Procès Mamadou Ndala : un témoin-clé meurt quelques heures après sa déposition

Jeudi 2 Octobre 2014 - 18:45

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En attendant que les juges ne se prononcent sur cet incident qui laisse libre cours à toute sorte de spéculations, d’aucuns pensent déjà à une tentative d’étouffer la vérité sur les circonstances exactes de la mort du colonel défunt.

À peine qu’il vient de commencer, le procès Mamadou Ndala vient d’être secoué par la disparition le 2 octobre du chauffeur du défunt commandant du quarante-deuxième bataillon commando des Fardc, le sergent-major Ngabu. Ce dernier avait pourtant comparu la veille à l’ouverture du procès et semblait visiblement très mal au point. D’après des sources sur place, c’est avec peine qu’il avait gravi les marche de la tribune du 8 mars où se déroule le procès, escorté par deux policiers. Renseignement pris, l’intéressé qui était très affaibli aurait piqué une crise subite dans la nuit de mercredi qui avait fini part l’emporter. De quoi est-il mort ? Personne ne sait pour l’instant le dire avec précision. « Il était malade et ne prenait plus des médicaments », susurre-t-on dans les milieux concernés. Cependant, l’avocat du sergent-major Ngabu avait remis jeudi matin à la Cour militaire opérationnelle du Nord-Kivu qui siège à Beni l’attestation du décès de son client.

En attendant que les juges ne se prononcent sur cet incident qui laisse libre cours à toute sorte de spéculations, d’aucuns pensent déjà à une tentative d’étouffer la vérité sur les circonstances exactes de la mort du colonel Mamadou Mustapha Ndala. Leur conviction est renforcée par la déposition du défunt chauffeur qui, contre toute attente, était revenu sur la version des faits qu’il avait donnée au procureur général au moment de l’enquête. Il aurait renié le fait que la jeep du colonel assassiné avait pris feu au moment de l’attaque affirmant avoir soutenu cette thèse sous pression et à l’absence de son avocat. Il a, par ailleurs, reconnu avoir conservé le téléphone portable de l’officier assassiné après cet attentat. Sans doute que le sergent-major Ngabu accusé, à l’instar d’autres prévenus d’avoir livré des informations sur le mouvement du général, représentait dans cette affaire, un témoin-clé de qui l’on pouvait tirer énormément d’indications sur ce nébuleux crime. Il était d’ailleurs le seul à avoir comparu lors de la première audience de mercredi portant essentiellement sur la confirmation des charges pour chaque accusé.   

 Le procès, quant à lui, se poursuit sans anicroche, comme si rien ne s’était passé. Une douzaine des personnes défilent devant la barre sur les vingt et une en détention. Neuf autres sont en fuite à l’instar du patron des rebelles ougandais des ADF. Quelques cadres militaires de la région se retrouvent également sur le banc des accusés à l’image du colonel Idelphonse Ngabo en charge des renseignements et de l’ancien comandant de ville BizuruNgabo Tito.

Pour rappel, le colonel Mamadou Ndala, commandant de la brigade commando URR (Unité de réaction rapide) a été tué le 2 janvier dans une embuscade tendue par des hommes armés non encore identifiés dans le village appelé Ngadi, entre l’aéroport de Mavivi et Beni-ville, dans le Nord-Kivu. Le véhicule dans lequel il voyageait avait été calciné après avoir été atteint par un tir de roquette.

Alain Diasso

Légendes et crédits photo : 

Le sergent-major Ngabu à son arrivée à la tribune du 8 Mars