Première : une conférence des chômeurs et des précaires au Vatican !Mardi 28 Octobre 2014 - 18:30 Venus des cinq continents les travailleurs précaires, les mal-payés ou les pas-du- tout payés et les sans-travail se réunissent en congrès autour du pape Il n’y a sans doute pas eu dans l’histoire beaucoup de réunions où les chômeurs et les travailleurs précaires aient pris la parole pour eux-mêmes ! Les instances internationales multiplient les assemblées d’experts. Il y est toujours brassé des questions et de concepts décrivant la situation de ceux qui sont sans travail ; de parler d’eux à leur place ; de projeter à l’ordinateur ce qu’il faut faire pour eux. Le Vatican a voulu combler une lacune en ne se substituant pas à ceux qui vivent les situations de précarité les plus diverses. Et il n’est sans doute pas étonnant que l’idée soit née dans la tête d’un haut-prélat africain, le cardinal ghanéen Peter Kodwo Appiah Turkson, en charge au Vatican du Conseil pontifical (ministère) Justice et paix. C’est lui qui a eu l’idée de ce congrès pudiquement appelé « Rencontre mondiale des Mouvements populaires ». Le cardinal a expliqué que l’inspiration lui en est venue du pape François lui-même qui, à plusieurs reprises, a stigmatisé le fait que les nations pouvaient courir tout de suite sauver des banques en faillite, mais traîner les pieds dès qu’il était question de sauver des vies humaines.
« Sa constante préoccupation pour accompagner la lutte et les efforts des exclus a poussé à la tenue de cette rencontre. Nous souhaitons porter vers Dieu, vers l’Eglise et vers le monde les voix de ceux qui sont sans voix », a-t-il indiqué au cours de cette rencontre de trois jours ouverte lundi. Dans l’assemblée des participants on compte bon nombre de personnes vivant des situations d’injustice flagrante, tels les paysans sans terre d’Amérique du Sud. Même M. Evo Morales, premier amérindien à devenir président en Bolivie, prend part à cette rencontre.
Aussi n’est-il pas étonnant qu’en rencontrant ces personnes ce mardi, le pape François ait dénoncé le fait que le monde contemporain passait résolument à côté de réalités qui perpétuent le mal par des solutions maladroites et peu soucieuses de l’homme. « Notre rencontre répond à un désir très concret qui devrait être accessible à tous mais qui malheureusement s'éloigne toujours un peu plus pour la majorité : une terre, un toit et un travail », a expliqué le pape. « Une terre, un toit, un travail, pour lesquels vous vous battez, sont des droits sacrés. Les réclamer n'a rien d'inédit, c'est la doctrine sociale de l'Eglise », a relevé le pape argentin. « C'est étrange mais si j'en parle, il en ressort pour certains que le pape est communiste », a-t-il ajouté. Il s’agit seulement de « remettre la dignité de l'homme au centre et de construire sur ce pilier les structures sociales de substitution dont nous avons besoin », a-t-il soutenu. Pour lui, « il faut le faire avec détermination, mais aussi avec intelligence. Avec ténacité, mais sans fanatisme. Avec passion, mais sans violence ». Voilà qui semble résumer en quelques mots la pensée et la démarche personnelles d’un pape qui a suscité quelque perplexité dans les milieux conservateurs où certains continuent de se demander s’il est communiste ou s’il pousse seulement à une lecture contemporaine du message de la Bible sur l’homme. Lucien Mpama |