Processus électoral : des ONG évaluent la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-SylvestreVendredi 11 Août 2017 - 21:55 Cet exercice met en exergue les avancées enregistrées et les obstacles à l’application intégrale dudit Accord ainsi que leur incidence sur la réalisation de l’objectif principal de l’Accord, à savoir l’organisation des élections dans le délai convenu pour le retour à l’ordre constitutionnel. Des organisations de la société civile (OSC) réunies au sein du groupe de travail des OSC de la RDC ont publié, le 10 août, le Sixième rapport de cette plate-forme intitulé « Mise en œuvre de l’Accord politique de la Saint-Sylvestre : où en sommes-nous sept mois après et quelles perspectives ? ». Le rapport du groupe de travail a tenté d’identifier les défis auxquels la mise en œuvre intégrale de l’Accord politique du 31 décembre 2016 est confrontée d’établir les responsabilités, avant de formuler quelques recommandations visant à relancer le processus politique en perspective des échéances électorales de décembre 2017. À l’issue de l’analyse de la situation sur le terrain, en la comparant aux engagements pris par différentes parties de cet accord, les OSC ont noté dans ce rapport que la mise en œuvre de l’Accord de la Saint-Sylvestre a été pour les sept mois écoulés laborieuse, voire calamiteuse. Le coordonnateur du RRSSJ, Me Emmanuel Kabengele, cité dans le communiqué rédigé à l’issue de ces travaux, a affirmé que dans le contexte actuel du pays, « le consensus politique découlant de cet Accord a été brisé, la bonne foi s’est envolée et a cédé la place à la loi du plus fort ; ce qui replonge le pays et sa population dans les incertitudes d’avant décembre 2016 ». Une responsabilité partagée Le vice-président du Centre de recherches et d’études sur l’État de droit en Afrique (Crééda), Me Joseph Cihunda, estime par ailleurs que « la responsabilité de cette situation est partagée entre toutes les parties prenantes à l’Accord dont la majorité présidentielle au pouvoir, abusant de sa position dominante, et l’opposition politique, morcelée et incapable d’avoir une position commune, ainsi qu’une frange de la société civile sans voix audible, alignée de gré ou de force sur l’une ou l’autre force politique en présence ». Pour Me Sylvain Lumu, de la Ligue des électeurs (LE), « la mise en œuvre laborieuse voire calamiteuse de l’Accord de la Saint-Sylvestre est révélatrice de la nature réelle de la crise politique en RDC ». De son avis, cette crise est « essentiellement une crise éthique ou une crise de l’Homme congolais ». Cette situation, a-t-il souligné, permet aussi de sortir de ce qui paraît comme étant une « naïveté collective de bonne foi » ou un abus de la bonne foi dans laquelle la majorité de Congolais se sont encastrés en croyant aux discours officiels des acteurs politiques. Un consensus politique à nouveau rejeté Les signataires du rapport ont regretté que la recherche d’un consensus politique global, après avoir été présentée comme la voie de sortie de la crise électorale, soit à nouveau rejetée par les acteurs politiques, « qui s’y écartent pour assouvir leur soif effrénée du pouvoir et d’argent facile, au mépris de leurs engagements et du respect dû au peuple congolais ». À l’issue de ces travaux, les signataires du rapport ont notamment recommandé aux parties prenantes de dégager un consensus pour la redéfinition de la séquence électorale, en privilégiant l’élection présidentielle facile à organiser, en tenant compte du temps restant et ce dans le respect des mécanismes prévus dans ledit Accord. Ils les ont également exhortées à procéder à l’audit de la gestion des fonds alloués à la Céni pour la conduite des opérations électorales et à évaluer ses performances. Il est rappelé que ce rapport du 10 août est le sixième de la série des rapports que publie le groupe de travail sur le processus de paix vu par les constituants comme un « laboratoire » de production d’analyses indépendantes en vue d’influer positivement sur les politiques publiques nationales et internationales. Ce groupe est composé des experts congolais des organisations de la Société civile intéressées au processus de paix dont le Réseau pour la réforme du secteur de sécurité et de justice, l’Action contre l’impunité pour les droits humains, le Crééda, le Centre pour la gouvernance et la LE. Lucien Dianzenza Notification:Non |