, se convainquent nombre d’analystes.  Le gouvernement qui a une autre lecture des faits charge l’UDPS qu’il tient pour responsable du retard pris dans l’organisation des funérailles d’Étienne Tshisekedi. Les atermoiements du parti et de la famille notamment sur le lieu d’enterrement (Siège de l'UDPS, cimetière de la Gombe, Palais du peuple, etc.) sur fond d’un bras de fer avec le gouvernement se sont révélés une perte de temps et d’énergies, constate-t-on.

Dans la foulée, la guéguerre entre les membres du Rassemblement dont certains voulaient marginaliser d’autres dans l’organisation desdites obsèques avec, à la clé, la lutte de positionnement suscitée par la présidence du Conseil de sages de la plate-forme, s’est aussi avéré un véritable gâchis. Cela fait près de six mois qu’on tourne en rond. Ce qui donne des ailes au gouvernement qui s’est permis de pointer un doigt accusateur sur l’UDPS et ses alliés de l’opposition. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement par la voix de son porte-parole, a nié l‘existence d’un quelconque document à signer pour sanctionner les discussions entre les parties.

Lambert Mende accuse les cadres de l’UDPS de multiplier des incidents pour continuer à politiser ces funérailles. « Moi, je ne connais pas de document qui peut conditionner le rapatriement d’un Congolais mort à l’étranger. Dès le moment où il y a une attestation de décès et la facilité pour transporter le corps de l’extérieur jusqu’au Congo, il n’y a pas besoin d’un troisième document. Il n’y a pas de document qui doit être signé », a-t-il martelé, rajoutant à la confusion. Du berger à la bergère, Mgr Gerard Mulumba a aussitôt réagi : « C’est le gouvernement qui refuse de signer le document qui doit sanctionner les discussions déjà entamées, mais il refuse de le faire ». À tout prendre, personne ne veut porter devant l’histoire, la responsabilité du retard dans l’organisation des obsèques d’Étienne Tshisekedi faisant davantage souffrir sa veuve Marthe Kasalu. Soumise aux obligations coutumières kasaïennes qui exigent que la veuve reste retranchée jusqu’à l’inhumation de son mari décédé, la pauvre femme continue de vivre stoïquement sa situation. À quand le rapatriement du corps d’Étienne Tshisekedi ? Question à mille inconnues.  

               

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Hommage rendu à Etienne Tshisekedi à Bruxelles

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